jeudi 8 novembre 2012

Saint Emillion

Saint-Emilion est une magnifique ville médiévale entièrement protégée par les Monuments Historiques et présentant un paysage unique de monoculture de la vigne. Elle attire chaque année de très nombreux visiteurs qui ne sont pas étrangers à la renommée mondiale du vin qu’elle produit. La région officielle de production viticole de Saint-Emilion couvre huit communes : Saint-Emilion, Saint-Christophe des Bardes, Saint-Etienne de Lisse, Saint- Hippolyte, Saint-Laurent des Combes, Saint-Pey d’Armens, Saint-Sulpice de Faleyrens et Vignonet. Elles font partie de l’ancienne juridiction de Saint-Emilion établie au XIIème siècle par Jean sans Terre, roi d’Angleterre, et inscrite sur la Liste du Patrimoine mondial par l’UNESCO.
Elle est délimitée au Nord par la Barbanne, un affluent de l’Isle, au Sud par la Dordogne, à l’Ouest par la région de Pomerol et Libourne, à l’Est par la région des Côtes de Castillon.

Le terroir,

Fondamental en Bordelais, est l'alliance des composantes du climat et des sols, conférant au raisin et donc au vin, un caractère unique, exceptionnel et reconnaissable. Situé sur le 45e parallèle, à égale distance du pôle Nord et de l'Equateur, la région de Saint-Emilion bénéficie du climat océanique tempéré du Bordelais, avec des nuances presque méditerranéennes dont témoignent les magnifiques chênes verts qui s'élèvent en bordure du plateau. Ce climat est marqué par des écarts de températures modérés entre la saison estivale et hivernale, une moyenne annuelle oscillant autour de 12,8 C, des précipitations bien réparties sur toute l'année fournissant une moyenne annuelle de 795 mm d'eau. D'avril à octobre, le bilan climatique global y est particulièrement excellent pour la vigne avec des étés souvent chauds et de belles arrières saisons : avec le climat le plus continental du Bordelais (donc le plus chaud) et la protection de la Dordogne et de l'Isle, Saint-Emilion bénéficie d'un moindre risque de gelées et d'étés indiens propices à une bonne maturation des raisins. Ce microclimat reste cependant soumis aux conditions générales des variations climatiques. D'une année sur l'autre, la différence des températures et des précipitations peut être importante.
Quatre zones principales :

Un plateau, constitué d’une succession de strates calcaires à astéries s’entrecroisant dans le paysage, qui s’étend tout autour de la ville de Saint-Emilion et sur une partie des communes de Saint-Christophe des Bardes, Saint-Hippolyte et Saint-Etienne de Lisse. En surface, le calcaire s’est transformé en un sol de cailloutis d’éclats calcaires mêlés à de l’argile de décalcification. Sur ce plateau, on rencontre différents types de sols :

- à l'ouest de la cité de Saint-Emilion, les sols calcaires, peu épais et de texture légère (le plus souvent sablo-limoneuse).
- à l'est de Saint-Emilion on trouve essentiellement des sols argilo-calcaires, peu lourds et peu épais.
- au centre du plateau, sur une partie des communes de Saint-Christophe-des-Bardes, Saint-Hippolyte et Saint-Etienne-de-Lisse, la couverture limono-
argileuse dépasse 250 cm.
Sol brun sableux sur couche d'argile

Autour de ce plateau, la molasse du Fronsadais (oligocène) affleure sur les pentes généralement plus accentuées au sud et à l'ouest qu'au nord. Elle porte, le plus souvent des sols calcaires, dont la texture est fréquemment argilo-limoneuse. Dans la partie nord de Saint-Christophe-des-Bardes, le relief est assez marqué ; des sols argilo-limoneux et limoneux (non calcaires) se sont développés sur des molasses remaniées.
Sol sablo-graveleux

Le nord-ouest de l'appellation est couvert par une nappe sableuse (alluvions quaternaires) qui renferme, localement, un niveau sablo-argileux. Par endroits, les sous-sols présentent une teneur en argile extrêmement élevée. A proximité de Pomerol (terrasse de Figeac), on rencontre une série de croupes graveleuses.
Sol argilo-calcaire

Au sud (vallée de la Dordogne), des alluvions quaternaires, constituées de graves, sables et limons se répartissent de façon diversifiée :
- au pied du coteau, à Saint-Emilion et à Saint-Laurent- des-Combes, les sols sont sableux (siliceux) et profonds. A Saint-Etienne-de-Lisse et Saint-Hippolyte, la texture des sols du "pied de côte" est plus fine (argileuse ou limono-argileuse).
- au centre de la plaine alluviale, les sols (sableux) sont peu profonds.
- plus près de la Dordogne (de Libourne en passant par Saint-Sulpice-de-Faleyrens, jusqu'à Vignonet) s'étend une ceinture de sols gravelo-sableux.
Sol brun calcaire (sablo-limoneux) sur calcaire à astéries

Les côtes argilo-calcaires assez raides qui entourent le premier plateau et s’étendent vers la Barbanne au Nord et la Dordogne au Sud. Sur les versants, les cailloutis ont été entraînés par gravité. Mêlés à la molasse du Fronsadais et à des sables éoliens, ils constituent de très bons sols parfaitement drainés. On peut identifier deux types de pentes composées d’éboulis : celles du nord, douces et entrecoupées de vallées et celles du sud, abruptes et plongeant dans la vallée de la Dordogne formant des vallées concaves. Cet ensemble produit des vins communément appelés les côtes. La zone aux pentes fortes, exposées plein sud et présentant des sols parfaitement équilibrés constitue la région la plus riche en Grands Crus tels que Ausone, Beauséjour, Bel-Air, Canon, Fourtet...

La terrasse de graviers et de sables argileux, composée des anciennes alluvions de l’Isle, qui s’étend au Nord-ouest, vers les communes de Pomerol et de Libourne et produit des vins dénommés graves ou sables. Citons deux châteaux réputés : Cheval Blanc et Figeac.

Les exploitations viticoles de l’aire Saint-Emilion sont encore très familiales. Elles représentent presque un millier de domaines et sont de taille relativement faible de l’ordre de 7 hectares en moyenne. Le Château Ausone se distingue par la présence de caves sous ses vignes. Le château Cheval Blanc, quant à lui, est une maison soignée située au milieu d’un verger et qui ne laisse présager en rien la gestion d’un domaine de 35 hectares de vignes avec une prédominance des cépages Cabernet franc.

L’HISTOIRE

Le vignoble de Saint-Emilion est le plus ancien de la région bordelaise. Le premier vignoble fut planté en 275 avant J.C. par Valerius Probus sous l’occupation romaine. Il l’obtint en greffant de nouvelles variétés de vignes sur la Vitis biturica qui poussait à l’état sauvage dans la région. C’est au cours du IVème siècle après JC qu’il acquit une renommée indéniable grâce au poète Ausone.

Les XIIème et XIIIème siècles ne démentent pas cette renommée et la qualité des vins de Saint- Emilion. Les vignobles produisaient en effet des vins honorifiques qui étaient présentés en cadeaux aux rois et aux personnalités importantes. Ils étaient contrôlés par une commission spéciale, la Jurade, qui accordait ou non cette appellation.

Au XVIIIème siècle, la demande des consommateurs flamands engendra un accroissement de l’activité viticole et une reconnaissance accrue des vins de la région. En effet, la qualité des vins de Saint-Emilion permettait leur transport par bateau sans qu’ils tournent au vinaigre.
Ils obtinrent, en 1867, la médaille d’or de l’Exposition Universelle. Lors de l’édition de 1889, la plus haute distinction leur fut décernée : le Grand Prix Collectif.
TYPICITE DE L’ARCHITECTURE DE SAINT-EMILION

L’architecture et les monuments de Saint-Emilion sont marqués non seulement par son passé médiéval et Renaissance mais aussi par sa tradition viticole. On peut admirer les châteaux et demeures seigneuriales de différentes périodes ainsi que les « châteaux » des vignobles. Ils sont situés au centre de leur domaine.

Les châteaux Ausone et Canon datent du XVIIIème siècle, les châteaux Cheval Blanc et Mondot du début du XIXème. Ils sont de style classique, sobre tandis que les plus récents, datant de la fin du XIXème début XXème siècle, tels que le château La Gaffalière, sont plus extravagants.

Les chais ont en général été construits dans les villages constitués de maisons de pierres datant du début du XIXème siècle et habitées par les ouvriers agricoles. Ce sont de grandes structures rectangulaires en général en pierre avec des toits de tuiles. Les galeries d’extraction majestueuses servent souvent de caves. Elles se situent au sein des domaines comme celles du château Ausone dans lesquelles on marche en ayant l’impression d’avoir des vignes qui s’enfoncent dans le plafond. La célèbre église de Saint-Emilion est également une cave creusée dans la roche calcaire comme la plupart d’entres elles.

CLASSEMENT DES VINS DE SAINT-EMILION
Depuis 1954, la région viticole de Saint-Emilion a son propre classement officiel des vins produits au sein des Saint-Emilion Grand Cru : Premier Grand Cru Classé, Grand Cru Classé Grand Cru et Saint-Emilion (sans autre indication).
La classification Grand Cru Classé regroupe aujourd’hui 55 châteaux. La classification Premier Grand Cru Classé est divisée en deux groupes A et B. Le groupe A comprend les fameux Châteaux Ausone et Cheval Blanc, le groupe B compte 11 domaines : Angélus, Beau-Séjour Bécot, Beauséjour, Bel-Air, Canon, Figeac, La Gaffelière, Magdelaine, Pavie, Trottevieille et Clos Fourtet. Ce classement est révisable tous les dix ans.
A noter : aucun viticulteur de Saint-Emilion, élu ou non du Syndicat Viticole de Saint-Emilion, ne participe aux travaux de la Commission de Classement.

DES BULLES A SAINT-EMILION
Depuis 1892, les Cordeliers perpétuent la tradition d'élaboration du Crémant de Bordeaux, un vin vif, élégant aux arômes de fruits blancs, aux bulles fines et à la mousse légère et persistante.Sa riche palette d'arômes se compose de fruits, de notes fleuries, d'épices et de torréfaction. Vieilli 16 à 24 mois dans les immenses caves du cloître du XlVème siècle, creusées sur 3 niveaux par 20 mètres de profondeur, il peut être issu des cépages Sémilion, Sauvignon, Muscadelle, Ugni blanc, Cabernets ou Merlot.
Il se déguste à l'apéritif, pour accompagner un repas de poissons, de fruits de mer ou les desserts, et également à toute heure de la journée, avec par exemple des
macarons de Saint-Emilion.


Source : Stéphanie Oulès, Ingénieur paysagiste, Elodie Peyrussie, Ingénieur paysagiste, Photographies UNESCO, http://www.vins-saint-emilion.com/


Les millesimes


Tm : température moyenne de mars à septembre.
Inso : insolation en heures de mars à septembre.
Pp : les précipitations en mm de janvier à septembre.



1980
Tm : 15,2 / Inso : 1422 h / Pp : 636 mm.
Période de vendanges : 16 au 30 octobre.
Une des récoltes les plus tardives (après 1932 et 1956). Elle a été marquée par des températures froides de mars à juillet et de fortes pluies en juin. Ces conditions climatiques peu favorables ont donc retardé la végétation. Mais la petite production d’une part, la belle arrière saison (août mais surtout septembre) d’autre part, ont permis une bonne maturation et un état sanitaire convenable.
Ces vins légers en couleur et en tanins, sont souvent très aromatiques. Ils se sont bus avec plaisir...dans la discrétion.

1981
Tm : 16,5 / Inso : 1484 h / Pp : 528 mm.
Période de vendanges : 1er au 16 octobre.
C’est une année déficitaire en eau de janvier à août. Les quelques pluies de septembre ont favorisé l’évolution du raisin. Avec un ensoleillement moyen, les températures chaudes surtout au mois d’août ont assuré une bonne fin de maturation.
Les baies à pellicule épaisse et de bon état sanitaire ont procuré une bonne quantité de tanins. Les vins sont ainsi bien charpentés, mais aussi bien équilibrés. Nés austères, ils évoluent agréablement pour donner aujourd’hui des bouteilles classiques.

1982
Tm : 16,4 /Inso : 1598 h / Pp : 649 mm.
Période de vendanges : 17 septembre au 2 octobre.
La période végétative a profité d’un temps sans excès, d’une assez belle régularité, avec alternance de pluies et de chaleur. Après un mois d’août légèrement déficitaire sur le plan de l’ensoleillement, le magnifique mois de septembre a parfait l’excellente maturation que n’a pas empêché une récolte relativement abondante d’état sanitaire parfait.
Les vins remarquablement équilibrés, riches en tanins mûrs, présentent une harmonie exceptionnelle, avec souvent une bonne intensité aromatique très complexe.
Nous nous souviendrons longtemps de ces odeurs de fruits rouges pendant les fermentations, rappelant la cuisson des confitures que faisaient nos grands-mères...

1983
Tm : 16,5 / Inso : 1446 h / Pp : 667 mm
Période de vendanges : 30 septembre au 14 octobre.
Après des précipitations importantes en février, mais surtout en avril et mai, une bonne période chaude de juin à août a bien repositionné la maturation. La composition des raisins à ce moment-là était juste convenable. Mais à partir du 2O septembre jusqu’à la fin des vendanges, un temps chaud et sec va faire basculer ce millésime dans le camp des “bons”.
En effet, cette fin de maturation inespérée a permis une très bonne concentration avec parfois un début de sur-maturation. Nous avons obtenu à nouveau des vins de haut degré alcoolique, riches en tanins mûrs, donnant un caractère puissant. Il faut souligner la réussite particulière des vins issus de vignes situées sur des sols calcaires. En effet, sur le plateau calcaire la vigne a su trouver suffisamment de ressources pour que les vins ne tombent pas dans un petit excès. Ils ont su garder ici équilibre et fraîcheur et s’expriment tout en douceur, en velouté...


1984
Tm : 15,4 / Inso : 1580 h / Pp : 796 mm
Période de vendanges : 5 au 16 octobre.
Les conditions climatiques très irrégulières ont sans cesse perturbé le comportement physiologique de la vigne. Mais c’est surtout du mois de mai et de la première semaine de juin dont se souvient le viticulteur. Une pluviosité très importante (150 mm) associée à de basses températures n’ont pas permis une floraison dans des conditions normales et ont provoqué la coulure et le millerandage.
Cette toute petite récolte n’a pas été favorisée par un mois de septembre froid et pluvieux après les bonnes espérances des mois de juin, juillet et août...Nous l’avons oubliée...

1985
Tm : 15,8 / Inso : 1554 h / Pp : 637 mm
Période de vendanges : 30 septembre au 13 octobre.
Après une période pluvieuse de février à mai qui n’a pas gêné la floraison, la sécheresse et la chaleur de juillet et septembre ont largement compensé un léger déficit. Il faut insister encore sur les conditions climatiques remarquables du mois de septembre permettant d’obtenir des raisins sains à très bonne maturité. Leur composition laissait présager des vins de bonne condition.
Tout a été confirmé par la suite, avec une réussite exceptionnelle des Merlots sur les terres fortes. Ces vins taniques, bien équilibrés, harmonieux sont une belle présentation classique de notre région.

1986
Tm : 15,5 / Inso : 1474 h / Pp : 716 mm
Période de vendanges : 2 au 20 octobre.
Les pluies de janvier, février mais surtout avril (150 mm) ont assuré de bonnes réserves en eau ; mais les basses températures printanières ont retardé de débourrement. Ensuite, des conditions climatiques normalement bonnes ont permis une évolution favorable de la maturation.
Après les quelques pluies de fin septembre, le très beau temps s’est installé à partir du 26 septembre et a duré pendant toutes les vendanges.
C’est le millésime de l’irrégularité dûe à des différences de rendements. Ces vins moins concentrés que les 85 évoluent assez rapidement, avec beaucoup de charme, quelques très belles réussites, mais aussi des vins légers, et parfois dilués...mais sans défauts grâce à des raisins mûrs et sains.

1987
Tm : 16,5 /Inso : 1413 h/Pp : 511 mm
Période de vendanges : 2 au 19 octobre.
Le millésime des contrastes, le plus sec de la décennie ! Mais le plus humide en fin septembre après un mois d’août remarquable qui laissait espérer encore un grand millésime.
Les trois premières semaines de septembre très chaudes ont, bien entendu, favorisé la maturation. Les pluies pendant les vendanges ont dilué une matière première au potentiel remarquable.
Nous avons donc obtenu, surtout avec les Merlots, des vins tendres, charmants, d’évolution rapide. Ils ont les caractères des raisins mûrs, plaisants, légers, sans prétention. Ils nous procurent du plaisir...

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