lundi 23 janvier 2012

Un énormosaure de vin est né...

La semaine dernières les médias et les blogueurs ont abondamment parlé de cette gigantesque bouteille de vin australien d’un assemblage de Shiraz de cinq vignobles.

Mesurant 6 pieds et 5 pouces, cette bouteille homologuée dans le livre Guiness a une capacité de 387 bouteilles de 750 ml!


C'est bien connu dans le classement des bouteilles on nomme un contenant de 1,5 litres un magnum. Lorsqu’il y a 3 litres de vin, on dit que c’est un double magnum où une Marie-Jeanne.

Lorsque le contenant de la bouteille atteint 5 litres, c’est le Jeroboam. Une bouteille équivalent à 8 bouteilles ou 6 litres de vin devient alors un mathusalem ou impériale.

Un 9 litres de vin est un salmanazar, un 12 litres (16 bouteilles) est un Baltazar , un nom inspiré des rois mages. Vient ensuite un nabuchodonosor (15 litres) et le melchior pour 18 litres de vin soit 24 bouteilles ordinaires.

Mais comment devrait-on appeler un contenant qui contient 387 bouteilles de vin? Un énormosaure, Giganteschior, une buverisor? Je vous laisse créer vos noms!

Une verticale du Château Simard au Nouveau-Brunswick

Il est assez rare pour le grand public de se voir proposé une verticale de vin.  Vous ne savez pas ce qu’est une dégustation verticale?  Ceci permet donc aux gens de comparer plusieurs années du même vin.  Habituellement on procède du vin le plus jeune en remontant le temps vers le plus ancien millésime.  

Depuis quelques jours, les consommateurs du Nouveau-Brunswick ont donc la chance de mettre la main sur une dizaine de millésimes du même vin soit le Château Simard, un vin de Bordeaux d’appellation Saint-Émilion.   Le Château Simard est dirigé aujourd’hui par Alain Vauthier, copropriétaire du Château Ausone.  Cette propriété possède un riche passé car elle tire ses origines aussi loin que le 16e siècle.

À l’instar de la SAQ, qui avait obtenu l’exclusivité canadienne de 4 millésimes de ce château en 2009,  Alcool Nouveau-Brunswick  propose cette fois 10 millésimes entre 1996 à 2008.    Les millésimes 1996, 1998, 2000, 2001, 2003, 2004, 2005, 2006, 2007 et 2008 se retrouveront donc sur les tablettes d’une dizaine de magasins à travers la province, dont ceux de Caraquet et Shippagan dans le nord, ainsi que Dieppe, Moncton et Saint-Jean dans le sud.  

C’est donc une occasion spéciale de s’offrir une petite soirée entre amis autour d’un événement de dégustation.  Dans le cas de la verticale du Château Simard le vin le plus abordable est à 38.29$ soit les millésimes 1996, 2003 et 2007.  Le plus dispendieux est le 2005 qui est considéré comme une année exceptionnelle et offrant du même coup un potentiel de garde intéressant.   On dit également beaucoup de bien des millésimes 2001, 2006 et 2008 pour le Château Simard.

Pour votre information le magasin de la rue Régis à Dieppe et son conseiller en produits Marcel Richard propose de goûter à quelques millésimes en magasin durant le mois de février.  Ces dégustations au magasin se feront le jeudi 9 et vendredi 10 février,  ainsi que les 16, 17, 23 et 24.  Pour ma part, j’ai déjà fait l’achat de ces 10 millésimes du Château Simard pour une petite dégustation avec un groupe d’amis, et je ferais en sorte de vous partager mes impressions lorsque j’en aurais la chance. À suivre..

Avec le vin…I can’t get no satisfaction?


Le vin est devenu un produit de consommation important et le virage marketing est peut être devenu à ce point important dans ce monde de globalisation que les producteurs sont prêt à tout pour faire remarquer leur produit. À ce sujet je vous suggère un excellent article de Vincent Marissal sur le site Cyberpresse qui s’intitule Sexe, vin et rock and roll.

Il semble que la tendance est de mettre en valeur le nom d’un artiste avec celui du vin. Le marketing a un prix car le consommateur devra bien entendu payer le prix du vin et le marketing associé à l’utilisation du nom de l’artiste. L’exemple cité dans ce texte est celui de Celebrity Cellars qui commercialise des vins avec l’étiquette à l’effigie d’artistes comme Céline Dion, Barbara Streisand, Kiss, Madonna et les Rolling Stones.

Il y a même le producteur Ex Nihilo Vineyards de la région d’Okanagan au Canada qui a lancé sur le marché un Icewine appelé Sympathy for the devil (Titre d’une chanson des Stones) et qui se vend au prix de 125 dollars pour 200 millilitres de plaisir. Le vin est-il en train de devenir un péché véniel?

Frédéric Palacios, l'"incontournable"...


Il y a dans la vie d'un vigneron des plaisirs simples. Sans sombrer dans un inventaire à la Delerm, il faut les entendre en ce mois de janvier frileux, s'enthousiasmer pour "la belle vie dans les Corbières, seul avec son âne, sous le soleil d'hiver" (M. Magnon), "une bonne journée de taille, 500 souches tombées, une saine fatigue..." (JB. Senat), "un voile d'humidité sur l'église de mon village, le soir tombant sur mes Malbec" (F. Palacios).

Poésie de bistrot ? Non. Cri du coeur. Il ne faut jamais pousser beaucoup le vigneron le plus rugueux pour lui faire avouer ces petits moments de grâce. Chaque artisan, à sa manière, est un hédoniste, un profiteur. Un homme qui a appris que la course aux bénéfices ne rembourse jamais complètement les immenses efforts consentis dans les vignes tout au long de l'année. Et qu'il faut savoir se payer en nature.

Ce matin, pourtant, Frédéric Palacios ne sait pas trop comment réagir. Lui, le cadet des amis, le taiseux, est littéralement "tombé de l'armoire" en découvrant son nom dans la prestigieuse Revue des Vins de France. Mieux : sous la plume de Véronique Raisin (RVF et Picrocol), le voilà proclamé "Domaine incontournable de la Malepère", cette minuscule appellation de grès friable (malo peiro, la "mauvaise pierre"), de limon et d'argile. Au coeur de ce "Languedoc paradoxal", qui relie le canal du midi aux Pyrennées (voir carte), la journaliste salue un "artisan en quête du meilleur" et déjà un vin "floral, délicatement épicé, aux accents de jacinthe, fin et élégant" (le "Dégustez-moi" 2006). C'est presque trop. Au téléphone, l'ami Frédéric a du mal à finir une phrase :
"Franchement je ne crois pas à ce qui m'arrive. A mon niveau de vin... Enfin, je ne sais pas... Je suis un peu gêné de me retrouver là. C'est beaucoup. Ça me fait plaisir pour le travail... Pour tout ce que ça représente de peine et de sueur... Mais ça fait peur... J'en reviens pas. Tu comprends ?"
Je comprends surtout que ce monde qui lui offre un début de reconnaissance, ce monde dont il a rêvé, il n'y est pas préparé. Lui, "l'éternel insatisfait" qui ne chancelle pas même lorsqu'il tombe grappe après grappe et renonce, au nom de la qualité, à la moitié de sa production, est saisi soudain d'un formidable vertige. Fausse modestie? N'en croyez pas un mot. Voyez-y plutôt la timidité d'un enfant peu habitué à recevoir l'éloge des grandes personnes.

Et pourtant, quel parcours! A 30 ans à peine, trois ans seulement après le premier "Mas de mon Père", le voilà intégré aux "rebelles" de Vinum Nostrum, comme dit Hervé Bizeul, reconnu par la très respectable RVF, appelé par des négociants haut de gamme qui prétendent "sélectionner les meilleurs vins, les plus étonnants, pour les plus grandes fortunes d'Europe". Méfiant, Frédéric se contente de prendre ce qui vient. Sans brûler les étapes. Et préfère changer de sujet.
"Tiens je suis au milieu de mes Malbec, là, avec Arcane (sa plus jeune chienne, ndla). Ca va encore être une belle année. Le 2007 en tout cas va être exceptionnel. Incroyable, je te jure".
Le dos tourné aux Pyrennées, avec en ligne de mire ce fameux "soleil couchant sur les clochers d'Arzens", il détourne consciencieusement la conversation sur ses dernières "expériences". Sa nouvelle cuvée Carignan ("C comme ça"), des ceps centenaires dont il a gardé quelques centaines d'ares, d'une vie antérieure, près de Saint Chinian. Et le Chasan, bien sûr... Ce vin là lui a valu sa première médaille en 2005. Méconnaissable après avoir subi ses impitoyables coups de sécateur et être passé en barrique, il lui donnera à peine 300 bouteilles cette année. "Quitte ou double", ce sera le nom de ce blanc étonnant. Un nom lui ressemble tellement...

Ce soir, il est aussi intarissable sur ces essences de bois dont il étudie inlassablement les réactions au contact de ses vins : Chêne des Vosges, Tronçais, Indre et Loire, Loiret. Frédéric les a toutes essayées, déjà. Cette année, il s'est "contenté" des Vosges. Mais il n'a pas renoncé à son rêve : une barrique à la carte. Sur mesure.
"Une essence de bois, glisse-t-il, emporté par son sujet, c'est une corde à musique, une note... Le but ultime ce serait d'assembler des douelles d'essences différentes (ces lames étroites qui composent les fûts de chêne, ndla), selon les millésimes. Tu vois ? Pour jouer de toutes les cordes. Les faire résonner avec le vin".
Insatisfait, perfectionniste, un brin risque-tout, l'auteur du "Mas de mon Père" préfère décidemment parler de son vin plutôt que s'attarder sur ses lauriers. Et comme je lui fais remarquer que, finalement, il ne se débrouille pas si mal pour communiquer sa passion, il conclut dans un éclat de rire : "Tu vois moi aussi, finalement, je suis en cours d'élevage!".









Comme promis hier, voici les photos de Vincent et Sébastien qui taillent, et Béatrice qui tirent les bois.

Février sera chaud!


Ça chauffe dur en cette fin janvier rugueuse... Et pas seulement sur le front social. La colère gronde aussi du coté de mes amis vignerons, lassés d'être soumis à ce qu'ils appellent "l'arbitraire des commissions d'agrément" et le couperet la "typicité". Et cette fois, ils montent au front. L'orage devrait éclater le 24 février prochain à Deauville, lors de la Dive Bouteille. (couplée désormais avec le off d'Omnivore).
"Les commissions laissent de moins en moins de marge aux vignerons "alternatifs" (les adeptes du vin nature, ndla) raconte Sylvie Augereau qui organise l'affaire. En Beaujolais un Jean-Paul Brun vient de se faire refuser 300 hectolitres. Et c'est pas franchement un révolutionnaire... On a vraiment le sentiment que le rouleau compresseur est en route".
A la tête de la fronde: Marcel Lapierre, le vénérable de Morgon. L'un des premiers à avoir renoncé (entre autre) à ces levures qui donne le goût de la plupart des vins "industriels" du Beaujolais. Depuis l'été, il sent le vent tourner et bat le rappel des troupes.
"On ne demande pas le droit de faire n'importe quoi, plaidait-il l'été dernier déjà, devant sa cave de Villié. Simplement le droit d'exister dans l'Appellation. Avec nos différences. Hors des standards et des formats. Nous refuser l'Appellation parce qu'on ne ressemble aux "goûts standards", c'est condamner les plus fragiles. Et nous condamner tous à terme. On peut dire ce qu'on veut mais un japonais préférera toujours une bouteille de "Morgon" à un Vin de Table..."
Vieille antienne, mais actualité brûlante. C'est cette année que doit entrer en vigueur la nouvelle réglementation sur les Appellations d'origine. Les vignerons qui, comme les autres, subissent les effets de la crise, n'ont pas besoin d'ajouter cette galère à celles à bord desquelles ils rament toute l'année.


ou encore "Les caves se rebiffent" et à propos de la nouvelle réglementation "Elle te plait pas mon AOC".