lundi 20 août 2012

Entre les grappes: vos échos de la vigne

Les français se payent les américains
Le domaine du vin est une affaire de gros sous et il est donc naturel d’assister à des prises d’acquisition. La France explore au-delà de ses frontières et se tourne de plus en plus vers la Californie et particulièrement Napa Valley pour tenter sa chance. Le Cos D’Estournel second vin dans la région de Saint Estèphe a donc fait l’achat du Château Montelena dans la région de Calistoga. Le wine enthusiast rapporte cette achat en citant que certaines sources sur Internet avançaient le chiffre de 110 millions de dollars pour cette transaction.


Le rosé voit la vie en rose
Le vin rosé a longtemps été considéré comme un vin de piquette juste bon pour un repas ordinaire ou pour faire changement de la bière sur le bord de la piscine. Depuis 5 ans le vin rosé connaît une progression vertigineuse de ses ventes en France, au point de susciter l'intérêt de toutes les régions viticoles. En dix ans, la consommation serait passé de
de 8% du total des vins à 21% chez nos cousins en Provence. Sur le site de cyberpresse un correspondant de l’Agence France-Presse explique ce qui a causé cette ascension du rosé chez les consommateurs.


Les vins maltraités
Le prochain numéro sur les tablettes du magazine britannique Decanter passe à tabac certaine boutique de vins de haute qualité qui offrent des vins qui doivent subir des températures au-delà de la norme recommandée d’au moins 18 Celcius. Certains établissement visité offrait un Chateau Ducru-Beaucaillou 1995 et un Graham's 1955 port à 22 C. Pour des bouteilles à plus de 100 dollars pièce, disons que c’est un manque flagrant d’éthique envers leur clientèle.

Domaine Vincent Stoeffler

Rien de tel que pour se remonter le moral (voir visite du matin ci-dessous), que de rendre visite au domaine Vincent Stoeffler à Barr.

Accueilli super chaleureusement par Sandrine, nous allons re-re-re-regoûter la gamme des vins de terroir de ce domaine en biodynamie possédant une vaste gamme homogène et très convaincante et le tout avec des prix très très doux. En outre, la liste des vins indiquent par un indice allant de 1 à 5 si les vins sont secs. Bravo!

Parmi les rieslings lieu-dit sur 2008 nous avons goûté le Kronenburg et le Muhlforst. Deux expressions de riesling de terroir sec et racé, ma préférence aujourd'hui est allé au Muhlforst avec un surplus de dynamisme et une finale plus pure que le Kro' qui offrait une pointe de verdeur. Des vins a 8,80€. Avouez qu'il serait vraiment dommage de s'en priver!

Quant aux grands crus en 2008, match au sommet entre le riesling Grand Cru Schoenenbourg et le Kirchberg de Barr (toues les deux à seulement 13,40€, un vrai cadeau!). Le Schoenenbourg offre une bouche plus sphérique, plus dans l'opulence et un registre florale séducteur. Le Kirchberg est tout en droiture et minéralité tranchante. Un vrai régal de terroir.

Avant de terminer sur les pinots noirs, passage obligé par le Crémant d'Alsace Blanc de blancs Brut 2005 (10,80€): un quasi pur chardonnay qui ferait pâlir bon nombre de champagne de la cote des blancs. Quelle minéralité et droiteur en bouche! Son nez toasté est tout en finesse. Un grand régal!

Le Pinot Noir Lieu-dit Rotenberg 2008 (9,80€) est un régal de fruit dans le sens le plus noble du terme. L'expression la plus juste à mon sens d'un grand pinot noir alsacien. Une symphonie de fruits rouges (cerise) soutenue par des notes toniques de réglisse nous bercera bien longtemps après que la bouteille soit glouglou. Le Pinot Noir cuvée XXC (pour Vingt Cent = Vincent!) est plus dense, plus fermée. Je suis surpris d'apprendre que l'élevage est strictement identique entre ces deux cuvées. Mais ma préférence va clairement au Rot' avec son côté aérien divin!

Chapeau bas Vincent et toute son équipe pour tes vins de terroir qui font honneur à notre région. Tout en modestie, pragmatisme, discrétion et rigueur, ce domaine ira très loin et est en progression constante. A suivre....

Domaine Albert Boxler

Première visite au domaine Albert Boxler à Niedermorschwihr. Reçu par la femme de Jean Boxler, nous sommes installés dans la salle à manger dans une ambiance très familiale (le petit dernier trônant au début sur la table :-). D'emblée, je vois que la nappe bleu ciel ne nous permettra pas d'apprécier au plus juste la robe des vins.

Première déception: bien évidemment il ne reste plus grand chose à vendre et notamment quasiment aucun riesling sec. Il nous faudra repasser en novembre / décembre pour pouvoir profiter de la gamme complète des rieslings du Sommerberg et du Brand.

Le domaine fait 60% d'export (principalement vers les USA et les pays nordiques) mais garde 40% pour sa clientèle fidèle qui achète en direct. Tout à l'honneur du domaine qui souhaite garder un lien direct avec sa clientèle "locale". Sa renommée grandissante n' a rien changé à ça. Bravo!

Deuxième déception: l'entrée de gamme en 2008 m'a pas mal déçu et n'est pas du tout à la hauteur d'un domaine si réputé. Que ce soit le sylvaner, le pinot blanc ou le riesling, certes les acidités sont très vives voire tranchantes (ce qui n'est pas étonnant vu le millésime) mais les fins de bouche sont vertes et laissent une amertume pas des plus nobles. En outre, les quelques sucres résiduels du pinot blanc n'étaient pas les bienvenus. Quand est-ce que l'Alsace se réveillera et arrivera à faire des vins secs?


Parmi les peu de grands crus disponibles à la dégustation en ce mois d'août, on attaque par le Riesling Grand Cru Sommerberg Jeunes Vignes (JV) 2008 (15€). Enfin un vin qui me parle. La trame acide est belle et le vin est élancé. Par contre les jeunes vignes de 15 ans ne donnent pas toute la profondeur et la complexité que l'on attend de ce grand terroir. Assez bien, mais quid de revendiquer la notion de grand cru sur de si jeunes vignes.

Viennnent ensuite deux GC en pinot gris:
  • Pinot Gris GC Sommerberg 2008 (20€)
  • Pinot Gris GC Brand 2008 (20€)
Match aisément remporté par le Brand avec son surplus d'acidité et de fraîcheur. Les deux vins présentent une belle longueur mais ne laissent toutefois pas une impression mémorable. Les attaques sont un peu lourdes (particulièrement sur le Sommerberg) et le relais acide se fait un peu attendre. Aromatiquement on pourrait s'attendre à plus de complexité. Assez bien.

Je ferai impasse sur les gewurztraminer pour parler en dernier du Riesling Grand Cru Sommerberg Vieilles Vignes Vendanges Tardives 2005 (30€). Le vin qui m'a le plus plu dans cette matinée ma foi assez laborieuse. Tout est là pour en faire un grand vin dans 10 ans: densité et côté aérien, acidité/minéralité sous-jacente. Les sucres résiduels vont être un challenge pour la gastronomie mais en feront un beau vin de méditation quand ils seront un peu plus fondus. Bien

Conclusion: vous l'aurez compris, cette dégustation aura été placée sous le signe de la déception: verdeur des vins d'entrée de gamme, sucres résiduels beaucoup trop présents dans les pinots, condition de dégustation pas des meilleurs (sans doute venir en été n'est pas une bonne idée avec le ballet incessant des visiteurs au domaine). Une fois de plus, il ne faut pas se fier aveuglément au guide vert de la RVF qui attribue à ce domaine 3 étoiles.