mercredi 3 octobre 2012

Anjou et contre tous!


C'est une des fortes têtes de la Loire. Un franc tireur du rouge d'Anjou qui depuis près d'un quart de siècle cultive sa différence sur sept hectares de Cabernet, de Grolleau et de Gamay. Ca fait deux décennies maintenant qu'Olivier Cousin (ci-dessous, photo Rafaele Bonivento) a rayé de sa carte les sucres ajoutés et les pesticides. Vingt ans qu'il participe au renouveau de son appellation à grands sillons et au cul de ses chevaux. Avec un art consommé de la provocation:
"Nous, on est une bande de gueux, proclamait-il ainsi en juillet dernier dans le Monde Magazine. On fait du vin parce qu'on adore ça. Et si on a envie d'en reprendre un deuxième verre, c'est qu'il est bon"
Il y a dix ans, lassé des tracasseries administratives et de la dictature des Commissions d'agrément, il a claqué la porte. Lui qui incarne l'Anjou mieux que personne, a tiré un trait sur l'Appellation d'Origine Controlée (AOC) pour se réfugier - et il n'est pas le premier! - au rayon Vin de Table (devenu Vin de France). Mais on ne se refait pas... Pour faire la nique aux mauvais buveurs de la profession, ce cabochard s'est vengé avec humour en détournant l'acronyme qu'on lui refuse: sur ses cartons, il a inscrit AOC... Pour "Anjou Olivier Cousin"! C'en était trop aux yeux de la profession:
"Ils ont fait très fort!, s'indigne la journaliste vigneronne Sylvie Augereau, sa voisine. Comme il refuse le système et ne se présente pas aux dégustations d'agrément, il n'a droit à aucune mention géographique. Résultat: dans cette région miséreuse ou les cuves débordent, il se retrouve accusé de tromper le consommateur, de se servir d'un grand label pour vendre un vin que, de toute manière, il n'a aucun mal à écouler!"
L'addition risque d'être salée. Parce qu'elles l'accuse de "faire du tort à l'appellation" (sic), les Fraudes menacent Olivier Cousin d'une amende pouvant atteindre 45.000 euros. Un comble pour un vigneron né sur cette terre angevine et qui participe chaque année à faire rayonner sa région des Etats Unis au Japon. Pourtant, les pieds bien campé dans ses vignes de Martigné Briand, le rebelle se dit déterminé à affronter cette nouvelle tempête:
"Je ne veux pas qu'on me plaigne!, répète-t-il bravement. C'est un combat. Moi, je suis un gaulois, un guerrier. J'aime la bagarre. Et je n'ai pas fini de me battre!".
Aujourd'hui pourtant, Olivier est écoeuré par ces vexations. Fatigué aussi des contrôles à répétition auxquels il est, comme par hasard, soumis plus souvent qu'à son tour. Mais de là à baisser les bras, il y a un monde, assure-t-il. Et tant mieux. Parce que ça, pour le coup, ça ferait - vraiment! - "du tort à l'appellation".


Pour soutenir Olivier Cousin, vous pouvez ajouter votre nom à la lettre collective au Procureur de la République que vous trouverez ici, sous la plume de Sylvie Augereau.

A part ça, à propos de rebelles et de "retoqués", on peut aussi lire, entre autres: "La grosse colère de Marcel", "Vin de table toi-même" ou encore "Les caves se rebiffent".

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