samedi 17 mars 2012

Au nom du Rosé


Puisque l'icône de ce blog est un verre de rosé levé au ciel (made in Pfifferling), il me fallait à mon tour mais un peu tard m'indigner de la nouvelle lubie européenne : autoriser l'assemblage du blanc et du rouge pour obtenir cette fragile couleur et "son goût à nul autre pareil" (made in Ronsard).

Rappelons-le aux néophytes : le rosé n'est ni rouge, ni blanc... Ou plutôt : il est "saignée" ou "pressée" de raisins rouges au tout début de leur macération, lorsque la peau sombre du fruit n'a pas encore eu le temps de transmettre au jus (blanc) toute l'intensité de ses couleurs et de ses tanins. Quatre heures de cuve et il sort clair, délicat, saumoné comme le "Brin de folie" de Frédéric Palacios. Vingt-quatre et il apparaît sombre et capiteux comme les Tavel d'Eric Pfifferling. Version pressée, on touche le joli fruit des "Little Garance" de Bertrand Cortellini.

Le rosé, n'en déplaise à Bruxelles, ce n'est donc pas un assemblage: c'est un destin. Une volonté de vigneron.
"Le rosé, c'est le plus difficile à réussir, plaide Jean-Christophe Comor qui met toute son âme dans son "Apostrophe" (Coteaux Varois). C'est ma fierté. Un vin plein de matière, pas un rosé volatile comme on les fait souvent ici. Avec les rouges, si la matière est belle, le plus dur est fait. Mais le rosé en Provence, c'est plus exigeant. C'est toujours sur le fil..."
En France, une seule région a le droit de mélanger les genres: la Champagne. Mais droit n'est pas devoir et les puristes comme les Gautherot se garderaient bien d'un tel affront. Que ce soit dit: leur "Saignée de Sorbée" est issue exclusivement de Pinot Noir. Une façon de ne pas céder à la facilité, même si partout ailleurs elle gagne du terrain.

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