"Mon grand-père est incroyable, s'émerveille Xavier. Il ne résiste jamais à l'envie de nous aider. A 94 ans, il faut le voir tourner autour des ceps. La souche, c'est son obsession. Il aime la former, la tailler. Encore aujourd'hui, il a l'oeil juste et le geste sûr. C'est lui qui m'a transmis le respect de la plante et l'amour de la nature".A l'époque de ce vétéran de Boutenac, pratiquement chaque vigneron avait son cheval. On imagine mal - et il n'en dira rien... - l'émotion qui a saisi le vieil homme lorsque l'attelage est revenu pour la première fois dans ces vignes. Au milieu de ces vénérables carignans qui sont les seigneurs du Grand Lauze... Même si travail est réalisé par un laboureur du Minervois, Pierre a de la fierté à voir les petits-fils retrouver ces chemins délaissés.
"On a labouré en mars, explique Xavier. Maintenant on "décavaillonne" (on retourne la terre sur le rang, entre les ceps, pour désherber "naturellement", ndla). Ces carignans méritent bien ça. D'autant qu'on leur demande beaucoup. Ici, le climat est méditerranéen. Sec. Assez rude. Le sol est peu fertile. Ça favorise l'expression du cépage, bien sûr. Mais à condition de laisser la terre respirer."Le père Ledogar, lui mesure le chemin parcouru depuis qu'il a laissé les rênes à ses fils, il y a dix ans. Et se souvient sans doute de ses réticences à voir les deux "jeunes" entrer dans les vignes avec leurs "drôles d'idées".
"C'était pas une sinécure, rigole le vigneron en adressant un regard au paternel. Mon père faisait du raisin, pas du vin. Il ne comprenait pas pourquoi on réduisait autant les rendements. 15, 30 et même 40 hecto-hectares sur des carignans, ça lui semblait ridicule. Forcément... Lui vendait des raisins au kilo. Le résultat final, la qualité du vin, c'était pas son soucis. Ca, il a fallu l'imposer, on peut le dire..."Depuis les trois générations besognent main dans la main. Et le résultat est là. Des vins expressifs, charnus, généreux... Mais exigeants. Ainsi, une fois l'oeuvre du cheval accomplie, il faut attendre que la Tramontane vienne sécher le sol et les ceps. D'ici là, les Ledogar s'interdiront de venir "buter" (refermer la terre sur le rang) les jours humides ou en matinée. Ils risqueraient de favoriser la dispersion du mildiou ou d'un oïdium de plus en plus féroce. Au Grand Lauze, pas question de transiger sur les principes. Ce qui, on l'a compris, n'est pas pour déplaire au grand-père.
On peut retrouver la "saga" des Ledogar sur leur site: Domaine du Grand Lauzes.
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