Flash-back.
Il y a 18 mois, d'un trait de plume devant notaire, les Grenaches et les Cinsault du Pépou échappent à l'arrachage. Ce jour-là, les yeux du vendeur brillent. Ils racontent le soulagement de voir ses vignes lui survivre. La fierté de les transmette. Dans la foulée, sous une petite pluie fine, Frédéric et moi partons inspecter "nos" vignes. Les siennes en fait. Parce que la vigne appartient à celui qui la travaille.
Quatre mois plus tard, le vigneron s'attelle à la première taille. Du bout des doigts. Les ceps sont fragiles. Certains tiennent à peine au sol. Frédéric se pose mille questions: faut-il ramener de la terre? Tailler en gobelet ou palisser? Décavaillonner? Enherber? Comment va réagir la vigne sans engrais ni pesticide? Tiendrait-elle le coup? Passer de la viticulture traditionnelle au bio, c'est un virage est à 180 degrés. Risqué.
Au printemps, soulagement. Même privée de ses remèdes pharmaceutiques, la vigne a résisté. La bête est solide. Même si elle a ménagé ses efforts, les grappes sont au rendez-vous. De jolis bouquets de baies vertes et serrées. Même le sol, lessivé par quatre décennies de désherbants reprend vie. La terre est moins compacte. Elle respire.
Septembre. la vendange est modeste. Quelques dizaines de cagettes à peine. Mais dés la fin de la macération en grappe entière, le goût est là. Généreux. Résolument sudiste. Fin novembre, la bouteille qui arrive à Paris sous le manteau confirme cette première impression. En me regardant goûter son vin, Frédéric sourit. Il est content de son coup. Et ça fait plaisir à voir.
Voilà. Près de deux ans se sont écoulés depuis la première poignée de main. Ce matin, les cartons s'entassent sagement dans la petite pièce réservée à la "vente au domaine". 800 bouteilles à peine. Anna est revenue aux jeux de son age. "Cause toujours", lui, n'attend plus que les amateurs.
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