mercredi 19 décembre 2012

Corse Calvi

" A CHI A PANE E VINU, PO INVITA U SO VICINU "

Qui a pain et vin peut inviter son voisin

Un entrelac de cirques de granites

Dans la splendide Balagne, au nord de l'Île de Beauté, l'appellation Calvi offre une grande diversité de terroirs. Plantés dans des arènes granitiques, les cépages, surtout rouges, expriment la vigueur de leur terre.

La Balagne viticole, au nord-ouest de la Corse se résume, sur le papier, à moins de 300 hectares de vignes disséminés entre Calvi et l'île Rousse. On accède à ces îlots viticoles en empruntant des routes à flanc de colline qui débouchent sur d'impressionnants cirques montagneux au cœur du maquis.. La Balagne se découpe schématiquement en trois bassins s'ordonnant chacun autour d'un fleuve côtier:

D'où des sols d'alluvions plus ou moins anciennes, à côté d'arènes granitiques. d'altitude. Avec des précipitations violentes

Les caractéristiques

Avril 1976 : création de l'AOC Calvi; 265 ha en production pour la vendange 2006,

Sur 8900 ha potentiels environ (source Groupement intersyndical des AOC de Corse). Densité: 3 000 pieds/ha au minimum, autour de 4000 pieds/ha en pratique; conduite en cordon simple, quatre porteurs à deux yeux .. Rendement de base: 45 hl/ha; rendement effectif autour de 30 hl/ha en 2006:

Titre minimal: 12 en rouge, 11 en rosé et en blanc.

Rouge (45 % des volumes) : niellucciu, sciaccarellu et grenache doivent représenter 50 % au minimum (le vermentinu, 20 % au maximum) ; rosé (43 %) et blanc (12 %) : 75 % vermentinu. Une dizaine de producteurs, dont: Clos Landry (18 ha), près de l'aéroport de Calvi; Clos Réginu (27ha), à Muro; domained'Alzipratu (23 ha), à Zilia; Clos Culombu (25 ha), à Lumio; domaine Renucci (7 ha), à Feliceto.

EAU

Il Ici, la différence qualitative se fait lorsqu'éclate un bel orage en juillet, ou fin août début septembre, débloquant la maturité Ii, explique Michel Raoust.

Pluviométrie capricieuse

« La Balagne est l'une des régions corses les plus ventées et les moins arrosées », précise Pierre Acquaviva. Au sud-est: une véritable barrière montagneuse qui coupe l'horizon à moins de 12 kilomètres de la côte, avec le Monte Tolu, le San Parteo, le Monte Grosso (1 945 m) ou la Punta Radicce (2 012 ml. Située en bord de mer, Calvi reçoit en moyenne 693 mm de pluies par an selon Météo France, contre 770 mm pour Saint-Florent (AOC Patrimonio). Le cumul des précipitations sur la période végétative d'avril à octobre va de 230 mm à peine à proximité du littoral, à 260 mm à l'intérieur des terres. Les disparités sont parfois saisissantes : « En juin 2004, nous avons reçu 150 mm alors qu'à 6 ou 7 km d'ici seulement, Pierre Acquaviva se contentait de]o mm ... », relève Étienne Suzzoni au Clos Culombu. Typiquement méditerranéenne, la répartition saisonnière des pluies est contrastée, avec une longue sécheresse estivale. La somme des températures supérieures à 100 C enregistrées sur la période d'avril à septembre est rarement inférieure à 1 550 heures. Elle va croissant à l'approche du littoral et dépasse, par endroits, les 1 800 heures. Dans les zones les plus reculées ou enclavées, l'influence maritime peine à atténuer la rigueur de l'hiver et la canicule estivale. Le cépage niellucciu, au débourrement précoce, n'est pas à l'abri de gelées tardives en mars et avril. Violent en été, le masestrale (nord-ouest) en provenance du golfe de Gênes, tout comme le libec­cio, issu des hautes pressions subtropicales et orienté sud­ouest en Balagne, sont source de dessiccation.

Géologie

Des granites à structuration "subméridienne"

Granitique, le socle de la Balagne est issu de matériaux éruptifs d'âge carbonifère-permien (fin de l'Ère primaire), qui affleurent d'est en ouest sur trente kilomètres de large, complétés par des dépôts fluvioglaciaires du quaternaire, notamment au sud-est de Calvi. À l'est, les formations de Belgodère sont en partie issues de gneiss et de migma­tites (granites et de gneiss). Les granites de Balagne affichent une organisation originale, avec une structuration dite "subméridienne" et un pendage marqué. À ces traits généraux s'ajoutent des particularités locales: l'intrusion granitique de Calvi (350 millions d'années) constituée de granitoïdes magnésio-potas­siques; celle de l'Île Rousse résulte de la juxtaposition de matériaux plus diversifiés: granitoïdes, roches magmatiques ("granodiorites" de Corbara, "monzogranodiorites" de Pioggiola ou "quartzmonzonites" de Pietrajola), avec des enclaves de schistes cristallins (21. Les alluvions fluviatiles et torrentielles du Quaternaire prennent la forme de galets et blocs de granites englobés dans une matrice sableuse, plus ou moins pulvérulents


Des sols très filtrants Parfois profonds bien que pauvres au plan agronomique, les sols de Balagne sont plutôt sableux et pierreux. Particulièrement filtrants, ils se révèlent alors propices au stress hydrique, surtout avec le cépage niellucciu, réservé dans ce cas à la production d'excellents rosés. Les arènes proprement dites, issues de la décomposition des granites, présentent une meilleure teneur en argile et en humus. « Ici, dès qu'il y a de la pente, la profondeur de sol se réduit brusquement et l'érosion menace », prévient par ailleurs Étienne Suzzoni au Clos Culombu (25 ha), à Lumio. On plante donc très peu sur les coteaux pentus : par facilité, tout d'abord, puisque l'espace n'est guère compté. Et puis en raison du facteur limitant lié à l'eau. « La roche peut affleurer à 80 cm ... comme à 6 ou 7 m, et ce de manière totalement aléatoire, explique de son côté Pierre Acquaviva, au domaine d'Alzipratu. Nous essayons donc de de1imiter des parcellaires peu étendus, en visant l'homogénéité qualitative. » L'ambitieuse classification des unités de terroirs réalisée au niveau du Centre d'initiatives pour valoriser l'agriculture et le milieu rural (Civam) vise le même objectif. Outre la réserve utile en eau des sols, les critères retenus combinent cumul des valeurs de températures supérieures à 10 C, pluviométrie d'avril à septembre, insolation théorique (en watt/h/m2), orientation, altitude, pente ou encore distance au rivage.

72 unités de terroirs

, soit 7 500 ha. Ainsi, par exemple, les 27 ha d'un seul tenant du Clos Reginu, à Muro, dans le bas­sin du Regino, se voient affec­ter le code terroir 201 (31. Ces sols d'alluvions anciennes sur granites plus ou moins délités sont perchés sur un plateau à 170 mètres d'altitude, avec un talweg à chaque extrémité. Au domaine Renucci (7 ha), à Feliceto, les sols sont essentiellement granitiques, plus ou moins argilo sableux. affirme Bernard Renucci., nuance-t-il cependant. Curiosité: une parcelle de 1,5 ha perchée à 380 m d'altitude en coteau, dédié au vermentinu passe­rillé. Au contraire des "bombes de fruit" obtenues par son collègue Renucci, comme il les qualifie lui-même, Pierre Acquaviva produit, sur les sols secs et moins profonds d'Alzi­pratu, des vins logiquement plus structurés.

Plus d'expression sur les granites

« Les vins de l'AOC Calvi sont, de manière générale, moins exu­bérants que ceux produits sur Patrimonio », résume Michel Raoust, du domaine Maes­tracci. « En blanc, le vermentinu acquiert ici une expression et un gras spécifiques, constate pour sa part Pierre Acquaviva. Le plus gros potentiel d'évolution concerne cependant les vins rouges. » Niellucciu, vermen­tinu et sciaccarellu sont, dans le cadre de l'opération sur les terroirs viticoles du Civam, suivis sur une parcelle représentative de chaque unité de terroir (41. Avec le recul de trois années, les conclusions liées au millésime 2005 commencent à compter. Premier constat: tous cépages confondus, les arènes granitiques donnent des vins jugés plus expressifs. Le vermentinu y acquiert des notes d'agrumes, de fruits exotiques et blancs. Sur colluvions en revanche, le sciaccarellu semble moins bien s'exprimer. « En rouge, ce cépage, vinifié seul, prend vite un côté un peu tendre, voire dilué », confirme Pierre Acquaviva. Enfin, sur les sols d'alluvions anciennes, le niellucciu gagne en gras, en concentration et en équilibre, estiment les expérimentateurs. Le vermen­tinu s'y révèle moins fruité et dominé par l’acidité.


Les cépages

- Niellucciu (32 % des surfaces, source Inao 2007) : apparenté au san giovese (Toscane), tannique, précoce au débourrement mais tardif en maturité, il pâtit souvent du déficit en eau.

- Sciaccarellu (27 %) : très aromatique, peu structuré.

- Vermentinu (22 %) : vigoureux, sensible à l'oïdium, équilibre

entre rondeur et fraîcheur.

- Cépages anciens, en voie de réhabilitation: carcagollu, barbarossa, minustello, genovese, vintagio, etc.

LA REVUE DU VIN DE FRANCE Octobre 2007

• Le vin corse, Patrick Fioramonti. A tarra l'omini a passioni, Éditions du Journal de la Corse.

http://www.clospoggiale.com/?pays=6&LangueSite=fr

http://www.corsica.net/corsica/fr/discov/prod/vins.htm

http://technoresto.org/vdf/corse/index.html

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