lundi 30 août 2010

Un Autrichien pour mes huîtres

Quand on pense aux accords mets et vins, plusieurs classiques nous viennent en tête. Le plus commun de tous est le muscadet de la Loire et les huîtres.

J'étais au restaurant et j'avais douze huîtres à partager. Et il n'y avait aucun muscadet au verre proposé sur la carte. L'alternative? Un autrichien plutôt sympa, le Lois, Fred Loimer, Grüner Veltliner, Kamptal, 2009.

L'Autriche produit en majorité des vins blancs. Le tiers de sa production est représenté par un cépage autochtone appelé le grüner veltliner.

C'est un cépage très frais qui offre une belle acidité. Il est, a priori, agréable avec des huîtres. Mais son côté fruité en bouche s'apprécierait davantage à l'apéro ou sur des pâtes aux agrumes.

Revenons à ce vin de Fred Loimer:

Une robe d'un jaune clair.
De petites fleurs blanches qui offrent un nez tout simple.
Doux en bouche. Assez long. Notes de pomme.
Une acidité soutenue, mais pas franche.

Une belle idée de M sur Masson que d'offrir cet autrichien au verre!
Je l'avoue, l'Autriche n'est pas le rayon de la SAQ que je fréquente le plus souvent.

Puisque le Lois de Fred Loimer est une importation privée de la maison Le maître de chai, je me suis tournée vers un autre domaine pour accompagner mes huîtres ce soir. Pas besoin de dépenser une fortune pour goûter le cépage autochtone, le grüner veltliner. Sept choix entre 13,70$ et 21,25$ sont disponibles à la SAQ.

Ici, le Gobelsburg vient de la même région que le Lois, le Kamptal en Basse-Autriche.

Même acidité plaisante. Une certaine minéralité.
Un nez encore très floral avec un peu de lime.
Petit côté fruité, voire même sucré en bouche.

Tenons-nous le pour dit, ce n'est pas très long, c'est simple, mais tellement honnête!

C'était une belle tentative que d'oser sortir des sentiers battus pour ces huîtres.
Un muscadet aurait été mieux, mais au fond, l'important, c'était le plaisir de déguster.

Gobelsburg Grüner Veltliner Kamptal qualitatswein trocken 2009 , Code SAQ : 10790317, 15,30 $

samedi 28 août 2010

Question de millésime

Nous avons reçu le week-end dernier une bouteille pour souligner la naissance de notre fils. La bouteille : Arthur Chardonnay Domaine Drouhin Orégon 2007.

J'ai proposé de mettre la bouteille en cave quelques années et, avec un peu de chance, nous pourrions la déguster avec lui quand il aura l'âge de raison. Jérôme, qui nous a offert la bouteille, m'a demandé comment savoir si nous pourrions la garder si longtemps.

Il y a plusieurs façons. Voici quelques pistes.

La première est de suivre, après chaque vendange, le résultat des dégustations dans les régions viticoles qui nous intéressent. Dans les mois qui suivent, un portrait du millésime commence à se préciser. On peut ainsi savoir qu'en Orégon, en 2007, les vins étaient de bonne qualité, mais de garde moyenne.

On s'intéresse aussi aux producteurs. Est-ce que le vigneron a trié sa récolte pour ne garder que les meilleurs raisins? Est-ce qu'une partie de ses vignes a reçu de la grêle? Les réponses permettent d'évaluer les meilleurs années et de connaître les potentiels de garde.

La deuxième est de se fier aux experts. Ces Robert Parker et compagnie dressent un portrait global des régions et de leurs produits. Ils publient périodiquement un tableau des millésimes qui nous indiquent si l'on doit garder ou boire les vins. Plusieurs vignerons révèlent aussi sur leur site internet leurs perspectives concernant la garde de leurs vins.

La troisième, et la plus intéressante, est de goûter le vin. Quand on achète plusieurs bouteilles d'un même vin, on déguste la première pour évaluer son potentiel de garde. Que se cache-t-il derrière les tannins? De la barrique, du fruit, rien? Et ce blanc, saura-t-il davantage s'ouvrir? Garder son équilibre? Avec l'expérience, on finit par être capable d'évaluer chaque bouteille, en considération avec la région, le producteur, etc.

Ne connaissant que très peu l'Orégon, j'ai consulté le tableau des millésimes de Robert Parker. J'ai appris que mon petit Arthur ne pourra boire cette bouteille avec nous. Car le millésime 2007 est déjà prêt à être dégusté.

Dommage pour Arthur, mais bonne nouvelle pour Jérôme, qui pourra la savourer avec nous.

Le Domaine Drouhin en Orégon est la propriété de la maison Joseph Drouhin. Cette famille possède un nombre considérable de grands et de premiers crus en Bourgogne. Ses chardonnays sont honnêtes et de belle qualité.

Je vous en donnerai des nouvelles.

jeudi 26 août 2010

Le Sainte-Croix de Manon


Il y a quelques semaines, je vous ai parlé de mon vin de tous les jours, le Sainte-Croix.

Aujourd'hui, je vous présente le vin à petit prix de mon amie Manon, le Mezzacorona Reserva Teroldego Rotaliano 2006.

Fervente dégustatrice, elle nous a servi ce vin en fin de soirée. La bouteille était ouverte depuis la veille. Très épicé, long, suave, bien fait…bref, un excellent vin! Quelle ne fut pas ma surprise lorsqu'elle m'a dit le prix: 14,95$.

Un bon italien à ce prix-là valait l'achat de quelques bouteilles. Mais lorsque j'en ai ouvert une chez moi, j'ai été un peu déçue. Fermé un certain moment, il a fallu le passer en carafe pour en faire sortir les arômes.

Alors, c'est ce que nous avons fait pour accompagner notre fougasse maison : roquette, basilique, tomates, jambon de Bayonne, mozzarella et basilic du jardin. Après deux heures en carafe, voici le résultat:

Une robe violacée, assez opaque.

Un nez de bleuets, de mûres et même un côté cassonade, prunes, très enveloppant.

En bouche, on est toujours sur le bleuet. Je dirais même une tartine de confiture aux bleuets. Puisqu'il y a une odeur de grillé, de bois, de vanille. Tout cela est bien agréable!

On a de la longueur à souhait. Une finale épicée, qui me rappelle le ras-el-hanout- ce mélange d'épices marocain très parfumé qui peut contenir jusqu'à 50 épices. Avec cette épice, on peut faire un dessert exquis dont je vous donnerai la recette dans quelques jours.

Bref, Manon avait vu juste, ce vin est honnête et présente un bel équilibre.

Spécialiste des vin italiens, elle connait bien le Trentin-Haut-Adige, cette région du nord de l'Italie dans laquelle on trouve la chaîne des Dolomites. Bordée au nord par l'Autriche et à l'ouest par la Suisse, c'est un lieu montagneux et propice aux vins blancs. Sa production augmente d'ailleurs constamment : chardonnay, pinot gris, muscat.

Mais c'est un cépage indigène rouge qui se démarque ici, le teroldego. Exclusif à ce terroir, le teroldego est vinifié seul et a obtenu en 1971 sa propre DOC (Denominazioni di Origine Controllata), la Teroldego Rotaliano,

Une découverte idéale pour les journées où l'art de « dolce far niente », est à l'honneur.

Merci Manon!

Mezzacorona Reserva Teroldego Rotaliano 2006 , Code SAQ : 00964593, 14,95 $

lundi 23 août 2010

La fraise en confiture

Tel que promis, on revient sur la fraise.

Son arôme se décline en deux volets. La fraise que l'on cueille fraîche est celle que l'on retrouve dans les rosés. Un Tavel du Sud de la France ou dans notre verre de seyval noir du Québec par exemple. Mais aussi dans certains vins rouges comme un gamay du Beaujolais ou dans un merlot.

Puis la fraise confite, que l'on retrouve particulièrement dans les pinots noirs bourguignons ou néozélandais. Dans une confiture bien cuite et dense, la fraise rappellera les effluves d'un verre de porto.

Il reste encore de délicieuses fraises d'automne au marché. Il n'est donc pas trop tard pour vous lancer dans la confection de la meilleure confiture de fraises du monde.

Voici donc, la recette de Nicole:

12 casseaux de fraises (peu importe la quantité, l'important c'est d'avoir la même quantité de sucre)

Laver les fraises, les égoutter, les équeuter.

Peser les fraises et ajouter la même quantité de sucre sur ces dernières.
(Si elles sont très grosses, je vous suggère de les couper en deux.)
Laisser reposer toute la nuit.

Ne pas cuire plus de quatre livres à la fois.

Dans un chaudron épais, partir à feu doux.
Lorsque le sucre est fondu, mettre le feu moyen-élevé.
À ce stade, ne plus brasser.

Monter la température à 220℉ (vérifier avec un thermomètre à bonbons) et laisser bouillir à ce degré pendant huit minutes.

Retirer du feu et laisser reposer.

Enlever doucement l'écume et laisser refroidir avant d'empoter.

À vos chaudrons! Et merci Nicole.

dimanche 22 août 2010

Quoi, un Québécois?!!!

Mes beaux parents nous avaient donné rendez-vous autour d'un rosé chez moi. Par contre, je n'avais ni rosé à la maison ni le temps de passer à la SAQ. Je m'attendais donc à ouvrir un rouge.

Mais puisque mes invités sont prévoyants, ils avaient dans leur sac une bouteille de rosé. L'étiquette était jolie. Le vin rafraîchissant et simple.

Et comme je prenais des notes dans mes pensées pour vous écrire ses quelques lignes, coup de théâtre : un rosé québécois! Champs de Florence du Domaine du Ridge à Saint-Armand près de la baie Missiquoi.

À l'aveugle, on aurait pu confondre ce Québécois à un rosé français ou américain. En un mot: c'est bien fait!

Une robe couleur pétale de rose assez foncée.

Au nez, des fraises, des fraises et encore des fraises. Un petit piquant rappelle étrangement le wasabi.

Une fois en bouche, c'est doux et pas trop sucré. On continue sur la fraise. La rose se taille une place sur une trame qui me rappelle mes groseilles.

Servi bien frais, il a ravi tout le monde autour de la table.

J'ai souvent fait la surprise à des amis, en dégustation à l'aveugle, d'introduire un vin québécois. C'est toujours pour moi une fierté de faire découvrir ce que des passionnés du vin réussissent à accomplir dans un climat aussi difficile que le nôtre.

Depuis 20 ans, le Québec se voit enrichir de nouveaux vignobles. Les techniques se peaufinent, les cépages sont mieux travaillés et les vignerons prennent confiance en leur produit.

Notre Société des alcools commence à peine à mettre l'épaule à la roue pour mousser les produits québécois, contrairement à la LCBO, son équivalent ontarien. Pourtant, la SAQ demande une fortune aux vignerons pour vendre leurs vins sur ses tablettes.

Ici, le rosé est fait de seyval noir, un cépage très productif qui donne des vins clairs et légers. Curieux? La beauté des vignobles québécois, c'est que vous pourrez dans un mois, aller voir de vos propres yeux les grappes de seyval noir. Ou même, les vendanger. Tout est possible!

Mais en attendant les vendanges, pour bien vous imprégner de l'odeur et de l'arôme de fraises, je vous donne demain la recette de confitures de fraises de belle-maman. Avec ça sur vos tartines, il ne sera plus possible d'oublier ce goût exquis et les odeurs de seyval noir.

Champs de Florence Domaine du Ridge vin rosé 2009 , Code SAQ : 00741702, 14,75 $

jeudi 19 août 2010

Chéri, on sort le melon!


C'est toujours un plaisir d'ouvrir une bouteille de vin d'Alsace. Puisque c'est dans cette région viticole, plus précisément à Turckheim, que le monde du vin s'est ouvert à moi.

Gewurztraminer, riesling, pinot gris…enfin je découvrais cet océan de différences et de saveurs, très loin du « Harfang des neiges » que mes parents buvaient à la maison.

Le vin d'aujourd'hui n'est pas un de ces Alsaciens qui font la renommée de la région. C'est plutôt un vin tout simple, le Andante, gewurztraminer/muscat, Cave de Ribeauvillé, Alsace 2008.

D'abord, l'idée d'un assemblage muscat et gewurztraminer m'a enchanté.

Mousseux, liquoreux ou sec, le muscat séduit par son intensité autant gustative qu'olfactive. Quant au gewurztraminer, appelé aussi savagnin rose, il se caractérise par ses notes épicées- comme le mot gewürzt (épicé) en allemand l'indique.

Ensuite, la cave Ribeauvillé est très réputée. L'une des plus ancienne de France, elle a toujours misé sur la qualité des raisins et la finesse du terroir.

On pouvait donc s'attendre à de belles choses de cet Andante.

Pour commencer, une robe couleur paille, brillante, aux reflets verdâtres.

Un nez splendide sur les fruits tropicaux: mangue, ananas.
Beaucoup de melon miel et une impression de froid. Un peu comme de la menthe.
On ne se lasse pas de plonger le nez dans son verre, de faire danser la robe et d'y replonger le nez.

On le passe en bouche et on reste un peu sur notre appétit.
Tout le miel et les saveurs que pourrait nous apporter le muscat passent sous silence. Autre ombre au tableau, c'est un peu vineux.

Toutefois, l'équilibre sucre/acidité est atteint. Sa finale un peu sucrée, muscatée, n'alourdit pas la bouche.

Il est évident que l'on recherche toujours un maximum de qualité pour le coût du vin. Ici, à 13,30$, l'objectif est atteint. Beau et bon, pour un « primeur », et surtout, pas cher.

Avec quelques fruits, viandes froides ou noix, cet Alsacien mettra du soleil sur votre apéro. Chez nous, on a sorti le melon. Un peu comme on le fait dans le sud de la France avant le repas. Ça rappelle les notes reconnues au nez et ça prolonge l'été de quelques heures.

Andante Collection Martin Zahn Alsace 2009 , Code SAQ : 10667503, 13,30 $

Sardaigne, Sella & Mosca, Monteoro Vermentino di Gallura 2008

L'Île: Sardaigne
Cette île italienne, deuxième plus grande de la mer Méditerrannée (46ième plus grande au monde) fait partie d'une micro-plaque continentale appelée bloc corso-sarde, qui originellement était attachée à la Provence. Elle doit probablement son nom au général Sardus, chef d'Afrique du nord qui s'établit au sud de l'île lors de la domination romaine.
On retrouve sur cette île une des 50 D.O.C.G: Vermentino di Gallura ou Sardegna Vermentino di Gallura, en plus de 19 D.O.C. et de 15 I.G.T.. 
La vigne s'étend sur 43000 hectares dont 7300 sont en appellation.
La production annuelle moyenne est de 1.2 million d'hectolitres, dont 10% est en D.O.C., et 60% en blanc.





Le vignoble: Sella & Mosca
Cette maison plus que centenaire possède 650 hectares dont 550 sont en production. Fondée par un ingénieur et un avocat, tous les deux piémontais, le domaine fût acquis par Gruppo Campari en 2002. On y produit plus de 25 vins différents, surtout avec des cépages autochtones.

Le vin: Monteoro Vermentino di Gallura Superiore 2008


Cette appellation du nord de l'île, est caractérisée par un sol granitique. Le Vermentino que l'on retrouve ici comme en Corse, en Toscane et en Ligurie est un cépage vigoureux à la maturité tardive, qui se mange frais ou séché et dont on fait des vins blancs secs tranquilles. On l'appelle ici Vermentinu comme en Corse et viendrait d'Italie selon les études récentes alors que l'on le croyait d'Espagne. À la dégustation, ce vin jaune pâle moyennement aromatique aux arômes de fruits blancs (pomme et poire) et de fleurs blanches (acacia et jasmin) sur une trame minérale nous invite à le boire. Après une attaque franche, les mêmes arômes se présentent avec l'impression de sucer ce fameux granite. Rien n'accroche ou ne prédomine tout au long de la mise en bouche, alors qu'alcool (13.5%), acidité et le fruit sont en harmonie jusqu'à la finale typique mi-amère. En apéritif, servi à 6 degrés Celsius ou un peu moins frais avec des fruits de mer pas trop relevés, accompagnés des amis anisés tel que le fenouil ainsi que les catalyseurs d'alliance comme l'huile d'olive ou les pignons de pin. 



Code SAQ: 11299861


lundi 16 août 2010

Un autre verre? Non merci.


Par hasard, je suis tombée sur ce gamay de la Loire, Domaine de la Charmoise Touraine 2009 de Henry Marionnet. Cette région du nord-ouest de la France, bien connue pour son muscadet, cultive la moitié de ses vignes pour la production de vin blanc.

Du côté des rouges, ce sont les pinots noirs et les cabernets francs qui sont généralement à l'honneur. Mais dans l'appellation « Touraine », le gamay - emblème du Beaujolais- est autorisé pour les vins dits « primeurs » autrement dit, mis en vente la même année que la récolte.

Mais ce qui m'a accroché, c'est l'inscription au dos de la bouteille « Selon Robert Parker, Henry Marionnet est certainement l'un des meilleurs vivificateurs de France. »

Il n'en fallait pas plus, à 15,15$, pour piquer ma curiosité et apporter cette bouteille à la maison.

Aux premiers coups d'oeil, la robe est plutôt foncée pour un gamay.

Au nez, rien à voir avec les petits fruits du gamay conventionnel. C'est sanguin, ferreux, humide. Une odeur de sucre s'en dégage. Ce n'est pas agréable du tout!

On y décèle aussi un peu d'épices, je dirais de la cannelle et des notes de mûres.

En bouche, c'est fade. Des tannins et des fruits plutôt absents. De l'acidité plutôt gênante. Bref, rien d'invitant.

Le vin a été travaillé en cuve inox, donc pas de bois.

Déçue, certes, mais intriguée, « qu'est-ce que Parker peut bien lui trouver? »
Je jète un coup d'oeil sur le site internet de ce fameux Marionnet et ma déception se prolonge, voici quelques extraits:

- cueillie à la main avec beaucoup de soin et cela presque exclusivement par des femmes
- sa légèreté d'abord, qui permet de le boire à grandes rasades
- vous vous sentirez bien en le dégustant

Bizarre…

Est-ce que Marionnet fait des miracles avec ses autres cuvées? Est-ce l'été 2009 qui ne lui a pas rendu service? Est-ce ma bouteille qui a mal voyagé?

Son seul point positif, le taux d'alcool n'est pas trop élevé, seulement 12%.

Avec quelques bleuets et du chocolat au piment d'Espelette, j'ai pu finir mes quelques gorgées, sans plus. Je retourne mon verre, pas la peine d'en boire davantage!

Gamay Domaine de La Charmoise Touraine 2009 , Code SAQ : 00329532, 15,15 $

vendredi 13 août 2010

Un peu de piquant sur mon cru bourgeois supérieur

Mon amoureux avait rapporté cette bouteille de Château la Tour Marbuzet, St-Estèphe, 2005 de Paris. Le marchand de vin lui avait vendu 30euros (environ 45$) en 2008.

Il l'avait mise en cave et attendait le bon moment pour l'ouvrir.

Et ce moment choisi, c'était cette semaine. Après deux mois passés 24h/24 ensemble, il retournait au travail. Une belle occasion de finir ce congé en beauté!

Comme un enfant, il tournait autour de sa bouteille, heureux et excité d'enfin l'ouvrir. Le bouchon a sauté et les souvenirs de ses balades à Paris et de sa visite chez le marchand de vin ont refait surface.

Nous nous sommes empressés de mettre le nez dans nos verres. Quelle explosion de cassis, de bleuets et de poivre blanc! Avec l'aération, une pointe végétale s'exprimait, suivie de cannelle et de cassonade.

Si le nez de ce Marbuzet nous avait séduit, la bouche nous réservait aussi ses charmes. Suave, moelleux, épicé, le vin était à point. Les tannins, soyeux sur le palais, offraient un vrai délice pour cette superbe longueur en bouche.

En finale, des notes de cacao et du poivre.

C'est ce dernier qui nous a guidé vers un repas qui se devait à la hauteur de cet excellent vin et de cette remarquable occasion.

Si vous aimez les repas relevés et piquants, le poivre chinois appelé « poivre de Sechuan», « poivre anisé » ou « fagara » peut être une découverte intéressante.

Le poivre de Sechuan est un petit fruit séché d'un frêne chinois. Ces baies piquantes ont aromatisées à souhait nos côtelettes d'agneau. Mais attention, si vous voulez goûter votre repas et votre vin, surtout n'en mettez pas trop! Cette épice est intense.

Aucun remord d'avoir ouvert la bouteille. Bien que les Bordeaux s'apprécient davantage en vieillissant, les crus bourgeois dits «supérieurs» comme la Tour Marbuzet, se boivent généralement plus tôt. En revanche, les crus bourgeois qualifiés d'«exceptionnels», comme la version haut-de-gamme de notre vin, gagneront à être laissés en cave.

Le Château la Tour Marbuzet fait en effet partie de la grande famille du domaine Château Haut-Marbuzet, un cru bourgeois exceptionnel produit par Henri Duboscq.

Alors, si jamais vous tombez sur l'une des rares bouteilles de Château Haut-Marbuzet disponibles à la SAQ, vous mettrez beaucoup plus que 45$. Et vous attendrez plus longtemps avant de la boire. Mais j'imagine que l'expérience en vaudra les quelques 149$.

Pour les plus petits budgets, la découverte du poivre de Sechuan fera aussi l'affaire pour accompagner un Bordeaux. Bonne dégustation!

Château Haut-Marbuzet Saint-Estèphe cru bourgeois 2005 , Code SAQ : 10654702, 149,00 $

mardi 10 août 2010

Un Allemand pétillant!

Mon éminent collègue Marc-André Gagnon proposait en juin dernier cette bouteille de vin allemand : le Dr. L. Loosen, Riesling 2009.

L'Allemagne fait de beaux vins de grande qualité. Ils tendent vers des taux d'alcool plutôt bas, ce qui change des 15% à la mode.

Le riesling est leur cépage-roi. On le reconnaît par ses notes pétrolées et minérales.

Sur les rives du fleuve Moselle, le riesling est dans son lieu d'origine. C'est un cépage avec beaucoup de classe qui peut donner des vins magnifiques. Il vieillit admirablement et se prête bien aux vendanges tardives.

Ce vin de Dr. Loosen a la robe plutôt aqueuse, et le nez, difficile d'accès. Il reste discret voire absent un certain temps.

Alors la bouche? C'est la texture qui fait ce vin. Il y a des traces de gaz carbonique, donc ça pétille sur la langue. Cela le rend aérien et festif. C'est assez gras sur le palais et la longueur est remarquable. Le sucre se fait sentir en finale, mais rien pour l'alourdir.

Il laisse deviner des notes de fruits exotiques. Or, tel que mentionné, ce n'est pas le fruit qui est remarquable dans ce vin, mais plutôt sa texture.

À 8,5% d'alcool, la bouteille se vide sans histoires.

Servir avec un pâté un peu sucré sur du pain frais ou tout simplement avec une salade de fruits en fin de repas. Bon et simple!

Marc-André suggère: « D'expérience les rieslings allemands légèrement sucrés vieillissent superbement. » À 14$, pourquoi ne pas en oublier quelques bouteilles dans la cave?

Dr.L Loosen Bros Riesling Qba Mosel-Saar-Ruwer 2009 , Code SAQ : 10685251, 14,00 $

( Si vous ne connaissez pas Marc-André Gagnon, je vous invite à visiter son site web. Il est selon moi un des meilleurs dégustateurs du Québec et j'ai la chance de le compter parmi mes amis.)

dimanche 8 août 2010

Un sauvignon aux effluves de pamplemousse


On m'avait servi ce sauvignon néo-zélandais, le New Harbor, avec un poulet aux agrumes. Nous avions tombé sous le charme: une acidité plaisante, un fruit gourmand, une belle texture. Bref, un bon vin!

Nous l'avons goûté de nouveau quelques jours plus tard à la maison, sans accompagnement.

Une robe plutôt jaune pâle. Un nez d'agrumes, de fleurs blanches, de violette, avec un certain côté végétal, herbacé.

L'acidité volatile est frappante au nez. (Je suis très sensible à ce composé du vin. De façon générale, nous ne devrions pas sentir l'acidité volatile. Mais quand le vin est très acide en bouche, des traces peuvent être perceptibles.)

Le vin une fois en bouche confirme ce que nous avait indiqué le nez: l'acidité est vorace. C'est bien sec.
Les agrumes sont là, en particulier le pamplemousse rose.

Plus le vin devient chaud, plus il tend vers une texture et un goût de jus de fruit. Je dirais un jus de fruits de la passion.

Le vin vient de la région de Marlborough, qui a mis en lumière les vins néo-zélandais, en particulier les sauvignons. Fraîcheur et explosion de saveurs sont leur marque de commerce.

Il va s'en dire que ce vin correspond tout à fait à sa région.

Pour ma part, difficile de le prendre seul. Toutefois, avec une entrée de salade tiède de petits pétoncles avec pamplemousse ou du poulet citronné, il fondra sur vos papilles.

Si vous décidez de tenter le coup, voici mon entrée de pétoncles:

Caraméliser des oignons dans une poêle.
Ne pas mettre le feu trop élevé.
Ajouter les légumes qui vous tombent sous la main : courgettes, poivrons rouges, fèves germées.
Une fois que les légumes sont bien tombés, ajouter les pétoncles (de préférence petits).
Déglacer avec un peu de vin blanc et ajouter une petite quantité de sauce soya.
Finir avec le jus d'un demi pamplemousse pressé.
Laisser tiédir.

Avant de servir sur du pain ou sur des biscottes, ajouter les suprêmes de votre autre moitié de pamplemousse.

Promis, avec votre sauvignon de Nouvelle-Zélande, vos papilles en redemanderont!

Sauvignon blanc New Harbor Marlborough 2009 , Code SAQ : 11184992, 15,35 $

vendredi 6 août 2010

Un peu de Romanée-Conti pour 25$


Lors de la récolte des fruits d'été, notre maison devient un champ de bataille de pots Mason, de sucre, de cuillères en bois et de baies. Mon amoureux se lance dans la confection de confitures qui nous réchaufferont tout l'hiver.

Une fois ces délicieuses framboises mises en pots, il faut bien un pinot noir pour nous les rappeler.

Au grand malheur de mon portefeuille, je suis une adepte des vins de Bourgogne. Un pinot bourguignon, lorsque bien fait, c'est de la haute-couture en bouche. Délicat, fin, savoureux. Le bois ne marque pas. Ni les tannins. C'est une longue robe de soie qui s'éternise sur les papilles.

Pour goûter à cela au Québec, il faut mettre le prix. Pas étonnant que pour un budget d'une vingtaine de dollars, plusieurs choisiront une autre région.

Mais quand on aime la Bourgogne, on y met parfois le prix.

Ici, pour 25,65$, on a un pinot bien correct. On est loin de la robe soyeuse et du nectar de la Côte de Nuits. Mais à ce prix, on est mal venu de s'en plaindre.

C'est un vin de la Côte Chalonnaise.

Avec sa robe violacée difficile de démentir la jeunesse du millésime - 2008. Au nez, des notes de griottes et beaucoup de menthol. (Le menthol, une odeur caractéristique chez certains vins qui tend à disparaître avec l'âge. Par chance!) On y trouve aussi un peu de viande crue, et des framboises.

En bouche, ce n'est pas très complexe: du fruit, du fruit. C'est très charmeur et délicat. La longueur est surprenante. Mais surtout, c'est totalement notre confiture de framboises.

Pour ceux qui n'ont pas eu le temps de se faire des réserves de confiture, ce pinot bourguignon saura rappeler les saveurs estivales.

Si on le boit maintenant, avec un porc nappé d'une sauce aux framboises, le prix en vaudra la peine.

Les snobs du vin y trouveront leur compte, eux aussi. Ce verre de Côte Chalonnaise contient un peu de… Romanée-Conti, la bouteille la plus chère du monde. Le propriétaire du domaine, Aubert de Villaine, est en effet le co-propriétaire de la mythique maison.

Bourgogne La Fortune A.&P. de Villaine 2008 , Code SAQ : 00918219, 25,65 $

mercredi 4 août 2010

De l'Albariño au litchi en passant par la rose

En général, les gars autour de ma table ne raffolent pas du vin blanc. Mais, ils ont vite trouvé le fond de cette bouteille de Raimat costers del Segre 2006 Chardonnay/Albarino. (Le millésime 2006 cède peu à peu sa place au 2009 en ce moment).

Attrayant avec sa robe aux reflets dorés, il avait un nez très expressif. Les notes de muscat étaient les plus évidentes. La pêche et le litchi étaient aussi bien présents sur une trame de noix.

Agréable au nez, il est soyeux en bouche. Les arômes de muscat sont persistantes et intéressantes.

De toute évidence, le mariage entre le fruité- exotique- de l'Albariño et la fraîcheur du Chardonnay est réussi pour ce vin dans lequel l'acidité a su trouver son équilibre.

Ici, c'est une famille légendaire du vin espagnol qui s'est mis à l'oeuvre pour développer des vins dans la région viticole de « Costers del Segre » en Catalogne qui nous offre ce vin.

Cette région viticole ou plutôt la « Denominación de Origen » (en Espagnol) doit son nom au fleuve Segre et a été créée en 1988.

Prospère dans la production de mousseux catalan, le Cava, le groupe Codorníu a mis sur le pied le domaine Raimat. L'entreprise, qui est le principal producteur de la DO de Costers del Segre, connaît bien le climat arides et extrêmes de la région pour y travailler depuis le début du XXe siècle.

Ainsi, ils nous offrent un vin tout à fait honnête qui m'a rappelé avec ses effluves de litchi que si je voulais me remettre cette « cerise de Chine » en bouche c'était le bon moment.

Dans son pays d'origine, la Chine, la saison des litchis survient au début de l'été. Tandis que dans les pays où la culture a été exportée, dans l'hémisphère sud, la récolte aura lieu au milieu de l'hiver, soit autour de décembre.

Une fois au marché, mon panier rempli de maïs, de bleuets sauvages et de pâtissons de saison, quelques litchis ont su y trouver leur place. C'est bien vrai, si on veut garder en mémoire cette saveur si intense jusqu'à la prochaine récolte, le moment est bien choisi.

Le litchi croqué, ma mémoire olfactive et gustative se mirent en action: oui, mon Raimat avait bien de ce fruit au nez.

En bouche, son goût s'apparente étrangement à celui de la rose. C'est fin et délicat, mais savoureux.

Et en y pensant bien, ce vin catalan était agréablement rafraîchissant sur le bord du barbecue pendant que le poulet se faisait rôtir, mais il aurait très bien accompagné un riz au safran et au parfum de rose. Une recette qui peut sembler un peu extravagante, mais qui ouvre nos horizons gustatifs.

Suggestion végé pour cette soirée orageuse:

Faire chauffer du beurre dans une poêle et y ajouter de l'oignon, puis des raisins de Corinthe séchés. Réserver.

Mélanger 1 c. à the d'eau de rose avec une demie c. à thé de safran.
Ajouter la moitié de ce mélange dans 5 tasses de bouillon de légumes et porter à ébullition.

Ajouter à ce bouillon 3 tasses de riz basmati qui a préalablement reposé 30 minutes dans de l'eau et a été égouté.

Une fois le riz cuit et prêt à servir, ajouter le premier mélange d'oignon et de raisins, ainsi que le restant d'eau de rose.
(tiré du livre Menu Végé de Modus Vivendi)

Simple et exotique pour accompagner cet espagnol.

Chardonnay/Albarino Raimat Costers del Segre 2009 , Code SAQ : 10845841, 13,60 $

lundi 2 août 2010

Un vin de tous les jours pour les tapas


Je reviens tout juste d'un mariage où nos chers hôtes ont eu la brillante idée et l'immense générosité de nous offrir en cadeau un recueil de leurs meilleures recettes. Une excellente suggestion dans la section « 5 @ 7 » m'a inspirée le vin d'aujourd'hui.

La recette? Des dattes farcies au chorizo.

On me demande souvent des suggestions de vin pour l'apéro. Il est vrai que l'on a toujours besoin d'un vin simple, mais bon, avec un rapport qualité prix compétitif. Une bouteille qui ne nous fend pas le coeur d'ouvrir quand des amis se pointent à la dernière minute. Et encore plus vrai si ces amis débarquent en surnombre et qu'il faut en ouvrir deux, trois…

Alors voici ma suggestion pour accompagner cette délicieuse entrée. Le Sainte-Croix, la Bergerie 2008. Un 10,10$ bien investi.

C'est le Domaine Roux Père et fils, vigneron en Bourgogne, qui fait ici office de négoce, donc, qui vinifie ces raisins achetés dans le pays d'Oc du Languedoc-Roussillon.

Les maisons de négoce sont généralement des sociétés d'envergure qui ne manquent pas de moyens. Elles peuvent faire de beaux produits, mais certaines tournent les coins ronds, offrant des produits qui manquent de finesse et qui sont chargés de bois. Mais ici, le défi est relevé.

La robe de cet assemblage de syrah et de merlot est violacée.
Au nez, des petits fruits, la garrigue et l'épicé de la syrah.
En bouche, c'est tout simple: de beaux tannins soyeux soutiennent le fruit - la cerise - sur une texture presque veloutée. C'est rond et franchement agréable.

Nous avons toujours une bouteille de Sainte-Croix à la maison. Pour le porc du lundi soir sur le barbecue ou avec la salade grecque du midi, ce vin sait toujours trouver sa place.

Et pour ce tapas de dattes farcies au chorizo, il sera au rendez-vous.
Le sucré de la datte, le gras du proscuitto et le petit « kick » épicé du chorizo forment un heureux mélange. Rien de trop costaud pour le Sainte-Croix.

La recette
Une barquette de dattes (environ 12)
6 tranches de prosciutto (ou une tranche pour deux dattes)
un saucisson de chorizo (piquant de préférence)

Couper les dattes en porte-feuille (c'est-à-dire côté longueur et pas entièrement), les ouvrir et enlever le noyau, Retirer la viande de chorizo de son enveloppe (si saucisse crue) et placer une petite quantité dans les dattes.
Refermer la datte en l'enveloppant dans le prosciutto. Maintenir le tout en place avec un cure-dent.

Chauffer une poêle à feu moyen à moyen-élevé (le gras du prosciutto devrait suffire). Dorer les dattes de chaque côté, voire même un peu noircies ou jusqu'à ce que le chorizo soit bien cuit (environ 7 à 9 minutes).
Placer les dattes sur un papier absorbant. Servir.

En l'honneur d'Isabelle et Thom, bon appétit!

Syrah/Merlot Sainte-Croix La Bergerie vin de pays d'Oc 2008 , Code SAQ : 10915239, 10,10 $