mardi 31 juillet 2012

Le Barbier de ses vignes


Le spectacle parait anachronique. L'outil lui-même semble hors d'âge. Sa dernière sortie date sans doute des années 50-60, lorsqu'on désherbait encore à la force du poignet et des bras.



Longtemps, on a attelé cette "décavailloneuse" au cheval, si habile à se glisser entre les rangs serrés. Puis le tracteur a pris la relève. Puis plus rien. Ou plutôt si: la chimie. A tour de bras et sur ordonnance... Et puis, on en est revenu.Cette image singulière prise début juillet sur les coteaux de la Malepère, c'est donc celle d'un retour aux sources. Mais un retour prudent. Parce que la lame, quoique rouillée, est tranchante comme un coupe-chou et qu'en fait de retourner la terre pour étouffer l'herbe, on a vite fait de trancher une racine ou d'entailler un cep.
Il faut donc laisser le métal s'enfoncer avec délectation dans le petit bourrelet de terre qui couvre les ceps - le fameux "cavaillon" - mais en prenant soin d'éviter de blesser le client.

Et c'est ainsi, ce matin là, qu'après nombre de ses confrères adeptes du bio, Frédéric Palacios s'est fait barbier, le barbier de ses vignes... Tanguant dans les rangées, en une danse insolite qui ferait sans doute sourire les anciens. Mais tant pis pour les moqueurs et tant mieux pour ces grenaches quarantenaires: En Malepère, Figaro est de retour.


A propos de cavaillon (ou caoucel en langue d'oc), on pourra lire aussi une "une maille à l'endroit..." chez les Ledogar et l'explication technique de Jean-Baptiste Senat.

Inniskillin; la Sélection Internet de la semaine!


Notre troisième chronique concernant le Site Internet de la semaine Sélection du Tire Bouchon se permet de sortir de la France (les deux premiers honneurs ont été accordés à des sites de ce pays) et vous amène chez nous au Canada! Cette semaine notre honneur est attribué à la maison Inniskillin pour la qualité de son site Internet. Visitez ce lien : http://www.inniskillin.com


Inniskillin est un vignoble important de la région du Niagara en Ontario et ses vins ont remportés plusieurs honneurs sur la scène internationale, notamment pour la qualité de ses vins de glace! Inniskillin est aussi présent en Colombie-Britannique depuis 1994 grâce à un partenariat avec la bande indienne Inkameep (tribu Okanaqueen) dans la vallée d’Okanagan aussi réputée pour ses vins.

Le site Internet d’Inniskillin est raffiné et la navigation est simplifiée au maximum! De plus le site est disponible en anglais, japonais et même en français, ce qui démontre la portée de l’entreprise. J’ai eu la chance de visiter ce domaine en 1995 et déjà à l’époque Inniskillin était un nom en demande.

Le vignoble Inniskillin est appelé le Domaine Brae Burn. Ce nom d'origine gaélique qui se traduit littéralement par « ruisseau de collines », une allusion à l'escarpement du Niagara et à la rivière Niagara. Sur le site Internet ces détails sont élaborés dans la section « Domaine » avec des faits concernant son histoire. On aborde aussi le vignoble et les caractéristiques de son sol.

Le site réserve une section spéciale à ses vins, mais surtout à son vin de glace pour qui on a même élaboré une rubrique sur le comment servir ce vin. La section « Aliments et vin » propose des harmonies entre les vins d’Inniskillin et certaines recettes. Un menu a aussi été préparé par Izabela Kalabis, chef résidente d'Inniskillin et les vins suggérés par Maria Moessner, sommelière du domaine Inniskillin.

Inniskillin et son site ne vous laisserons surement pas de glace devant l’efficacité de sa simplicité!

Le rêve d’un grand vignoble canadien signé Mission Hill.

Lorsque je me suis dirigé vers Westbank le jeudi 24 juin dernier, j’avais déjà effectué près d’une trentaine de visites d’entreprises vinicoles. De plus j’avais probablement dégusté une bonne centaine d’échantillons de vins de ces « wineries ». J’attendais la fin de mon périple dans l’Okanagan avant de faire mon entrée chez Mission Hill Family Estate. C’est un peu comme se garder les smarties rouges pour la fin. En d’autres mots, cela aurait été un peu au détriment des autres établissements, car Mission Hill possède un statut qu’il est difficile d’égaler au niveau des « wineries » au Canada.

Établit depuis 1981 Mission Hill est la propriété du richissime homme d’affaires, Anthony van Mandl. Ce dernier avait un rêve, soit celui de bâtir un domaine qui produirait des vins de niveau international tout en devenant un pionnier dans son pays, un peu à la manière de Robert Mondavi aux États-Unis. D’ailleurs le style des bâtiments du site de Mission emprunte son architecture au réputé domaine de Mondavi de la Californie.

Lors de notre passage à Mission Hill nous avions décidé, moi et ma conjointe, d’arriver plus tôt afin de prendre un lunch au restaurant sur la terrasse qui donne sur une vue magnifique du lac Okanagan avec sa position en élévation. Avec notre repas nous avions opté pour un menu de dégustation avec le vin. Pour accompagner mon repas, une sélection des meilleurs vins blancs du domaine dont le Five Vineyards Chardonnay, le SLC Sauvignon Sémillon et le Perpetua (le chardonnay haut de gamme de Mission Hill). Pour ma conjointe, une verticale d’Oculus soit un 2004, un 2005 et le 2006 avec son canard. Un délectable moment pour nos papilles gustatives et dont le souvenir va demeurer encré dans nos mémoires pour longtemps.

Vers 14 h, nous nous apprêtions à nous diriger vers notre rendez-vous, lorsque sur notre chemin nous avons croisé Mike Lee l’un des sommeliers de Mission Hill. L’homme a l’accent british s’est toute suite empressée de nous proposer une petite marche autour du domaine, ce qui n’était pas de refus après un tel festin.

Mike nous a entrainé vers la tour du domaine (d’une hauteur de 12 étages) où se trouve au sommet quatre cloches fabriqués à la main et provenant de la Fonderie Paccard d’Annecy en France. Chaque cloche est dédié à un membre de la famille immédiate d’Anthony von Mandl, soit son père, sa mère, sa sœur et lui-même. La compagnie Paccard a produit plus de 100 000 cloches au courant de son histoire et c’est la première fois que l’on retrouve l’une de ses cloches au sommet d’une « winerie ». Les cloches résonnent à chaque heure sur le site de Mission Hill, ainsi que pour marquer la demie de l’heure.

Nous avons ensuite emprunté un escalier se dirigeant plus bas et fermé au public, alors que les portes du cellier de style bordelais se sont ouvertes devant nos yeux en état d’émerveillement. Sous terre l’immense cave permet d’entreposer le vin du domaine. Des centaines de barriques entières de vins reposent sous les pieds des touristes qui s’arrêtent plus haut afin d’admirer le clocher. D’ailleurs le nom du vin l’Oculus tire son nom d’une ouverture pratiquée sur un comble de voûte comme en trouve au centre de nombreuses coupoles dans des basiliques que l’on nomme Oculus. Ce faisceau de lumière est présent à Mission Hill et donne donc dans le cellier du domaine.

Une autre curiosité attire l’attention dans cette cave et c’est cet espace réservé au propriétaire qui sert à exposer sa collection de vases anciens et sa réserve personnelle de vin. Quelques spécimens de vases datent de plusieurs millénaires. Le tout est évidemment entouré d’un grillage dont le proprio détient les clés d’accès.
Une autre porte mène vers une salle utilisée pour des réceptions au domaine et dans laquelle est en évidence une majestueuse tapisserie du peintre Marc Chagall et un piano ayant été offert par le pianiste de renom David Foster signé par près de 60 artistes. Par la suite, notre sommelier nous a convié dans une petite salle privée où nous avons pu déguster paisiblement les meilleurs vins de Mission Hill.

Évidemment nous avions triché un brin avec notre dégustation au restaurant, mais nous ne pouvions nous empêcher de répéter ce plaisir. Que dire du savoureux et riche Merlot Small Lot Collection de Mission Hill, un vin qui redonne au cépage ses lettres de noblesse. Nous avons aussi été en mesure de déguster le Compendium qui se veut un produit haut de gamme qui pourrait devenir le second vin phare du domaine, soit l’Oculus. Le Compendium est un mélange de style bordelais soit 52% Merlot, 19% Cabernet Sauvignon, 19% Cabernet Franc et 10% Petit Verdot. Les raisins proviennent des parcelles du domaine situées dans la région d’Oliver et d’Osoyoos. Un vin élégant et complexe qui a déjà obtenu sa médaille d’or du Canadian Wine Award en 2009 pour son premier millésime sur le marché.

Mission Hill s’est vu transformé avec l’injection de plus de 30 millions de dollars dans les dernières années, mais ce n’est qu’une étape si l’on tient compte des projets que visent Monsieur von Mandl, car il a déjà produit la maquette d’un ajout de plusieurs millions qu’il entend injecté dans les 10 prochaines années afin de doter le domaine d’un spa et d’un complexe hôtelier luxueux qui se grefferait à la montagne. Si celui-ci obtient l’aval du voisinage, il pourrait donc amorcer les travaux dès 2011.

Décidemment Mission Hill se confirme comme un domaine de rêve qui se concrétise dans la réalité du décor viticole du Canada. Si vous n’avez jamais osé goûter un vin canadien, c’est que vous vous privez d’un plaisir que vous voudrez renouveler sur une base régulière. Osez dès que vous le pourrez…