
"Le vin, explique ce converti, c'est la joie, le partage, le bonheur. J'ai démarré avec le Bordeaux et puis j'ai rencontré Dard et Ribo, Pacalet et Lapierre. J'ai retrouvé dans ces vins que l'on dit "natures" la philosophie des arts martiaux. Il y a dans ces vins, le ki, le souffle, l'énergie invisible mais puissante que l'on tire du ciel et de la terre".Aujourd'hui, l'ancien professeur de karaté compte dans son carnet d'adresse quelques-uns des vignerons les plus doués de l'hexagone. Senat, Gauby, Elian Da Ros, Lassaigne, Souhaut font partie de ses protégés.
"C'est un malin, témoigne Jean-Baptiste Senat. Très ouvert. Toujours prêt à aller goûter un nouveau vigneron. Quand un japonais arrive à la cave, il y a de l'attention, de l'intérêt. Mais c'est aussi un homme d'affaire."15 ans après ses débuts, Yoshio Ito peut avoir le sourire...

Mais les places sont chères. Et la barre très haute, explique Frédéric Palacios, qui a vu débarquer cet été Monsieur Ito et l'un de ses clients importateur:
"Ils veulent tout voir et tout savoir: vignes, chai, vinification. Ils posent des questions extrêmement techniques sur les terroirs, les malos, si je "pige" ou non... Avec eux, j'avais l'impression de repasser mon BTS! Avant de signer, il faut remplir un questionnaire, faire analyser les vins pour vérifier le taux de soufre et le degré d'alcool. Je vends en Belgique, en Irlande et aux Pays-Bas. On ne m'avait jamais rien demandé de pareil."Le jeu, apparemment, en vaut la chandelle. D'un claquement de doigts, les japonais sont repartis avec une
"C'est vrai qu'ils accrochent au coup de coeur, raconte de son coté Dominique Andiran. Sur des goûts parfois très déroutants. Je me rappelle d'un coréen qui était tombé amoureux de mon Ruminant. Ils en voulait 600 tout de suite... J'ai eu un mal de chien à lui faire comprendre qu'il ne m'en restait même pas 100 en cave. Finalement il est reparti avec 96 quilles à 15 euros l'unité... Avant de me demander si je ne pouvais pas lui vendre aussi 20.000 bouteilles de blanc à un euro pièce!"
On l'a compris, le marché asiatique ce n'est pas l'Eldorado. Parfois, comme partout, les commandes vont et viennent au gré du Nikkei.
Surtout en ce moment... Il y a une constante pourtant: c'est largement dans les petites appellations, celles qui souffrent le plus, que chassent ces rabatteurs hors pair. Pas de secret: s'ils s'intéressent à la Malepère, aux Coteaux du Marmandais ou aux Côtes de Gascogne, c'est qu'on y trouve des vins de terroir à des prix plus doux qu'ailleurs.

Sans doute fallait-il venir de l'autre bout du Monde pour accepter de se rendre à cette évidence.
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