mardi 10 juillet 2012

Sur la route du vin des glaces

Du 22 au 30 juin dernier, ma visite dans la région viticole de la péninsule de Niagara, j’ai eu l’occasion de profiter de différents plaisirs de la vie en famille. Nous avons bien entendu admiré les célèbres chutes canadiennes en forme de fer à cheval qui, du haut de leurs 170 pieds, laisse tomber un impressionnant débit d’eau. C’est à bord de la petite croisière Maid of the mist que nous avons pu prendre connaissance à quel point la puissance de l’eau est phénoménale. En dehors de la ville très touristique de Niagara, il y a une attraction tout aussi associée à la région du Niagara, soit son vin de glace.

Bien que découvert par hasard à la fin du 18ème siècle, en Autriche et en Allemagne, alors que surpris par des gelées précoces, les vignerons furent obligés de presser des raisins glacés ce qui allait donner naissance au Eiswein en Europe, c’est au Canada qu’il a gagné ses véritable lettre de noblesse. Le Canada est aujourd’hui le premier producteur mondial de vin de glace. L’aventure canadienne a été entamée en 1973 par Walter Hainle qui a produit le premier icewine et commercialisé la première récolte en 1978, dans la région d’Okanagan en Colombie-Britannique.

La région de Niagara s’est ensuite illustrée en améliorant le produit et en devenant la référence sur la scène internationale grâce notamment à la percée de producteur comme Inniskillin dans certaines compétitions dont le Grand Prix d’Honneur à Vinexpo en 1991 avec leur 1989 Vidal Icewine. Lors de mon passage dans la région, j’ai eu la chance de déguster plusieurs produits chez différents producteurs. Dans la péninsule du Niagara, Royal de Maria se spécialise dans le Icewine. Toutefois j’ai gouté de très bons produits chez Pillitteri, Reif Estate, Cave Spring Cellars, Inniskillin, Thirty Bench, Stratus, Henry of Pelham, Konzelmann et Hillebrand. D’ailleurs le producteur d’origine allemande Konzelmann a été honoré plus récemment par le prestigieux magazine Wine Spectator en faisant le top 100 annuel des meilleurs vins de 2008 avec son Vidal 2006, une première pour un vin du Canada.

Bien que le vidal et le riesling sont les cépages les plus populaires pour le icewine canadien, on utilise aussi le Gewurztraminer, le Pinot Gris, le Chardonnay et le Kerner. Toutefois de plus en plus de cépages en rouge sont aussi utilisés soit du Pinot noir, Cabernet Franc, Gamay et Merlot. Cette tendance en rouge semble présente depuis 4 ou 5 ans seulement et il s’en trouve de très bons résultats.

L’industrie du Icewine est toujours en évolution et depuis l’an 2000, le producteur Pillitteri Estates Winery est devenu le plus important producteur de icewine au monde. Un produit de luxe pour plusieurs car le prix associé à une bouteille de 375 ml est en moyenne autour de 45 dollars. En 2006, le producteur Royal de Maria a mis sur le marché cinq caisses de vin de Chardonnay icewine, dont la bouteille se vendait à 30 000 dollars l’unité. Avouez qu’avec une telle facture pour un vin de glace qu’il y a de quoi refroidir les ardeurs de bien des acheteurs.

Dégustation:Sterling vintners Chardonnay 2005

Nom du vin: Sterling vintners Chardonnay 2005
Cépage: Chardonnay
Producteur: Sterling vineyard
Millésime: 2005
Région: Central coast, Californie
Pays: États-Unis
Catégorie: Blanc
Alcool %:
Date de dégustation: 2008/07
Prix: 18.79$ CAN
Ce vin est disponible au Nouveau Brunswick. (CUP 5010103913232)

La note du Tire Bouchon : 90

Notes de dégustation: J'ai eu la chance de visiter les installations de Sterling vineyard dans Napa, un site d'une incroyable beauté. Le vin est aussi signe d'un grand raffinement. Ce chardonnay est un bel exemple avec ses arômes ou le fruit ne devient pas trop masqué par le fût de chêne. Un vin dont on ne se lasse pas.


Accord mets et vins: Côtelettes de porc, poulet, fruits de mer

Quand Parker s'encanaille...


Robert Parker, c'est connu, aime les vins boisés. Surtout les Bordeaux, qu'il a contraint en quelques décennies à coller à son propre goût. On sait moins que le redouté critique américain (photo à droite) est d'abord un fanatique du Rhone, version Chateauneuf. La charpente, toujours... Stupéfaction - et signe des temps? -, on découvre que le Pape de la dégustation made in wood est capable désormais d'encenser des vins qui ne lui ressemblent pas.

Ainsi, dans la dernière livraison du Wine Spectator, Gauby (Roussillon) reçoit un 97 pour sa Muntada et Jean-Baptiste Sénat (Minervois) un 94 pour son Bois des Merveilles. L'équivalent d'un prix d'excellence dans la notation Parker... Pour l'un de ses plus farouches détracteurs! Car Jean-Baptiste, c'est l'archétype de l'"anti-Parker": Le pro-terroir, le bio, l'opposant farouche à ce fameux "boisé qui fait vendre" et à cette "fausse typicité" qui fait qu'au final "tout à le même goût". Sénat, c'est plutôt Mondovino que Parker and co... Et malgré celà, le Maître lui fait envoyer une brassée de fleurs:
"Ce Bois des Merveilles 2008 est un vin tendre et musqué qui recèle une variété de saveurs exceptionnelle, se pâme la revue américaine. Il allie le parfum des narcisses et des pivoines avec une belle concentration de groseilles et de mûres, y ajoute des notes iodées et tourbées - comme celles que l'on retrouve dans un bon whisky - et termine sur des accents doux-amer de réglisse et de noix. La bouche est ample, longue et persistante. Et l'on ne boude pas la belle fraîcheur qui donne à ce vin l'allure troublante d'un grand de Bourgogne".
Bigre... Ce ne sont plus des fleurs, c'est une couronne! Et voilà que Parker, échappant à sa propre caricature, semble tourner le dos aux cuvées puissantes qu'il a adoré pour emprunter des chemins de traverse et couvrir de lauriers un vin frais à dominante de carignan, discrètement poivré de mourvèdre. Patiné en (vieux) fûts de chêne, certes... Mais si discrètement que l'on n'y sent jamais le bois. C'est plus qu'une évolution... Presque une révolution! Flatté, le Senat le rebelle?
"Bien sûr, certains diront que ça ne sert à rien, réplique le vigneron de Trausse... Mais à nous, oui, bien sûr, ça nous fait plaisir!"
Moralité: Robert serait infiniment plus ouvert qu'on ne le dit... Et Jean-Baptiste Sénat, bien plus fréquentable qu'il ne se plaît à le laisser penser. Deux infos en une.