mardi 16 octobre 2012

Château Talbot : au cœur de l’appellation Saint-Julien


Cette magnifique propriété de 150 hectares est en plein cœur de l’appellation Saint-Julien qui est aussi connue pour être le point le plus élevé de cette dernière.   Le Château Talbot est aujourd’hui dirigé par une quatrième génération de Cordier.  En 1917,  ce domaine acquis par Désiré Cordier, l’un des plus importants marchands de vin de la place de Bordeaux, a été à l’origine de l’ascension de la renommée du château, déjà fier de son rang de 4e grand cru du classement de 1855.  Désiré Cordier avait aussi fait l’acquisition en 1917  du Château Lafaurie-Peyraguey et du Château Gruaud-Larose.
Château Talbot bientôt centenaire sous le règne des Cordier

C’est cependant à un chef de l’armée royale anglaise, John Talbot, que le Château Talbot doit son nom.  C’est au XVe siècle que le connétable John Talbot viendra notamment camper en ces lieux avec ses troupes. Ce commandant de l'armée royale a été défait et tué en 1453 durant la Guerre de Cent Ans, lors de la bataille de Castillon.  C’est cependant  la famille du marquis d'Aux de Lescout qui va développer le domaine viticole pendant près de deux siècles.

La visite avec le directeur général

Lors de mon passage au Château Talbot, avec ma conjointe et notre photographe Gilbert Guillou-Martin, nous avons eu la chance d’être reçus par le directeur général de Talbot, soit Monsieur Jean-Pierre Marty.   Nous sommes d’abord allés prendre connaissance de l’étendue du vignoble.  Bien que la propriété soit de 150 hectares, c’est 110 hectares de vignes qui sont en production dans ce vignoble d’un seul tenant, voisin de non-moins prestigieux domaines comme Château Latour, Château Pichon Baron et la Comtesse de Lalande. Talbot borde également le domaine frère de Gruaud-Larose.  La propriété de Talbot possède 106 hectares en rouge et 4 en blanc avec la Gironde qui passe à proximité. L’appellation Saint-Julien fait près de 900 hectares qui appartiennent à 23 producteurs dont 80% de l’appellation est représentée par 11 grands crus classés.  Pour les cépages en rouge du Château Talbot, plus du deux tiers sont plantés en Cabernet sauvignon (68%),  près du tiers en Merlot (28%) et une faible quantité de Petit verdot (4%).   La proportion des cépages en blanc est dominée à 80% par le Sauvignon blanc, versus 20% pour le Sémillon. 

La visite s’est poursuivie dans les installations intérieures du domaine avec M. Marty.  Nous avons de même visité l’endroit consacré à la réception des vendanges. Cette période de l’année nécessite de 150 à 200 personnes pour récolter le raisin.   On fait appel à des équipes de façon progressive en fonction de la maturité et des différentes parcelles lors de cette période cruciale à la fin de l’été.   On va trier les raisins à plusieurs reprises et même carrément laver ces derniers.  Une sélection va donc se faire par flottaison alors que les moins bons raisins et ceux abîmés ne seront pas conservés.  On pourra ainsi réduire de 5 à 10% la quantité de raisins récoltés, ce qui n’est pas une pratique que plusieurs châteaux favorisent.  Notre visite au cuvier nous a donné l’opportunité de voir cet immense fût de bois que l’on utilise pour une grande partie de la vinification.

Des travaux dans l’air pour le 100e anniversaire

Le vin est vinifié dans un cuvier en bois traditionnel mais on utilise aussi un cuvier en inox notamment pour les assemblages.   On va d’ailleurs détruire bientôt la partie la plus ancienne du cuvier de bois, pour reconstruire des fûts plus modernes.  On favorise le bois chez Talbot, car cela offre moins de compactage à l’intérieur et produit une meilleure extraction et une meilleure homogénéité en comparaison avec l’inox.  Nous allons ensuite visiter le chai à barrique qui abrite des barriques provenant de près de huit différents tonneliers.  Au moment de notre passage, le millésime 2011 n’était pas entreposé au même endroit, car on procède aussi à des travaux sur la propriété.  Pour célébrer sous peu les cent ans de l’acquisition de Talbot par la famille Cordier, on a entrepris la construction d’un nouveau chai moderne. Nous avons eu la chance de voir une portion du résultat et quel style impressionnant!  Le vieux chai va être détruit et remplacé par une cour d'honneur. Les travaux amorcés en 2010 s'effectuent étape par étape et devraient se poursuivre jusqu'aux vendanges de 2014.
La modernité s'implante dans les chais

Soulignons que le grand vin du Château Talbot est élevé en fût de chêne de 14 à 15 mois en utilisant près de 50% de fûts neufs et l’autre moitié avec des barriques d’un vin.   Pour le  second vin appelé Connétable Talbot, le vin sera élevé seulement 12 mois en barrique, et avec seulement 15% de fûts neufs.  J’ai eu la chance de consommer ces vins à quelques reprises dont le Connétable 2005 que j’avais acheté il y a quelques années de cela chez Alcool Nouveau-Brunswick.

Le bonheur du blanc

Après notre visite, nous fûmes conviés par Monsieur Marty à faire une petite dégustation des produits du Château Talbot.  C’est alors que nous avons connu un pur moment de bonheur avec la dégustation d’un rare blanc produit dans le Médoc par  une propriété figurant au rang des grands crus classés.  Georges Cordier, le grand-père des actuels propriétaires, aimait beaucoup les vins blancs et il a été l’un des premiers à planter des vignes blanches en Médoc. Depuis plus d’une semaine, mon épouse et moi avions dégusté que des vins rouges et c’est pour cela que nous étions si heureux de changer un peu de registre gustatif.   J’ai alors fait la découverte du Caillou Blanc 2011.  Nous aurons d’ailleurs l’occasion d’acheter quelques bouteilles de ce vin d’un millésime plus âgé durant notre séjour.  Ce vin vinifié en barrique, avant d’être élevé sur lies pendant neuf mois, se vend autour d’une vingtaine d’euros à sa sortie en primeur.

Le plaisir des rouges
Une belle dégustation pour débuter la journée!

Enfin, nous eûmes la chance de déguster le Château Talbot et son second, le Connétable, chacun dans le millésime 2008.  Le second vin fut lancé dans les années soixante et c’est d’ailleurs l’un des tout premiers seconds vins du Médoc. Avec le grand vin, on est en présence d’un rouge à la fois fin et robuste, appuyé d’une trame aromatique également puissante. On pourra le boire relativement jeune, soit de 5 à 7 ans, mais il prendra encore beaucoup d’élégance avec l’âge car c’est aussi un champion de la longue garde.  L'œnologue Jacques Boissenot et le consultant Stéphane Derenoncourt, apportent leur touche aux vins de Talbot. 

Nous quittons le Château Talbot et l’appellation Saint-Julien pour notre prochain rendez-vous dans la région voisine de Pauillac alors que nous sommes attendus au Château Lynch-Bages.  Une fin de journée qui s’annonce plutôt bien avec ensuite un retour dans Saint-Julien pour la visite de Château Pichon Longueville.  La vie est belle sous le ciel du Médoc. 

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