Terre de granites chatoyants
Histoire du vignoble
Le berceau du cépage viognier se situe à Condrieu et sur les coteaux des villages voisins. Ce cépage n’était, jusqu'à une époque récente, planté qu’à cet endroit. La tradition le dit apporté par l’Empereur Probus des côtes Dalmates. Il semble en fait que son origine soit locale.
Le site de Condrieu, comme toute la vallée du Rhône, est depuis longtemps occupé par l’homme.
Il fut d’abord village gallo-romain avant de devenir la propriété de l’Eglise de Lyon. Le château qui domine la ville fut construit au XIIe siècle par l’archevêque, afin de résister aux multiples attaques de ces temps troublés. Condrieu, de même que St Michel et Vérin, fut le berceau des courageux mariniers du Rhône, qui pendant des siècles, assurèrent par voie d’eau les transports entre Lyon et Beaucaire.
Les vins de Condrieu bénéficient d’une réputation d’excellence depuis des générations. Les papes d’Avignon l’appréciaient, au XVIe siècle le Chapitre lyonnais l'offrait aux invités de marque. Plus près de nous Curnonsky le citait comme un des plus grands vins blancs de France. Malheureusement, le phylloxera, la guerre de 14-18, la crise des années 30, conjugués à l’industrialisation de la région, firent en grande partie abandonner le vignoble. Le marché aux vins de Condrieu, le plus ancien de la région disparut dans les années 50... faute de vignerons. Il ne resta bientôt plus qu’une dizaine d’hectares cultivés sur les 170 définis lors de la création de l’A.O.C. Condrieu en 1940 qui alors ne
concerne que trois communes, Condrieu, Vérin et ST Michel.
En 1967, celle-ci est étendue aux quatre villages voisins, Chavanay, ST Pierre de Boeuf, Malleval et Limony la portant à 387 ha, mais la surface plantée n’est toujours que d’une dizaine d’hectares. On est en droit de s’interroger sur l’avenir de cette appellation comme le souligne un rapport d’un étudiant en 1975 intitulé : “le viognier est-il condamné ?”.
Heureusement, le vignoble, maintenu à la force du poignet par quelques amoureux du viognier, bénéficia dans les années 80 du même dynamisme qui agitait les vignobles voisins de Côte Rôtie et St Joseph. Les coteaux abandonnés ont été replantés, les murettes sont maintenant reconstruites, la survie de l’appellation semble assurée.
En 1986 les vignerons de Condrieu, devant les demandes croissantes de plantation, dans un souci de qualité des vins, entreprennent une dernière révision de l’aire d’appellation, excluant toutes les vignes au dessus de 300 mètres d’altitude. En accord avec l’INAO une nouvelle délimitation de 262 ha est définie. Le tiers a donc été retiré, pour ne garder que les coteaux les mieux exposés, là où le viognier atteint ses meilleures maturités.
De tout temps, le vin de Condrieu était apprécié comme un vin doux, récolté souvent vers la Toussaint. C’est au début du XXe siècle qu’apparaissent les vins secs et à partir des années 50, la majorité des Condrieu sont vinifiés dans cet esprit, quelques vignerons continuant de produire du Condrieu doux. Ce n’était plus alors forcément des vins récoltés à surmaturité, comme autrefois, mais souvent des vins dont la fermentation était arrêtée, procédé qui a maintenant presque totalement disparu.
Une fois la replantation du vignoble en bonne voie (il dépasse maintenant les 140 ha plantés), l’aire de production ramenée aux meilleurs coteaux, un certain nombre de vignerons, devant les années de très belles maturités fréquentes depuis 1990, ont essayé de retrouver le Condrieu doux d’autrefois.
Les premières expérimentations ayant été satisfaisantes, de plus en plus de vignerons s'intéressent à ces vendanges surmaturées et en vinifient quelques barriques. Le total représente 3 à 4 % du volume total de l’appellation Condrieu. Les vins de Condrieu sont donc majoritairement des vins vinifiés en sec, mais très riches et parfumés, grâce au cépage viognier qui trouve ici la noblesse de son expression.
Château-Grillet, L’enclave la plus connue au monde après celle de Vucovar. 2,5 ha, est, quant à lui, un terroir bien homogène, constitué de granite bleuté en décomposition, disposé en cuvette. Les sols sont particulièrement légers, avec des éléments moins grossiers et une pierrosité moindre que ceux schisteux de Côte Rôtie.
Au pied du massif du Pilat, entre Côte Rôtie et Saint-Joseph, s'éparpille la centaine d'hectares qui compose Condrieu. Sur le granite de ces coteaux vertigineux, le viognier trouve un grand terroir, apte à donner naissance à des vins blancs capiteux.
L'Aoc Condrieu ressemble à un archipel d'îlots viticoles éparpillés sur sept communes et trois départements, tout au long de la rive droite du Rhône.
Situés au pied du massif du Pilat et particulièrement pentus, les coteaux sont recouverts d'arènes granitiques. Le vignoble est situé à une altitude moyenne de 250 mètres. Exploitée actuellement sur une bonne centaine d'hectares (contre 260 ha potentiels), l'appellation, voisine de Côte-Rôtie et de Saint-Joseph, ne produit que des vins blancs issus du cépage viognier.
Une Aoc qui a bien failli disparaître
Et dont la renaissance, au milieu des années 70. Le "vrai" Condrieu est-il produit sur les trois communes d'origine (Condrieu, Vérin, Saint-michel-sur-Rhône), les vins y ont plus de minéralité et sont davantage marqués par le terroir, enfin, difficile d'ignorer une enclave sur la commune de Vérin d'à peine 4 ha qui est une Aoc à elle toute seule: Château-Grillet.
Avec un hiver tempéré, un été chaud et sec, et des pluies régulières au cours des autres saisons, le climat de Condrieu est de type continental modéré (dit "lyonnais"). La région reçoit 700 à 800 mm d'eau par an en moyenne, répartis sur 80 à 110 jours, surtout d'août à novembre. Toutefois, plus au sud, les coteaux de malleval, par exemple, bénéficient d'un microclimat quasi-méditerranéen.
La température moyenne annuelle dépasse les 11 C sous les 300 m, alors qu'elle est comprise entre 9 et 11 C plus haut, au-delà de la limite de l'Aoc. Yves Cuilleron préfère les expositions élevées, là ou le viognier brûle moins son acidité, la maturité est plus tardive et le potentiel sucre/acidité est meilleur, avec moins de stress hydrique.
Les vignes sont plantées soit face au Rhône, soit sur les versants sud des cours d'eau qui entaillent le massif. Les expositions des coteaux sont sud ou sud est, voire parfois quasi est.
Entailles très profondes et brutales, ces ravins sont souvent envahis par la forêt, les combes permettent de maintenir les équilibres écologiques.
Plutôt bien abrités du vent du nord, les coteaux sont exposés aux vents chauds et desséchants du sud qui s'engouffrent dans le couloir rhodanien. Leur action: l’accélération de la maturité, protection contre les maladies.
Très rares, des gelées sévères sont survenues en 1998 et... en 2003 : Le printemps était très précoce, la végétation a démarré tôt. Le gel a surtout frappé les zones en hauteur et en retrait du Rhône.
Si on travaillait les sols, on serait sur la roche après une à deux générations
Le travail des sols est un véritable casse-tête en raison de la disposition en "banquettes" ou "chayées", ces terrasses aux murets de pierres sèches qui tentent de contenir des sols légers, à faible teneur en argile.
Les pentes peuvent atteindre 50 %, avec des sols peu profonds: de 20 à 25 cm à guère plus d'un mètre (moyenne 50 à 60 cm) iI faut conserver ces terrasses, avant tout pour des raisons culturelles, le vignoble n'est pas "mécanisable" et le travail à la pioche coûterait trop cher.
Le désherbage chimique règne ici en maître, au grand dam des tenants de la viticulture bio comme Clusel-Roch. C'est pourtant une nécessité si l'on ne veut pas favoriser le stress hydrique en concurrençant exagérément la vigne par un enherbement mal maîtrisé.
Les sols subissent. peu le compactage, en raison de la faible teneur en argiles et limons et de l'absence d'engins. Ils demeurent toujours très légers et souples, mais suffisamment tassés en surface pour que l'eau ruisselle sans trop entraîner la terre. A moins d'opter pour des terrasses plates. Yves Cuilleron laisse les bois de taille au sol, afin d'obtenir de la matière organique et de lutter contre l'érosion en maintenant les éléments fins. À Château Grillet, Isabelle Baratin coupe l'herbe avec une débroussailleuse et travaille avec une bineuse, afin d'utiliser le moins possible de désherbant.
Échalas ou palissage ?
Chaque mode de conduite a ses tenants et ses détracteurs, le palissage se justifie lorsque les rangs sont longs, si 80 % des surfaces sont en échalas dans la partie nord, la proportion est bien moindre au sud, en échalas, on remonte l'ensemble du végétal autour d'un piquet central, d'où une moindre aération des grappes, mais ou peut travailler tout autour. On obtient davantage d'alcool en palissage car on étale mieux, mais ce n'est pas forcément un bien, car les degrés montent alors trop vite.
La difficulté à Condrieu consiste à ne pas dépasser les 14 ou 14,5 naturels, tout en obtenant une bonne maturité phénolique et des vins équilibrés. Le viognier ne supporte pas les rendements, il ne faut pas une charge en raisins trop faible non plus, car on peut se retrouver à 15 sans être mûr.
Le tout est donc de déterminer le rendement optimal.
Avec le viognier la malolactique permet de gagner en volume, en gras et en richesse et on ne fige pas les arômes primaires et on tend davantage vers la minéralité.
Mot-clé : FRACTURATION
Les fractures de la roche sont riches en argiles entraînées par les eaux de percolation. Les argiles fournissent ainsi au système radiculaire de la vigne une réserve hydrique lui permettant de bien résister aux contraintes enregistrées en année sèche.
Au nord de Saint-michel-sur-Rhône, les vins sont moins aromatiques de prime abord, relativement fermés. Plus puissants et profonds, ils sont davantage taillés pour la garde. La finesse est également davantage l'apanage du nord de l'Aoc, les degrés en alcool sont, de manière générale, plus faciles à atteindre dans le sud, même en l'absence de grandes différences climatiques.
Les parcelles situées sur Saint-Pierre comportent des granites quartziteux, avec un peu de lœss (terres blanches argilo-calcaires) qui confèrent une minéralité au vin lorsque la maturité est satisfaisante. Moins bien exposées (est-sud-est), ces parcelles sont vendangées plus tardivement mais avec davantage de botrytis et les degrés montent plus vite, lorsque l'acidité est présente, on recherche environ 20 % de botrytis, même pour les vins vinifiés en sec.
Sur ses parcelles de Saint-michel, les sols sont des granites micassés très maigres en décomposition, avec un petit cordon d'argile sur la roche mère, il s'agit peut-être du vin présentant la plus grande fraicheur aromatique. Pas toujours très riche en attaque, il décolle en milieu de bouche.
Au sud, les vins sont plus ouverts et exubérants, mais souvent moins profonds et moins minéraux, moins acides.
Parfois lourds. Sur Chavanay, la notion de terroir semble déjà moins présente. Champions de la puissance,
Les vins produits sur Limony sont, quant à eux, plutôt massifs et monolithiques.
À Condrieu, y a-t-il deux appellations en une, avec une frontière au niveau de Saint-michel-sur-Rhône et une partie sud qui serait moins qualitative?
Non, l'appellation n'a pas été si mal délimitée. La combinaison entre les sols d'érosion granitique et de lœss donne une certaine qualité.
Quelle est l'influence des lentilles de lœss?, c'est peut-être la présence du lœss qui donne à l'Aoc sa véritable spécificité. Les vins sont meilleurs avec une petite composante de lœss. Le granite, seul, donne des vins précoces et friands; le lœss donne une plus grande aptitude au vieillissement, mais moins de nervosité et de fruité.
Château-Grillet est-il un simple lieu-dit, qu'on aurait pu rattacher à l'Aoc Condrieu?
Non, Château-Grillet comporte de vraies spécificités. À commencer par la possibilité d'assembler des raisins vendangés sur toute la hauteur du coteau. C'est un petit cirque très bien protégé du vent du nord, avec un peu de lœss. Le vin était très différent de tous les autres dans les années 70 ; l'élevage s'effectuait déjà sur lies en vieilles barriques, avec une très légère oxydation qui favorisait des arômes spécifiques. Des cépages tels que le chasselas blanc ou la clairette (remplacement de ceps) apportaient une acidité bénéfique.
GILBERT NICAISE, Ex-conseiller agricole à la Chambre d'agriculture de la Loire
Le sous-sol de l'Aoc Condrieu est essentiellement constitué de roches éruptives de l'ère primaire. On trouve par ailleurs, ici et là, et en particulier à Chavanay et à Saint-Pierre-de-Bœuf, des placages de lœss.
Ces particules minérales, de calcaire, de quartz et d'argiles ont en effet été transportées à l'avant des glaciers. Une micro-fracturation à l'échelle du mètre et du décimètre, visible sur les affleurements, favorise la pénétration de l'eau et les phénomènes d'altération de la roche. Les fractures sont souvent riches en argiles. Il y a deux zones distinctes, celle située au nord de Saint-michel, aux sols de gore (granite décomposé blanc ou gris, bleuté) et celle du sud, constituée de granite ferrique, qui s'oxyde comme de la rouille, aux roches davantage fracturées et qui a tendance à donner des vins plus exubérants.
Source : La RVF, l’accord parfait, les grands vins du siècle, Atlas du vin, www.vins-rhone.com, www.vitis.org, www.technoresto.org, Eric BORSCHMAN, www.cuilleron.com,
Géologie et pédologie de l’AOC CONDRIEU
DONNEES GENERALES
Les événements qui se sont succédés au cours des temps géologiques, jusqu’aux périodes les plus
récentes, dans cette partie de la vallée du Rhône septentrionale, ont abouti à l’existence de dispositifs
pétrographiques structuraux et morphologique particuliers, fortement liés les uns aux autres, qui
constituent l’un des critères fondamentaux du développement du vignoble de l’Appellation Condrieu.
La rive droite de la vallée du Rhône, entre Saint Romain en Gal et Serrières, est caractérisée par la
présence d’une topographie extrêmement contrastée; en effet, les alluvions récentes du Rhône,
organisée en terrasses dépourvue de relief (altitude moyenne 140 m), viennent frapper les pentes
très vives qui assurent le passage entre ces dernières et un plateau mouvementé (altitude moyenne
350m), le “plateau de Pélussin”.Le vignoble a élu domicile sur les pentes en question, sous forme de
lambeaux dispersés ou de colonies plus conséquentes, les uns comme les autres toujours accrochés
à la roche-mère grâce à des banquettes (appelées localement chayées) nombreuses, étroites,
exigeant un soin permanent.
DONNEES LITHOLOGIQUES
Les formations lithologiques qui se trouvent sur le territoire des communes comportant l’AOC
Condrieu appartiennent à des âges très différents. Elles matérialisent le contact brutal qui existe en
ce lieu entre la bordure orientale du Massif Central et la Vallée du Rhône.
Terrains Primaires
Ils constituent les pentes vives comprises entre les basses terrasses alluviales des bords du Rhône et
le plateau de Pelussin, ainsi que le plateau lui-même. Ce sont des roches magmatiques, parmi
lesquelles dominent les granites (Condrieu, Vérin, St Michel, Chavanay) et des roches métamorphiques, leptynites et anatexites (nord de Condrieu, ouest de Verlieu (commune de Chavanay), sud de Chavanay, St Pierre de Boeuf).
Ces roches possèdent une composition minéralogique assez semblable, caractérisée par les minéraux
suivants : quartz, mica blanc et noir, feldspaths
Toutes ces roches offrent une assez bonne résistance à l’érosion mécanique, ce qui explique en
partie la présence des pentes accentuées qui supportent le vignoble.
Terrains quaternaires
Loess : lors des dernières glaciations, il y a 15000 ans environ, les glaciers des Alpes se trouvaient à
quelques kilomètres de la vallée, de climat steppique et glacé. Des vents violents soufflaient
transportant des particules minérales, calcaire, quartz et argiles, en grandes quantités.
Ces matières se sont déposées à l’avant des glaciers, formant des placages de loess.
Il en reste aujourd’hui quelques rares témoins, visibles surtout à St Pierre de Boeuf et Chavanay.
En conclusion, les terrains de l’AOC Condrieu appartiennent presque exclusivement au granites et
roches métamorphiques de l’ère primaire, et pour une très modeste part, aux placages de loess.
Ces roches de l’ère primaire ont un fort pouvoir d’accumulation de chaleur, et par là, concourent à
une bonne maturation du Viognier à Condrieu.
DONNEES STRUCTURALES
Certains événements ont eu une influence déterminante sur ces roches. En effet, au cours des temps
géologiques, des efforts tectoniques intenses les ont affectées. Il en est résulté un certain nombre de
déformations cassantes, dont le rôle sur leur comportement est tout à fait fondamental.
Phases tectoniques majeures, failles et fractures.
- La première phase tectonique, d’importance majeure appartient à l’orogénèse hercynienne à la fin de
l’ère primaire. Elle se traduit par des cassures, des failles, ou des fractures, apparues à la suite de
compressions horizontales. Ces accidents sont systématiquement orientés NE-SW.
- La seconde, ressentie avec peu d’intensité sur la bordure orientale du Massif Central, correspond à
l’orogénèse alpine, beaucoup plus récente. Elle a permis la réactivation des anciennes failles.
Fracturation à l’échelle de l’affleurement.
Accompagnant les phases tectoniques majeures, existe une fracturation mineure qui affecte les
roches éruptives et métamorphiques à l’échelle du mètre et du décimètre. Ces fractures sont
parfaitement visibles sur la totalité des affleurements visibles de la région. Ce sont elles qui ouvrent
la voie aux infiltrations d’eau venant de la surface. Cette micro-fracturation est donc fondamentale :
elle favorise la pénétration de l’eau dans les roches, donc le développement des phénomènes
d’altération liés à l’activité des sols. A ce titre elle conditionne la présence des chayées où la vigne
s’épanouit.
PEDOGENESE ET ALTERATION
Description
Depuis l’ère primaire, les roches ont subi à plusieurs reprises les effets des altérations chimiques et
biochimiques, qui, sous les climats tropicaux d’autrefois ont provoqué la disparition de volumes
considérable de roches. Plus aucune trace de ces altérations majeures ne peut être reconnue aux
alentour de Condrieu. De nos jours le climat est peu agressif, pourtant, les sols végétalisés qui
entourent la roche-mère engendrent une forme très modérée d’altération. Il existe donc une
“pédogénèse active”, liée aux sols et aux circulations d’eaux qui les parcourent.
Les granites et les roches métamorphiques sont très sensibles à l’altération et à la pédogénèse
actuelle, dont le schéma est le suivant :
• Le quartz, minéral résistant, n’est pas touché par la pédogénèse sous nos climats
• Les feldspaths ont une architecture très favorable à l’altération sous l’influence de l’eau.
Ce sont des silicates qui se dégradent en deux catégories de produits :
- Les éléments qui partent en solution avec les eaux traversant le sol (potassium, sodium, calcium)
- Des silicates d’alumines (argiles), qui se forment à l’endroit où se trouvaient initialement les feldspaths
• Les micas qui sont également des silicates, mais qui s’altèrent moins facilement que les feldspaths,
en donnant du potassium, du fer et du magnésium solubilisable.
En conclusion, on peut dire que les diverses attaques subies par ces roches se concrétisent par,
l’effacement de leur structure initiale, l’acquisition d’une nouvelle perméabilité, et une “argilisation”
partielle.
Organisation des produits altérés
- Le granite sain occupe les parties profondes des affleurements
- A l’intérieur de la frange altérée, la roche a une allure friable, les fractures sont riches en argiles.
Ces fissures deviennent les lieux privilégiés de l’installation du système radiculaire de la vigne,
qui trouve là une discontinuité physique propice à sa progression, et une réserve hydrique fournie par
les argiles. Voilà pourquoi les pentes brûlées par le soleil des coteaux de l’AOC Condrieu présentent,
sauf lors d’années exceptionnellement sèches, un vignoble en excellente santé.
- L’épiderme de cette frange, toujours peu épais sur les pentes est constitué de minéraux altérés ou
intacts, de fragments de roches et d’argiles; il s’agit de la partie meuble du substrat.
- Enfin l’action de l’homme a contribué a mobilisé les parties meubles et à les retenir grâce aux
chayées, ce qui permet la formation d’un sol plus riche en matière organique et la mise en place d’un
profil dans lequel les argiles sont accumulées en profondeur.
Source : rapport de la commission d’enquête nommé par l’INAO en 1986, lors de la restructuration de l’aire d’appellation.
Le cépage Viognier
L'encépagement de l'AOC Condrieu est constitué d'un seul cépage, le viognier.
Histoire
D’après les dernières recherches scientifiques, l’origine du viognier est à chercher dans les vignes sauvages des Côtes du Rhône septentrionales. En effet, pendant assez longtemps le viognier n'est connu que par le vin de Condrieu, sur une superficie assez réduite. La grande attaque de phylloxéra, puis la Première Guerre mondiale provoque un abandon des vignes, et le viognier survit à peine sur quelques hectares (8 ha en 1965). En 1986, il n’y a que 20 ha plantés en viognier, à Condrieu.
Peu à peu l'appellation va être redressée et la superficie plantée se développer jusqu'à atteindre les 120 ha actuels. Le viognier va alors s'exporter hors des frontières de Condrieu, que ce soit dans le Midi de la France ou à l'étranger. En 2005, il y avait en France 3255 ha plantés en viognier.
Régions d'utilisation
En France, c'est le cépage unique du Condrieu, vin rare, et recherché des amateurs, ainsi que de son voisin, le Château-Grillet. Il est également traditionnellement le complément de l’encépagement de Côte-Rôtie (jusqu’à 20% de complantation avec la Syrah).
Depuis les années 1990, il est également apprécié dans le Midi de la France, en complément d'autres cépages, ou en cépage unique.
À l'étranger, le viognier est utilisé en Italie, Espagne, Grèce, Suisse ou encore Autriche.
Mais c'est hors d'Europe qu'il a le plus de succès. C'est l'un des grands cépages blancs américains, principalement en Californie. Il est également très populaire en Australie où il représente 70% de la surface plantée en blanc.
Description
L'identification fait appel:
- à l'extrémité du jeune rameau qui présente une densité moyenne à forte de poils couchés,
- aux jeunes feuilles de couleur verte à plages légèrement bronzées.
- aux feuilles adultes de couleur vert clair ou vert moyen, de taille petite à moyenne, orbiculaires, à trois ou cinq lobes, avec un sinus pétiolaire ouvert à peu ouvert, des sinus latéraux inférieurs peu profonds, des dents moyennes à côtés rectilignes ou convexes ou avec un côté convexe et un côté concave, une pigmentation anthocyanique des nervures nulle, un limbe bullé, frisé sur les bords et face inférieure, une densité faible à moyenne, des poils dressés et couchés.
- aux baies qui sont de forme arrondie.
Phénologie Époque de débourrement : comme le Chasselas,
Époque de maturité : 2éme époque, 2 semaines et demie après le Chasselas,
Aptitudes culturales et agronomiques
Ce cépage est généralement palissé (il est parfois un peu sensible au vent), conduit en taille longue modérée, avec une densité de plantation assez élevée. Cultivé traditionnellement en terroirs acides, il se montre bien adapté, en zone méridionale, aux sols suffisamment profonds, mais pas trop fertiles, pour éviter les risques de sécheresse. Son débourrement précoce l'expose aux gelées de printemps.
Sensibilité aux maladies et aux ravageurs
Le viognier ne présente pas de sensibilité particulière aux maladies. Il n'est pas trop sensible à la pourriture grise.
Potentialités technologiques
Les grappes et les baies sont petites. Le viognier par ses caractéristiques variétales, permet, dans des conditions favorables, d'élaborer des vins très aromatiques (abricot. pêche,...), complexes, puissants et de grande qualité. Il donne des vins chaleureux (potentiel d'accumulation des sucres élevé), gras mais manquant parfois d'acidité et présentant quelquefois une légère amertume. Il peut être aussi utilisé pour élaborer des vins moelleux, effervescents ou encore être associé (5, 10 % et autrefois plus) avec d'autres raisins (en particulier de la Syrah) pour obtenir des vins rouges auxquels
il apporte finesse et arômes.
NOUVELLES SÉLECTIONS:
L'appellation Condrieu, presque abandonnée et dont il ne restait qu'une dizaine d'hectares dans les années 70, a été largement replantée depuis, puisqu'elle dépasse aujourd'hui les 120 ha. L'essentiel a été replanté à partir de sélections massales sur les vignes rescapées, l'unique clone certifié disponible à l’époque s'étant révélé moins qualitatif. De ce fait il a été peu planté dans l'aire d'AOC, bien que beaucoup d'anciens ceps soient virosés. A terme, le peu de clones disponibles et le mauvais état sanitaire des sélections massales risquaient de mener à la perte de la variété génétique du
cépage. Avec le soutien de l'ENTAV et des Chambres d'Agriculture, le Syndicat de l'Appellation a donc décidé de réagir et de créer un conservatoire pour isoler les souches anciennes les plus intéressantes. Ce conservatoire, mis en place en 2001, ne comprend que des souches indemnes de virose. Il permettra soit de nouvelles sélections clonales, soit des sélections massales saines.
Source : ENTAV-ITV France