lundi 16 janvier 2012

Un "bon vin", c'est combien?


Au moment où les amis sont tiraillés entre la taille et les salons et où la Crise aiguise la tentation de faire valser les étiquettes, il n'est pas inutile de revenir sur les résultats du petit sondage qui a accompagné ce blog depuis deux ans:
"Quel est le prix d'un bon vin?"
Intitulé vicieux, s'il en est, dans un monde où se confondent volontiers le goût et le prix, la valeur et l'étiquette. C'était une question piège. Ca n'empêche pas la réponse d'être éclairante...

Résultat sans appel: un "bon vin", pour 77% des visiteurs du blog, ça vaut moins de 15 euros... Pas radins, cependant, 67% des 700 votants estiment qu'il faut savoir ouvrir sa bourse (payer plus de 10 euros). Mais à peine 19% pensent qu'il n'y a point de salut en dessous de 15 euros (moins de 3% en dessous de 30 euros). En fait la majorité (48%) se retrouve dans ce triangle des Bermudes commercial qu'on appellera désormais le "dix-quinze".

Remarque 1 (pour les amis qui grimacent devant leur ordinateur...) : 15 euros, c'est pas mince. C'est le prix du Château "vieilli en fût de chêne" qu'on met sur la table une fois par an lors des repas de fêtes (et qui généralement n'a goût à rien). C'est 4 à 5 fois le prix moyen d'une bouteille achetée en supermarché.

Remarque 2 : ce score sans appel contredit radicalement le principe (avancé par une étude américaine) du "plus c'est cher plus c'est bon". Et ça, c'est de votre faute à vous, Auteurs de vins... C'est vous qui nous avez fait découvrir que l'argent ne fait pas forcément le bonheur des papilles. Qu'au coté des autoroutes vinicoles, il existe des chemins de traverse, des maquis odorants où la main de l'homme est redevenue maitresse du Vin. Vous nous avez éduqué. Nous y avons pris goût.

Alors de grâce, ne regardez pas de travers les petits nouveaux qui trouvent vos "vins un peu chers, non?". Racontez plutôt votre histoire. Expliquez le temps passé sous le cagnard, l'incertitude, le risque, l'aventure... La volonté de retrouver le terroir, les petites mains qui ont remplacé les machines et la chimie pour produire mieux, plus fin, plus juste. Faites de la pédagogie. Encore et encore. Parce que votre vin c'est vous, votre amour de la terre et des raisins. Et que ça n'a pas de prix.

On peut lire aussi les épisodes précédents : "Osons parler d'argent", Douloureuse et tête de pioche et "Le juste Prix". Ainsi que la fameuse étude américaine mentionnée plus haut: "comment le marketing joue sur la perception du plaisir" (en Vo, sorry).

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