La viticulture belge a bien entamé sa reconnaissance puisqu'elle dispose de trois appellations d'origine contrôlée, plus une quatrième qui sera effective sur la récolte 2005 (Heuvelland -Flandres). L'AOC flamande Haspengouw (ou Hesbaye) se distingue par un brillant solo de l'entreprenant Jaap Van Rennes qui, en 1990, fonde Wijnkasteel Genoels-Elderen, une propriété résolument ambitieuse, inspirée du modèle bourguignon. Des moyens conséquents, consolidés par un louable discernement, donnent des résultats édifiants, avec des chardonnays de garde, déconcertants dans le contexte (cuvée Goud 2001) et un pinot noir d'une confondante complexité (Rood 2002), eu égard à la jeunesse des vignes. Toujours en Flandres, l'AOC Hageland possède du côté d'Assent de singuliers terroirs, comportant des sables ferrugineux, bien mis en valeur à la Wijnhoeve Elzenbosch où la vigne est conduite en échalas! Cet anachronisme n'empêche pas des expressions sur la finesse et ciselées par le minéral. tel ce blanc 2003 issu d'optima, d'un registre balsamique tout à fait prenant.
On retrouve cette même veine de sols à Wijnkelder Kluisberg, sauf que les vins masquent ce caractère d'origine par de sensibles sucres résiduels, exception faite d'un pinot gris 2004 qui restitue son type et son terroir. Sur une aire différente du Hageland, Wijnhoeve Boschberg est une autre entité modeste (2 ha) où le cépage kerner développe toute sa substance, soulignant le mérite de Jos Beckx qui de surcroît y travaille à temps partiel.
Moins facile à cerner en Wallonie, le vignoble y témoigne pourtant d'une remuante phase constructive avec des orientations résolues vers les plants interspécifiques (voir encadré) ou parfois sur de judicieuses variantes de cépages classiques, comme on peut le relever au Domaine de Mellemont, situé dans le Brabant. Depuis 1994, ce producteur a adopté le "précoce de Looz", un clone de pinot noir sélectionné pour son mûrissement avancé, et qui montre ici ses aptitudes dans un 2003 d'une jolie profondeur de fruit. Bien que sans prétention exhaustive, notre prospection ne pouvait ignorer l'effervescent élaboré au Vignoble des Agaises avec tous les atouts du genre, depuis le sol crayeux jusqu'à l'assistance d'un vigneron champenois! Certes, les vignes n'ont que deux ans, mais, à défaut de teneur, la cuvée Ruffus dévoile déjà un trait raffiné du meilleur genre. .
En attendant, il ne faut sûrement pas bouder son plaisir: boire noir-jaune-rouge, c'est possible.
Les Appellations contrôlées belges
Depuis quelques années la Belgique possède ses propres appellations contrôlées.
Les appellations flamandes sont les plus anciennes et depuis peu au nombre de 3 : Hageland en 1997,
Haspengauw en 2000
et Heuvelland.
Les autres vins de qualité produits en Flandre pourront désormais porter la dénomination "Vlaamse landwijn".
L'appellation contrôlée wallonne existe depuis le 27 mai 2004.
A.O.C. "Côtes de Sambre et Meuse"
"Vin de pays des jardins de Wallonie".
Une troisième appellation devrait bientôt faire son apparition, réservée aux vins mousseux: le "Crémant de Wallonie".
La Cristallerie du Val St Lambert a décidé pour sa part de développer une nouvelle gamme de verres de dégustation, qu'elle commercialisera prochainement sous l'appellation "Sambre et Meuse".
L’application des principes d’une agriculture biologique sera favorisée.
Cépages
Pinot Noir ;
Müller-Thurgau ;
Pinot Gris ;
Rivaner ;
Auxerrois ;
Sieger ;
Chardonnay ;
Pinot blanc ;
Muscat ;
Merlot ;
Gamay ;
Riesling ;
Bronner ;
Merzling ;
Johanniter ;
Régent ;
Pinot noir précoce ;
Traminer ;
Gewürztraminer ;
Chenin ;
Ortega ;
Chasselas ;
Madeleine Angevine ;
Seibel.
Pour la production de « Hagelandse Wijn » les cépages suivants peuvent être utilisés :
Müller-Thurgau;
Optima;
Ortega;
Kerner;
Siegerrebe;
Pinot-gris;
Chardonnay;
Riesling;
Auxerrois;
Bacchus;
Schönburger;
Pinot-noir;
Dornfelder;
Limberger;
Domina.
Pour la production de « Haspengouwse Wijn » les cépages suivants peuvent être utilisés :
Müller-Thurgau;
Kerner;
Siegerrebe;
Pinot-gris;
Chardonnay;
Riesling;
Auxerrois;
Pinot-noir;
Pinot-blanc;
Optima;
Ortega;
Dornfelder;
ÉTUDE HISTORIQUE SUR LA CULTURE DE LA VIGNE EN BELGIQUE
Le renouveau de la viticulture de plein air est patent en Belgique; le réchauffement climatique n’y est pas étranger : depuis 1960, toutes les nouvelles plantations se sont maintenues et ont prospéré.
Depuis les années 1980 une viticulture commerciale renaît en Belgique. D’abord dans les Flandres, suivant les conseils de Jan Bellefroid, est née une viticulture à vin blanc.
La Wallonie, partie pourtant la première avec la viticulture hutoise autour de Charles Legot, ne s’est développée que vers les années 1990 et 2000 avec l’arrivée de nouveaux cépages rouges de qualité comme le « Regent ».
La viticulture belge est donc en plein développement; des appellations contrôlées ont été créées : d’abord flamandes dès 1997 (Hageland) et en 2000 (Haspengauw), ensuite wallonnes en 2004 (Côtes de Sambre et Meuse). Pour les vins produits hors de ces appellations, des dénominations telles que « vins des jardins de Wallonie » et « vlaamse landwijn » ont été créées.
Cette nouvelle viticulture invite chacun à se tourner vers son passé et à s’interroger sur les vignobles qui existaient dans sa région. Et là, à la surprise générale, il n’y a pratiquement aucun village qui n’ait possédé de vignes au Haut Moyen-âge. Lorsqu’on approfondit le sujet, on constate qu’il n’existe que très peu d’écrits et de recherches historiques relatives à la viticulture dans nos régions, plus réputées pour leurs bières que pour leurs vins, mais pour combien de temps encore… ?
INTRODUCTION.
L'histoire de la culture de la vigne n'a pas, jusqu'ici, été traitée d'une façon approfondie et complète; et, montrer que, dès le IXe siècle, on trouve la vigne cultivée en Belgique, indiquer l'extension de ce genre de culture qui se propagea au point que la plupart des communes où le terrain était propice à la vigne, ont vu des vignobles, faire l'histoire des corporations qui se rattachent à cette culture, rechercher les causes qui ont amené la décadence de cette industrie.
I. ENDROITS OU LA VIGNE A ÉTÉ CULTIVÉE.
PROVINCE DE LUXEMBOURG.
BLEID.
XVIIe siècle. Lieu dit : « à la vigne. » G. Kurth, Mémoire sur la frontière linguistique (sous presse).
FLAMIERGE.
Lieu dit : « vigny. » Tarlier, Dictionnaire géographique de la Belgique, p. 385.
GÉROUVILLE.
Lieu dit : « la vigne Arnould. » Cadastre.
GRAND-MENIL.
Lieu dit : « thy à la vigne. » Jourdain, Dictionnaire géographique des communes belges, t. II, p. 957.
LIMERLÉ.
Lieu dit : « la vin voie (?). » G. Kurth, Mémoire sur la frontière linguistique, p. 85.
MESSANCY.
Lieu dit : « weingert. » Carte de l'état-major belge.
MUSSON.
Lieu dit : « au dessus de la vigne. » Cadastre.
RUETTE.
Lieu dit : « à la vigne. » Cadastre.
SAINT-LÉGER.
Lieu dit : « à la vigne. » G. Kurth, Glossaire topographique de Saint-Léger, p. 58.
VIRTON.
Lieu dit : « à la vigne. » G. Kurth, Glossaire topographique de Saint-Léger, p. 58.
WARDIN.
Lieu dit: « al vingne » G. Kurth, Mémoire sur la frontière linguistique, p. 74
Cependant, on peut conclure d'une façon générale, que la vigne était beaucoup plus cultivée aux XIVe , XVe et XVIe siècles qu'elle ne l'est actuellement, ce qui est prouvé entr'autres par ce fait que quantité d'endroits, dont les habitants s'adonnaient à la culture de la vigne, ne possèdent plus de vignobles.
Le recensement agricole de 1846, publié en 1850 par les soins du ministère de l'Intérieur, indique que cent et soixante-six hectares sont couverts de vignes; d'autre part, le recensement fait en 1866 et publié en 1871, renseigne deux cents et quatre-vingt-dix hectares de vignobles. On pourrait croire, par la simple comparaison de ces chiffres, que la viticulture augmente en Belgique; mais il est à remarquer que ces différents recensements tiennent compte non seulement des vignes croissant en terrain découvert, mais aussi des vignes cultivées en serres chaudes. Cette nouvelle industrie a pris, depuis quelques années, un grand développement dans les environs de Bruxelles et fournit de raisins succulents le marché de notre capitale.
II HISTOIRE DE LA CULTURE DE LA VIGNE EN BELGIQUE.
La culture de la vigne à partir du IXe siècle et il est fort probable qu'avant cette époque, elle ne fut guère connue dans notre pays.
Dans les premières années de l'ère chrétienne, le raisin ne croissait guère dans la Gaule méridionale, et la Gaule septentrionale, encore couverte d'épaisses forêts, ne pouvait être propre à la culture de la vigne. Lors de la conquête de la Belgique par Jules César, il n'y avait, dans cette région, aucun cep de vigne. Pline l'Ancien ne connaît pas de vignobles sur les bords du Rhin, et par conséquent, encore moins en Belgique.
Au VIIIe siècle, les bords du Rhin étaient couverts de vignobles et c'est probablement dans le même temps que la Belgique vit les premiers essais de viticulture sur son territoire: au IXe siècle, à Liége et à Huy; au Xe à Namur, Tournai et Gand; au XIe à Waulsort, à Chokier, à Vivegnis et à Berlingen; au XIIe à Louvain; depuis lors, jusque vers la fin du XVIe siècle, la viticulture ne fit que prospérer et occuper un espace toujours plus grand de notre pays.
Par qui la vigne fut-elle d'abord cultivée en Belgique et quels en furent les premiers propagateurs? Il y a tout lieu de croire que ce furent les moines qui avaient besoin, pour le Saint Sacrifice de la Messe, de vin pur provenant de la vigne, le moyen le plus sûr d'en obtenir qui ne fût pas frelaté, était de le produire par eux-mêmes; aussi les premiers vignobles que nous rencontrons, sont-ils la propriété d'abbayes. Il n'en était pas ainsi; la vigne fut cultivée aussi par des particuliers qui en vendaient le produit et même par des seigneurs, comme les ducs de Bourgogne, qui possédèrent les vignobles de Bruxelles, Louvain, Aerschot, Namur et Mons.
La vigne fut surtout cultivée sur les bords de la Meuse, parce qu'ils présentent, notamment entre Huy et Liége, des coteaux bien exposés; d'ailleurs, c'est là qu'elle a le mieux subsisté, puisqu'aujourd'hui on y rencontre encore quelques belles plantations de ceps de vignes.
La Meuse, depuis son entrée en Belgique jusque Namur, coule du Sud au Nord; les coteaux qui la bordent ont généralement une exposition peu favorable à la propagation de la vigne. A Anseremme, au confluent de la Lesse, il y avait des plantations dès les premières années du XIIIe siècle. En 1203, Hugues de Pierrepont, évêque de Liége, déclare que nul n'a le droit de percevoir la dîme sur la vigne que l'abbaye de Saint-Hubert possède en cet endroit, ni sur les vignes qu'elle pourra y planter ou y acquérir, preuve qu’à cette époque reculée, il en existait d'autres.
En face de Dinant, sur la rive gauche de la Meuse, il y eut quelques vignobles, ce qui a fait dire à certains écrivains que Bouvignes signifie bout des vignes! Aux environs de Namur, la viticulture prit une grande extension: nous en trouvons mention à Fooz, en 1018 et, à partir de cette époque, elle ne fit que s'y accroître; les plantations portaient les noms de Folx, Vivier-Wairon, Haie à Folx, la Plante, Bardeau et Buley. C'était là pour ainsi dire le centre de la culture de la vigne dans le comté de Namur.
Dans la capitale de ce pays, la culture du raisin remonte au Xe siècle: en 987, Notger, évêque de Liége, donna au monastère de Gembloux, une vigne située à Namur ; cette vigne était encore la propriété de cette abbaye en 1555 ...
Au mois de novembre, ou plus tôt si c'était possible, les échalas devaient être tirés hors de terre, les liens ayant été coupés auparavant afin de ne pas gâter les ceps. Les fosses des provins de l'année devaient alors être nettoyées et garnies de fumier recouvert de terre. En décembre, janvier et jusqu'à la mi-février, on devait s'occuper à faire des provins, si la saison le permettait. A partir de cette époque, on devait tailler les vignes et faire les provins qui n'auraient pu être faits pendant l'hiver. Le mois de mars venu, il fallait fouiller la terre près des vignes « et ce fait, elles seront boutées et eschepées jusqu’en may. » A partir du huit mai, on devait biner pour la seconde fois avec une houe, et sitôt qu'on pouvait reconnaître « le bon du mauvais », on devait avoir soin d'ébourgeonner et de lier les plants. Après le huit juillet, il fallait les houer une troisième fois, les délier, les redresser, les rogner et les effeuiller jusque après la mi-août. Outre les provins ordinaires, le locataire devait en faire deux cents par journal. Il devait fumer les vignes en entier deux fois pendant son bail, et les provins chaque année. Il jouissait du stordoir sous certaines réserves et avait le droit de prendre les échalas dans la forêt de Marlagne. Aux fêtes de Pâques, des ouvriers compétents devaient venir visiter l'ouvrage pour en faire rapport au receveur général de Namur; le produit des vignes se partageait alors par moitié: les princes de la maison de Bourgogne avaient coutume de se réserver la moitié du vin récolté en Buley, livrable à la cuve, mais ils devaient fournir les fûts nécessaires pour contenir leur moitié. A cette époque, la part du souverain variait approximativement de quinze à vingt-neuf queues, mais il y avait aussi de mauvaises années: en 1447, les vignes furent gelées et des raisins cueillis, on fit du verjus. Au XVIe siècle, le vignoble de Buley s'appela le Terne-le-Comte.
A partir de la lin du XVIIe siècle, la viticulture, sur ces coteaux environnant Namur, commence à diminuer : en 1670, Cornélis Bard et Simon Saintrain demandent au procureur général de reprendre à ferme un vignoble abandonné contre les fortifications; en 1673, le 27 février, le gouverneur général ordonna d'abattre les vignes qui étaient proches du château et d'aplanir les monceaux que les vignerons y avaient faits, parce que les ingénieurs du roi avaient trouvé que ces vignes étaient préjudiciables à la défense de ce château (citadelle de Namur). Des signes évidents de décadence de la viticulture se montrent partout; on la voit diminuer d'étendue et d'importance et les revenus devenir de plus en plus minimes. En 1707, la recette des rentes dues au souverain sur les vignobles de Buley était de trois cent quatre-vingt-dix pots de vins; en 1742 et 1743, elle est encore de trois cent quatre-vingt-onze pots, le pot évalué à 3 sols, mais en 1761, il n'est plus question que d'une recette de cent pots. Ces recettes sont encore mentionnées jusque vers la fin du XVIIIe siècle, en s'amoindrissant petit à petit; et sans doute, au commencement du XIXe siècle, les vignes étaient presque toutes disparues, puisqu'alors il n'existait plus, pour toute la province, que trois hectares de vignobles.
En face du château de Namur, sur la rive opposée de la Sambre, à Herbatte, il y eut des vignobles.
Après avoir reçu à gauche la Sambre, la Meuse se dirige vers l'Est et présente ainsi des coteaux bien exposés au soleil du Midi; de Namur à Bas-Oha, la vigne ne fut guère cultivée, il y eut cependant des vignobles à Marche-les-Dames, à Seilles et à Andenne.
A partir de Bas-Oha, la vigne couvrait autrefois toute la rive gauche de la Meuse jusqu'en aval de Liège; nous passerons en revue ces différents coteaux.
A la fin du XVe siècle, la viticulture commençait déjà à péricliter dans ces endroits, car en 1492, la cour de Flémalle, faisant la visite d'un vignoble, déclarait que celui-ci était en fort mauvais état et que depuis près de sept ans, on ne l'avait plus guère soigné (5); l'année suivante, on vit des vignobles disparaître; cependant, quelques-uns, les mieux exposés, subsistèrent jusqu'au commencement de ce siècle.
C'était à Sclessin que se trouvait le vignoble de la « chieffz dor » ou « chivre doir » qui jouissait d'une certaine réputation par la qualité de son cru; il était la propriété du prince-évêque de Liége. En 1561, le peintre Lombard était concierge de « Monseigneur le Prince, de la maison, pourpris et vignobles de chieffz d'or »; en 1584, ce vignoble fut loué à Toussaint des Vignes pour neuf ans, moyennant une redevance de 60 florins brabançons, plus la moitié de la récolte éventuelle; de plus, Son Altesse pouvait acheter l'autre moitié au prix courant et à dire d'expert; la cueillette du raisin ne pouvait se faire qu'après avoir averti la Cour des comptes qui avait le droit de déléguer quelqu'un pour y assister (1). Les vignobles de Sclessin ont continué d'exister à travers les siècles et de nos jours, ils sont connus sous le nom de Tschiff d'or et de Bordeau, mais sans avoir ni l'étendue, ni l'importance d'autrefois. Il y avait aussi des vignes à l'endroit appelé aujourd'hui Bourgogne, sous la rue de ce nom, mais elles ont complètement disparu.
Il est fort probable qu'au XIIe siècle la vigne n'était guère cultivée dans le Limbourg belge; en effet, l'abbaye de Saint-Trond faisait venir son vin du Testerbant (bords du Rhin) par Cologne, et le chroniqueur de cette abbaye nous apprend qu'en 1106, lors des dissensions entre l'évêque Otbert et le comte de Limbourg, il s'en fallut de peu que les moines ne perdissent leurs vignobles situés sur le Rhin et la Moselle, et il ajoute notre monastère aurait alors complètement manqué et de vin et de poissons. A Saint-Trond, en dehors de la porte de Staplen, existait une vigne appartenant à l'échevin Arnold Probus; elle fut détruite en 1302 par les Liégeois. A Looz, toute la colline située au Sud de l'église et du Borchgracht était un vignoble; vers 1340, Henri de Guygoven, qui en était propriétaire, le donna à l'autel ou bénéfice des Trois-Rois. Ce vignoble ne doit pas avoir été le seul, car il y avait à Looz des commerçants qui vendaient le vin croissant sur leurs terres et ils ne pouvaient le vendre qu'au prix fixé par le Chapitre.
III. ÉTUDE SUR LES CAUSES DE DÉCADENCE DE LA VITICULTURE EN BELGIQUE.
Après avoir montré que la culture de la vigne avait, au moyen âge et au commencement des temps modernes, une importance de beaucoup plus grande en Belgique que celle dont elle jouit maintenant dans ce pays, il nous reste à rechercher les causes qui ont amené cette décadence.
La civilisation, en s'emparant de notre pays pendant le haut moyen âge, amena la culture de la vigne et la fit augmenter prodigieusement; mais quelques siècles plus tard, cette même civilisation lui fit le plus grand tort en rendant les communications entre peuples de plus en plus faciles et en supprimant, pour ainsi dire, les distances. Le vin étranger qui, autrefois, ne pouvait arriver chez nous que par bateaux et par chariots et dont le transport coûtait assez cher, y vient aujourd'hui sans grands frais et facilement. La douane prélève actuellement un certain droit, mais sous l'ancien régime, s'il n'existait pas de douane proprement dite, le vin descendant la Meuse ou remontant l'Escaut devait payer ce qu'on appelait le droit de winage ou tonlieu ; si nous ajoutons à cela les droits d'afforage et d'abrocquage levés au profit des seigneurs, on verra que, sous le rapport du libre échange, rien ou presque rien n'a été modifié. L'amélioration des routes, la création de nombreuses voies ferrées, l'augmentation considérable du trafic maritime ont rendu la Belgique plus accessible aux vins français, allemands et espagnols, contre lesquels nos vins de pays ne pouvaient guère lutter en valeur, en qualité et en bouquet. Les vins produits en Belgique n'ont jamais eu ce bon goût que possèdent les vins de France et des bords du Rhin dont on est si friand aujourd'hui; déjà au XVIe siècle, Guichardin trouvait le vin belge rude et verdelet; les habitants de notre pays ne jugèrent plus assez délicat le bouquet du vin indigène qui, actuellement encore, sur les côtes les mieux exposées, a un goût de terroir assez prononcé.
Voilà une des causes principales de la diminution de la culture de la vigne dans notre pays; nous en trouvons une autre dans l'extension de la culture maraîchère, provenant de l'augmentation du nombre d'habitants. Autrefois, pour ainsi dire, chaque maison avait un petit jardin y attenant, qui fournissait à son propriétaire les légumes nécessaires à la vie quotidienne; aujourd'hui, il n'en est plus ainsi, la population des villes s'est augmentée considérablement, les jardins ont été supprimés en grande partie et des maisons se sont bâties là où croissaient autrefois de beaux ceps de vigne. Cette augmentation de la population fit développer la culture maraîchère et bien des cultivateurs trouvèrent plus productif de cultiver les arbres fruitiers, les légumes et le houblon, que de soigner des vignes dont le rapport est incertain. C'est ainsi que la plupart des vignobles de Liége disparurent et qu'aujourd'hui on ne voit, sur les collines environnant cette ville, que des habitations, des jardins potagers, etc., là où il y a trois siècles s'étendaient des plantations de vignes.
Le voyageur qui parcourt la vallée de la Meuse en aval de Huy et surtout dans les environs de Liége, voit des usines de toutes espèces lançant par de hautes cheminées de longs et épais tourbillons de fumée remplie de poussière noirâtre ou jaunâtre; cette poussière ramassée par la pluie, vient se déposer sur les feuilles des plantes et nuit considérablement à leur développement; nous croyons que l'augmentation des usines et fonderies de fer et de zinc surtout, n'est pas étrangère à la décroissance de la viticulture dans ces parages : les poussières et les fumées meurtrières de ces fabriques finirent par avoir raison de la vigne, les efforts des vignerons furent vaincus par ces ennemis de toute végétation.
Si nous interrogeons un vigneron sur les causes de la décadence de la viticulture, il nous répondra : « la température est diminuée, le climat est changé. » Que faut-il croire de cette assertion ? Les météorologistes ne peuvent nous fournir sur ce point des renseignements exacts, les données thermométriques manquant absolument pour le XVIe et le XVIIe siècles. Cependant, dès la fin du XVIe siècle, le vin recueilli à Louvain devenait de plus en plus âpre et mauvais, de telle sorte que les habitants furent obligés de renoncer à la culture de la vigne; à Huy, en 1812, il est constaté que le raisin ne mûrit généralement pas et que la récolte est souvent détruite par l'inclémence de la température.
Les guerres qui désolèrent les Pays-Bas aux XVIIe et XVIIIe siècles amenèrent la destruction de quelques vignobles; mais si cette branche d'industrie avait été alors florissante, elle aurait continué malgré ce petit arrêt; c'est ainsi qu'après le sac de Liége, en 1468, par Charles le Téméraire, presque toutes les vignes furent détruites, mais elles ne tardèrent pas à être de nouveau soignées. Dans un mémoire destiné à signaler au roi des Pays-Bas les moyens de relever l'industrie viticole à Huy, Fabry explique comme suit les causes de la décadence de la viticulture : « depuis que les armées, sous Louis XIV et aussi sous Louis XV, se chauffèrent du bois de nos vignes, cette intéressante culture reçut le coup mortel, les vins de France se frayèrent le chemin de notre pays et la vigne finit, à très peu près, par sortir du régime des spéculations agricoles. »
La politique ne fut pas non plus étrangère à cette diminution de la viticulture : à Namur, en 1673, quelques vignobles furent détruits dans l'intérêt de la défense du pays, parce qu'ils nuisaient aux fortifications; dans le Brabant, la viticulture aurait été arrêtée par une clause secrète du traité des Pyrénées.
Source :
La RVF, Eude historique sur la culture de la vigne en Belgique 1895 HALKIN
www.belgianwines.com Contact : Vincent de Coninck
http://www.vignes.be/
http://www.wijnkasteel.com/
http://www.chardonnaymeerdael.be/fr/
http://www.boschberg.be/
http://www.kluisberg.be/
http://www.lesvinsderoisin.be/
http://www.vinsdebelgique.be/
http://www.domaine-du-chenoy.com/
http://www.vivat.be/00-00.asp?articleID=359
http://www.villers-la-vigne.be/
Textes de la réédition de l'étude de 1895 relative à l'histoire de la viticulture en Belgique,seule étude exhaustive sur ce sujet réalisée à ce jour ( ISBN 2-9600558-0-2)
L’Etude historique sur la culture de la vigne en Belgique peut être obtenue en Belgique au prix de 15 € (frais d'envoi inclus) par virement au compte 142-0545196-81 de CEPvdqa asbl, fax (02 374 60 34) ou courriel : cepvdqa@advalvas.be
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