Nous commençons à 8h, la température est élevée contrairement à la semaine précédente, il fait 18 C. Le ciel est couvert .
Tour quotidien de nos cuves, nous stoppons les remontages sur les premières cuves ; notre numéro 2 part en échantillon au laboratoire : elle est en fin de fermentation alcoolique. Les dernières cuves prennent de la densité, se structurent. Jean-Luc et Hedi démontent le roulement du conquet ; il est commandé et la pièce devrait arriver demain.
A Villegeorge, la troupe finit la première benne quand nous arrivons sur place ; les mines sont reposées (en particulier pour les vendangeurs extérieurs à nos équipes qui ont pu bénéficier de deux jours de repos). On me demande des nouvelles de la soirée de samedi ; je remercie de la part de nos hôtes, repartis heureux de cette journée de vendanges communes. Elisabeth, juchée sur la remorque, effectue le tri de la récolte ; elle est tout sourire et déclare s’être beaucoup amusée !
Un tour au cuvier pour déguster nos deux cuves en attendant que la troisième soit remplie.
A 11h45, notre troupe a fini la Vieille Vigne de Villegeorge ; la remorque est vidée quand la pluie commence à tomber. Ce sont d’abord quelques gouttes, puis une belle averse. Coup de fil à Thierry puis Emilie. Nous décidons d’arrêter pour la journée. Sage décision car la pluie et les rafales de vent ne cessent guère toute l’après-midi. Une pluie bénéfique pour la nature : la Jalle de la Morère à Moulis était totalement à sec (ce qui est assez rare à cette époque de l’année).
A 15h30, nos touristes accompagnés d’une charmante guide arrivent directement au cuvier pour l’atelier de vinification. Ils viennent du Château Loudenne où ils ont pu vendanger et déjeuner (avec les vins des 4 Médocaines). Je leur explique la vinification en français tandis que leur accompagnatrice (qui connait bien les lieux) traduit avec aisance mes propos en anglais. Il y a beaucoup de francophones dans ce groupe : nos fidèles québécois (nous n’avons pas de groupe de touristes sans notre équipe du Québec) ainsi que des brésiliens qui parlent parfaitement français. Les questions sont nombreuses, parfois déroutantes : est-ce que le vin devient limpide quand il n’y a plus de sucre ? Le sucre ne se voit pas mais se mesure, cela nous semble évident. Je reprends les différentes étapes de clarification du vin sous l’oreille attentive de nos hôtes. Une jeune québécoise me demande si le vin est prêt ! Ils sont en train de goûter du moût de Merlot en fermentation : il y a encore beaucoup de sucre non fermenté. Je lui réponds qu’il faut finir les vendanges et les vinifications avant de parler réellement de vin. La deuxième cuve goûtée a presque terminé ses sucres (il en reste une dizaine de gramme), l’alcool se perçoit bien ainsi que les tannins. Une jeune asiatique me pose des questions sur le nom de ce jus et me demande d’épeler le mot français : « moût ». Ce n’est pas encore du vin ; je rappelle qu’il faut être patient : au moins deux ans entre la récolte et la mise à disposition des bouteilles. Notre jeune québécoise s’interroge sur l’âge des vignes ; elle ouvre de grands yeux quand je lui dis que nous travaillons sur 20 ans pour établir un vignoble : arrachages et replantations doivent être faits régulièrement pour maintenir l’équilibre et pouvoir produire de grands vins. Un échange intéressant qui nous permet de partager notre savoir-faire et notre passion avec des amateurs qui nous font le plaisir de venir en curieux, parfois du bout du monde, pour découvrir les coulisses du vin.
Demain, nous espérons (la météo le dit) que le temps reviendra au beau et que nous pourrons enfin commencer la récolte à Duplessis. Sinon je crains qu’Habib ne s’impatiente : il gère avec beaucoup de sérieux les vinifications à Moulis et c’est la seule des trois propriétés à ne pas avoir une seule cuve remplie.
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