vendredi 25 mai 2012

Déjeuner en vignes...


Il y a dans tous les métiers des "on se téléphone, on se fait une bouffe" qui ne mènent à rien. Ou disons à peu de chose... Et puis il y a les divines surprises. Ces rendez-vous calés de longue date qui ne vous offrent que le meilleur, loin des "cantines" parisiennes et du chic branché (et hors de prix) des restaurants pour Ministres et Patrons de presse.
"Tu aime le vin. Je me suis dit que tu devait être un bon vivant, plaide mon hôte en s'installant derrière la table bistrot de Racines. Je me suis que c'était un endroit pour toi".
L'attention est touchante. Et la maison prévoyante: déjà, un Régnié 2007 façon Christian Ducroux remplit votre verre. Vous saluez ce Beaujolais de schiste d'une poignée d'asperges au lard, histoire de marquer le coup. L'endroit est incroyable: un de ces passages sous verrière dont Paris a gardé quelques spécimens. Et dont les amis connaissent depuis longtemps l'adresse, et pour cause: si le voisin de droite est philatéliste et celui d'en face bouquiniste, c'est bien de vins natures que l'on aime ici faire collection. Et du meilleur cru. A la carte, les gamays d'Oustric côtoient les Pupillins d'Overnoy et on se balade sans complexe et sans soufre de Sancerre en Côte du Rhône et du Languedoc à l'Alsace.

Comme ça, sans avoir l'air d'y toucher, le serveur vous ramène un autre verre. En un murmure...
"Hirotake Ooka, le Canon 2004. 100% Syrah" glisse-t-il avec un air entendu.
Un Japonais, oui. Mais comme la France en compte peu... Celui-là a été à l'école de Thierry Allemand. Après avoir usé ses godillots et ses fonds de culotte sur les vignes pentues de Cornas, une pioche à la main, ce drôle de vigneron s'est installé en Ardèche, sur le Domaine de la Grande Colline. Il y vinifie du blanc, un brin de Clairette et des rouges tendres comme celui qui emplit mon verre. La Syrah d'Ardèche est fruitée. Ronde et gracieuse... Aux petits soins avec l'agneau de lait qui vient d'arriver sur la table, accompagné d'épinards en feuille. Que du plaisir.

Un café, puis deux... Un sourire reconnaissant au patron. Et c'est reparti. Il y a des déjeuners en ville qui prennent soudain des allures de balade...


Nota Bene - 26 août 2011 - la maison a changé de propriétaire cette année, mais on me dit que les clients ne s'ne plaignent pas. Alors...

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