mercredi 25 janvier 2012

Lurton rime avec production

Vous avez probablement vu passer sous vos yeux le nom Lurton lors d’une visite dans un magasin de la SAQ ou d’Alcool NB. En fait la famille Lurton est l’une des plus jeunes dynastie du vin ayant émergée du bordelais. Attention toutefois, car si vous essayez de démêler la généalogie des Lurton, vous pourriez avoir un peu plus de difficulté que d’y trouver un bon vin sur les tablettes. Il faut savoir que ces générations de vignerons de Bordeaux commencent avec André Lurton, qui est le père de Jacques et François Lurton.


Ce sont d’ailleurs Jacques et François qui sont devenu des « flying winemakers »! Les vins de ces deux bonhommes sont devenu symbole de vins à bon rapport qualité/prix sur plus de 3 continents. Après la France en Europe, l’aventure s’est transporté en Australie.

Les vins de François et Jacques ont aussi gagné la terre espagnole où ils ont aussi opéré un vignoble puis c’est en Amérique du sud qu’ils ont ensuite étendu leur expertise en exploitant des domaines en Argentine, au Chili et récemment en Uruguay.

François est aussi père de Lucien, André et Dominique et Simone la seule fille. On pourrait aussi continuer plus loin avec les enfants de Lucien qui gèrent également une dizaine de domaine bordelais à eux seuls. Les Lurton ont aussi quelques vins un peu plus haut de gamme soit le Château Cheval Blanc et le Brane-Cantenac.

Malgré des relations un peu froide, les frères Lucien et André ont collaboré dans un partenariat soit le Clos Fourtet qui a depuis été revendu. C’est Pierre le fils de Dominique qui opère maintenant la propriété.

Les plus cosmopolite de la famille demeurent Jacques et François qui explorent maintenant de plus le nouveau monde. Jacques a été longtemps le fabriquant de vin et François etait plus concentré sur l’aspect business . D’ailleurs en décembre dernier les deux hommes ont décidé de prendre chacun leur route de leur côté. François devient le seul actionnaire majoritaire de la société en reprenant les parts de son frère. Jacques, va semble t-il continuer d’apporter ses connaissances œnologiques, tout en aidant son père dans la gestion de ses domaines et en développant sa propriété d’Australie.

Chez nous au Nouveau-Brunswick, on retrouve une dizaine de produits des Lurton sur les tablettes dont quelques vins blancs dont le très bon Château Bonnet produit par André Lurton et qui se vend autour de 16.27$. En rouge les amateurs du Nouveau-Brunswick connaissent probalement le très bon Fitou la Cuvée des Ardoises qui est un savoureux mélange de Grenache, syrah et carignan. Par ailleurs je dois aussi mentionner que André Lurton est à l'origine d'un de mes vins préférés de la région de Pessac-Léognan, soit le Chateau de Cruzeau! Ce magnifique vin a déjà été disponible au Nouveau-Brunswick, mais on le retrouve quand même encore au Québec à la SAQ pour 23.45$.

Chardonnay : les meilleurs du guide Griffin 2012

Avec la publication récente du guide Griffin 2012 je me suis amusé à vous préparer une série d’articles qui vous permettront de découvrir quelques petits classements des vins  à partir de mes vins commentés.  J’ai décidé d’amorcer cette série d’articles avec un cépage que j’aime bien soit le chardonnay.  Malheureusement les tendances ont fait en sorte que plusieurs consommateurs ont décidé de fuir ce cépage à cause d’une habitude fortement répandue dans le monde du vin, soit l’exagération dans l’utilisation du bois pour l’élaboration de ce type de vin.  Heureusement, il y a eu de l’amélioration depuis quelques années alors que cette pratique est moins courante dans l’industrie. 

Les vins provenant des pays du Nouveau monde avaient fortement contribué à cette mode du maquillage des vins par de forts dosages de saveurs boisées dans leurs vins.  Certains styles de vins élaborés avec du chardonnay se tournent davantage vers l’utilisation de cuves d’inox comme c’est le cas du Chablis.  Cela procure au vin un style plus pur et plus frais, tout en mettant davantage en valeur son fruit.  Je vous partage quelques unes de mes préférence à travers une quinzaine de choix à partir de mes dégustations du Griffin 2012 et dont les produits sont disponibles au Nouveau-Brunswick sur les tablettes des magasins d’ANBL.

Les meilleurs sans égard du prix

1-William Fèvre Les champs Royaux  28.48 $
2-J. Moreau & Fils Petit Chablis  25.99$ 
3-Oyster Bay Marlborough Chardonnay 19.99$ 
4-Cupcake Chardonnay  15.29$ 
5-Chablis Domaine William Fèvre   31.29$

Les meilleurs à bas prix (moins de 15$)

1-Aresti Estate Chardonnay à 9.99$   
2-Penfolds Koonunga Hill Chardonnay  14.99$
3-Jacobs Creek Chardonnay  14.99$ 
4-Chardonnay Woodbridge by Robert Mondavi  à 14.99$  
5- Chardonnay Sterling Vintner's Collection Central Coast  14.99$

Autres chardonnay à découvrir

No. 99 Wayne Gretzky Estates UnOaked Chardonnay 16.99$
Louis Jadot Couvent des Jacobins Chardonnay   22.49$ 
 Mike Weir Chardonnay   19.29$
Louis Latour Chardonnay  22.79$ 
Burgundy Hills Chardonnay  23.99$ 
Wyndham Bin 222 Chardonnay   15.99$  

Enfin malgré le fait que j’ai commenté une quinzaine de produits disponibles chez Alcool Nouveau-Brunswick, il y a plusieurs bonnes bouteilles de chardonnay que j’ai eu la chance de goûter.   Le Mer Soleil de Californie, le Beringer Private Reserve de Napa Valley, le Perpetua de Mission Hill au Canada,  le Château Montelena de Californie, et Le Grand Clos Chardonnay de Clos Jordanne dans Niagara figurent dans mes vins préférés de ce noble cépage.  Ces préférences ne tiennent pas compte également de nombreux vins effervescents à base de chardonnay, ainsi que des vins de glace (Icewine).

Annuellement, il y a même une compétition ouverte pour les meilleurs chardonnays du monde. La 19e édition se déroulera cette année qualitative se déroulera du 7 au 10 mars 2012, dans le cadre du Château des Ravatys, Domaine Viticole de l’Institut Pasteur à Saint Lager en Bourgogne viticole. 

Le Mondial des cidres de glace, un party de pommes, soyez-y !

Du 10 au 12 février, on se donne rendez-vous au Mondial des cidres de glace à Rougemont. Ce sera le cinquième anniversaire de ce party de pommes en plein cœur de la capitale québécoise du fruit défendu ! Juste à y penser, j’ai le goût de croquer dans une Cortland, mais encore plus de tremper mes lèvres dans son jus glacé transformé en cidre.

Élaboré par cryoconcentration (moût gelé par le froid) ou par cryoextraction (pomme gelée sur l’arbre)***, le cidre de glace est, contrairement à ce qui est trop souvent véhiculé, le vecteur d’une multitude d’arômes : la pomme fraiche ou cuite, le caramel, le raisin de Corinthe, l’avoine (et la croustade), l’écorce d’orange, les épices douces, le miel, le whisky et même une Téquila Añejo, surtout lorsque l’élevage en fûts est assez présent. En bouche, un bon cidre de glace présentera un équilibre entre l’acidité et le sucre et parfois une légère amertume en finale. On appréciera la vibrante acidité de la Geneva. D’ailleurs, cette variété de pommes offre un tout autre registre d’arômes dont celui des petites baies rouges.

À table les pommes !

L’effet d’un cidre de glace avec les mets épicés et salés est généralement réussi. C’est extra avec du canard fumé rehaussé de pommes, de fraises et de gingembre; avec un foie gras poêlé et sa compote de pommes vanillée; avec la Pastilla, une spécialité espagnole, ou encore avec un plateau de fromages. Le cidre de glace peut évidemment accompagner les desserts comme une tarte Tatin, une croustade pommes et cannelle et tout ce qui tourne autour de la poire, de l’abricot et bien sûr, de la pomme.

Hélène Dion, sommelière conseil

***Depuis 2008, un règlement impose que la concentration du sucre dans le moût soit obtenue naturellement, en d’autres mots par le froid québécois. Le gel artificiel du jus de pommes est officiellement défendu.

Pour connaître la programmation du Mondial des cidres de glace : www.mondialcidresdeglace.com


Photo par Robert Côté (tous droits réservés)

Ampuis à Genève-Mercredi 8 Février

Votre sommelier vous invite à participer à sa soirée dégustation sur le théme du "Marché aux vins d'Ampuis"
Seront réunis les coups de coeur du salon et les plus belles découvertes en Condrieu, Croze-Hermitage, Saint-Joseph et Côte Rôtie.
Toutes les appellations du nord de la vallée du Rhône seront présentes


                     Le Mercredi 8 Février à partir de 18h00


                                 au Café Le Consulat
                            Place du Bourg-de-Four, 33
                            1204 Genève (Vieille Ville) 


Les charcuteries de la maison Louis Ospital et les fromages du Pays Basque vous seront servis pour accompagner la dégustation.


Droit d'entrée: 30.-




Les premiers sans-culottes étaient bourguignons!


Je découvre grâce au blog d'Hervé Bizeul, la formidable interview d'un des très grands vignerons bourguignons : un vieux monsieur de 83 ans nommé Charles Rousseau (le patriarche du Domaine Rousseau). Et je suis stupéfait de voir que ce que décrivent mes amis : la force de la concentration, l'industrialisation, la solitude du vigneron indépendant, mais aussi le pouvoir du journaliste-prescriteur et l'impact de quelques grands noms parisiens sur la côte du moment, ne datent pas d'hier !

Écoutez donc et n'hésitez pas à aller lire (d'un clic) la façon dont les Rousseau ont été les premiers à oser mettre leur propre vin en bouteille ! Crime de lèse-majesté, dans la Bourgogne d'avant- guerre puisqu'à l'époque, il le raconte formidablement :
"les vignerons étaient les manants et les négociants, les grands, les chefs (...) On vendait le vin en vrac, le courtier venait le déguster, prélevait des échantillons, les emmenait chez le négociant et le négociant faisait son choix."
Les Bouchard, les Latour et autres Leroy, régnaient donc en maîtres sur le petit peuple des vignes.
Et voilà qu'un beau jour, Armand Rousseau (photo à gauche) décide d'aller au bout des choses. De "griller les intermédiaires", dirait-on aujourd'hui. Mais aussi de revendiquer sa propre marque de fabrique. Plutôt que de laisser d'autres signer son vin et décider ce qui est bon ou pas dans l'appellation, il décide de signer lui-même. Autrement dit : les caves se rebiffent... Une toquade, un coup de tête ? Pas du tout, explique Charles Rousseau à François Mauss (le président du Grand Jury Européen) ce petit matin de novembre 2007 :
"Un jour Monsieur Baudouin (créateur de la Revue des Vin de France, ndla) nous a dit : « Vous n’êtes pas plus bêtes que les négociants, vous faites du bon vin, pourquoi ne pas le mettre en bouteille ? ». D’Angerville et Gouge étaient aussi amis avec lui et donc tous les trois ont suivi son conseil. C’est un Monsieur qui nous a appris beaucoup de choses…"
Et ce qui ne gâche rien, Raymond Baudouin est un ami qui a des amis bien placés...
"Au début, c’était bien beau de mettre du vin en bouteille, mais on n’avait pas de clients : ce n’était pas le copain qui venait nous acheter 2-3 bouteilles qui allait nous tirer d’affaire et nous on ne connaissait personne…. Mais à l'époque, M. Baudoin faisait la carte des vins des restaurants (Raymond Baudouin est aussi le créateur de la carte des vins intégrée au menu, ndla) et il a eu l’idée de mettre sur les cartes le nom du propriétaire à côté du nom de l’appellation. Cela a fait énormément !"
Deuxième révolution : voilà que l'on met en avant le nom de l'auteur!

Cette année là, les Rousseau ont en réserve un Chambertin 1929 dont on va très vite leur dire des nouvelles. "Monsieur Baudouin" est un ami de la famille Vrinat, qui ouvre en 1946 le restaurant Taillevent. Le tout-Paris découvre alors grâce à cet homme providentiel les qualités du vigneron bourguignon :
"Il avait une puissance phénoménale. Les restaurants ont commencé à acheter nos vins. Par la suite, on a eu La Tour d’Argent et peu à peu tous les 3 étoiles. Puis l'Amérique...".
Et voilà comment le Domaine Rousseau est devenu l'un des plus prospère de France. Voilà pourquoi quelques années plus tard, alors qu'il venait de terminer Sciences Po et de décrocher une double licence de Droit et de Sciences, Charles le surdoué, décida de prendre le chemin des vignes, en n'ayant plus jamais honte d'être le fils d'un vigneron plutôt que d'un marchand de vin.

Aujourd'hui, la Bourgogne compte 4300 domaines pour 112 négociants. Mais si l'histoire de cette conquête est belle, elle est aussi instructive.

Faites un test pour en juger : remplacez "négociant" par "grandes surfaces", "manant" par "vigneron indépendant", "courtier" par "commission d'agrément"... "le négociant choisissait" par "formatage" ou "standardisation du goût". Et vous aurez sans doute une petite illustration de la façon dont l'histoire se répète.

Oh, bien sûr, les choses ont changé. Grâce à des circuits parallèles (le vin nature, le vin de terroir), des chemins de traverses, des niches marketing, comme on dit aujourd'hui, plusieurs centaines d'auteurs réussissent à vivre de leurs vins hors des sentiers battus. On a même commencé à brûler les gourous dont le précieux "Monsieur Baudouin" a sans doute été l'une des premières illustrations. Et dont le célèbre Robert Parker a dû s'inspirer librement. Mais peut-on réussir aujourd'hui sans passer par Paris, ses restaurants et ce petit cercle d'aficionados qui font la pluie et le beau temps sur les vignes ? quel est l'avenir d'un vin qui ne répond pas aux critères du "goût du moment" ? Pour sauver une filière, faire vivre une région, autrement dit "vendre", faut-il sacrifier les plus audacieux ?

Voilà des questions qui, 70 ans après le début de l'odyssée des Rousseau, méritent encore d'être posées.