Lors de la journée du vendredi 24 août, nous avions décidé de prendre ça un peu plus mollo. Avec seulement deux visites au programme, nous nous étions gardé le Château Beychevelle pour terminer cette semaine dans le Médoc. Nous avions un projet pour le week-end, soit d’aller visiter des amis de la région de Saintes, près de Cognac.
À notre arrivée aux abords de Saint-Julien, en revenant de Pauillac, nous sommes captivés par ce décor bucolique. Des vignes bordent la route et de magnifiques châteaux aux noms à faire rêver défilent sous nos yeux. Château Pichon-Longueville, Latour, Château Léoville-Poyferré, Château Branaire-Ducru et nous voilà enfin devant Beychevelle avec quelques minutes en avance.
Malgré un léger malentendu concernant la confirmation de notre présence, une responsable des visites, Madame Susan Glize, va nous faire découvrir les charmes de ce 4e cru classé de l’appellation Saint-Julien. Ne pouvant cacher son charmant accent britannique, cette dame œuvrant au château depuis plus de 20 ans, nous fait découvrir tous les recoins de ce fabuleux site. Une visite inoubliable grâce aux bons soins de cette charmante personne.
Un peu d’histoire
D’abord, il faut préciser que le premier château a été construit en 1565 par l'évêque François de Foix-Candale. La nièce de ce dernier épousa Jean Louis de Nogaret de la Valette, grand amiral de France et gouverneur de Guyenne qui en deviendra propriétaire. Surnommé « le demi roi » puisqu’il était l’un des mignons d’Henri III, les bateaux passant devant son domaine, devaient affaler les voiles en signe d'allégeance, tellement l’homme était puissant. C’est en effectuant ce mouvement dit de « Baisse voile », soit Beychevelle dans le langage ancien, que naîtra l'emblème du domaine. D’autres explications sont liées davantage aux dangers de la navigation à cet endroit de la Gironde, alors que les marins baissaient les voiles pour mieux contrôler leur bateau.
C’est toutefois en 1757 que le château sera réédifié par le marquis de Brassier. Cette famille permettra au vin de s’illustrer au 18e siècle puis vers 1890, la famille Achille-Fould y règnera en dynastie pendant plusieurs générations. En 1986, la GMF (Garantie mutuelle des fonctionnaires) et le groupe japonais Suntory rachetèrent l'ensemble du domaine à la famille Achille-Fould. De nos jours, le Groupe Castel, avec le groupe japonais Suntory, appartiennent chacun 50% de cette superbe propriété considérée Le Versailles du Médoc.
Les vignobles et les équipements de vinification
Le vignoble de Beychevelle n’est pas constitué d’un seul tenant. Les 77 hectares sont répartis un peu partout au sein de l’appellation de Saint-Julien. À quelques reprises dans l’histoire, les propriétaires du château ont dû vendre des parcelles de vignes pour honorer des dettes. C’est ainsi que certaines vignes près de Beychevelle appartiennent au Château Ducru Beaucaillou. On retrouve des vignes de Beychevelle au village et en longeant aussi la route des châteaux. Pour ce qui a trait à l’encépagement, on retrouve une majorité de Cabernet sauvignon (62%) et du Merlot (31%). On retrouve également de petites quantités de Cabernet franc (5%) et du Petit Verdot (2%).
Le cuvier : inox et béton |
Pour l’élaboration du grand vin de Beychevelle et de son second, l’Amiral de Beychevelle, les installations ont été améliorées au fil des années. Depuis 2003, on utilise d’ailleurs quatre tables de tri au lieu de deux comme c’était le cas auparavant.
Il y a eu aussi quelques modifications au cuvier alors que 6 cuves en inox ont été ajoutées en 1984. En 1992, on a décidé de couper trois cuves en deux. Des cuves plus récentes en béton ont été ajoutées en 2006. Il y encore des cuves plus anciennes qui existent depuis 40 à 50 ans. D’après Madame Glize, des travaux au cuvier devraient être effectués encore d’ici les deux prochaines années. Fait à souligner, avec le Château Lascombes en Margaux, Château Troplong Mondot et Château Faugères dans le Saint-Émilionnais, ce Grand Cru de Saint-Julien utilise aussi le système OXOline qui facilite les opérations de soutirage et l’entretien des barriques en fût de chêne.
Les vins de Beychevelle
Notre visite s’est poursuivie dans les chais du château. Il importe de préciser que le potentiel de garde du grand vin est élevé avec certains millésimes qui peuvent résister de 20 à 30 ans et plus. Le grand vin séjourne d’ordinaire pour une période de 18 mois en fût de chêne français. Quant à l’Amiral, le second vin, on va le faire vieillir d’ordinaire une douzaine de mois et on utilise même une petite portion de fût de chêne américain, ce qui n’est pas pratique courante dans le Médoc. On a d’ailleurs la chance de découvrir l’élégance et la finesse des vins de Beychevelle avec la dégustation du savoureux millésime 2009. L’Amiral de Beychevelle est constitué de 58% de Cabernet sauvignon et 36% de Merlot. Quant au grand vin, Parker ne s’est pas gêné pour qualifier ce millésime comme étant le meilleur Beychevelle depuis 1982. Sa note de 93 points confirme ni plus ni moins le talent de vinificateur de Philippe Blanc. L’Amiral ne donne pas sa place aussi avec cette belle fraîcheur, des tanins légèrement fondus qui laissent entrevoir un superbe potentiel de vieillissement avec sa finale en longueur. Après avoir goûté quelques vins médocains du millésime 2009 avec Montrose et Beychevelle, je suis déjà convaincu que ma liste de cadeaux souhaités pour Noël prochain pourrait s’avérer assez liquide!
La semaine à venir s’annonçait déjà excitante alors que nous allions visiter Rauzan-Segla, Talbot, Pichon Longueville et Lynch-Bages. Toutefois, j’anticipe également notre petit séjour dans l’appellation Saint-Émilion à partir du mercredi 29 août. Que de belles surprises gustatives en réserve…
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