mardi 10 juillet 2012

Quand Parker s'encanaille...


Robert Parker, c'est connu, aime les vins boisés. Surtout les Bordeaux, qu'il a contraint en quelques décennies à coller à son propre goût. On sait moins que le redouté critique américain (photo à droite) est d'abord un fanatique du Rhone, version Chateauneuf. La charpente, toujours... Stupéfaction - et signe des temps? -, on découvre que le Pape de la dégustation made in wood est capable désormais d'encenser des vins qui ne lui ressemblent pas.

Ainsi, dans la dernière livraison du Wine Spectator, Gauby (Roussillon) reçoit un 97 pour sa Muntada et Jean-Baptiste Sénat (Minervois) un 94 pour son Bois des Merveilles. L'équivalent d'un prix d'excellence dans la notation Parker... Pour l'un de ses plus farouches détracteurs! Car Jean-Baptiste, c'est l'archétype de l'"anti-Parker": Le pro-terroir, le bio, l'opposant farouche à ce fameux "boisé qui fait vendre" et à cette "fausse typicité" qui fait qu'au final "tout à le même goût". Sénat, c'est plutôt Mondovino que Parker and co... Et malgré celà, le Maître lui fait envoyer une brassée de fleurs:
"Ce Bois des Merveilles 2008 est un vin tendre et musqué qui recèle une variété de saveurs exceptionnelle, se pâme la revue américaine. Il allie le parfum des narcisses et des pivoines avec une belle concentration de groseilles et de mûres, y ajoute des notes iodées et tourbées - comme celles que l'on retrouve dans un bon whisky - et termine sur des accents doux-amer de réglisse et de noix. La bouche est ample, longue et persistante. Et l'on ne boude pas la belle fraîcheur qui donne à ce vin l'allure troublante d'un grand de Bourgogne".
Bigre... Ce ne sont plus des fleurs, c'est une couronne! Et voilà que Parker, échappant à sa propre caricature, semble tourner le dos aux cuvées puissantes qu'il a adoré pour emprunter des chemins de traverse et couvrir de lauriers un vin frais à dominante de carignan, discrètement poivré de mourvèdre. Patiné en (vieux) fûts de chêne, certes... Mais si discrètement que l'on n'y sent jamais le bois. C'est plus qu'une évolution... Presque une révolution! Flatté, le Senat le rebelle?
"Bien sûr, certains diront que ça ne sert à rien, réplique le vigneron de Trausse... Mais à nous, oui, bien sûr, ça nous fait plaisir!"
Moralité: Robert serait infiniment plus ouvert qu'on ne le dit... Et Jean-Baptiste Sénat, bien plus fréquentable qu'il ne se plaît à le laisser penser. Deux infos en une.


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