mercredi 18 janvier 2012

Vin de table, toi-même !


Pas content, l'ami Jean-Baptiste Senat, ce matin. La voix des mauvais jours, une pointe de colère et un brin d'amertume. Tout le contraire de ses vins. Il téléphone pour dire combien il est heureux de la naissance du blog et puis :
"Faut que je te dise, j'ai été ajourné vin de Pays".
Un blanc sur la ligne. De Paris, Je ne saisis pas tout de suite l'enjeu. Il m'explique, désabusé :
"Ajourné, ça veut dire qu'il n'ont pas voulu me classer les Arpettes en Coteaux de Peyriac (la plus petite des appellations locales, ndla). Retoqué pour manque de typicité. C'est ce qui arrive avec certains vins non sulfités, m'explique-t-il. La gamme aromatique est différente, décalée par rapport aux standards. Résultat, on n'est pas dans les clous : c'est pas assez formaté à leur goût...".
Formaté. Le mot est lâché.

En fait de sulfites, Jean-Baptiste fulmine. Il est vexé d'avoir été rejeté d'un rayonnage où s'alignent des vins qui n'arrivent pas à la cheville des siens. Des vins élevés en batterie à la coopérative, vendangés à la machine, traités chimiquement au nom de la rentabilité. Pas tous. Beaucoup tout de même.

Bien sûr, c'est moi qui le dit. Lui, le diplômé de Sciences Politiques, revenu aux sources familiales par passion, se garderait bien de provoquer les défenseurs de la "tradition", héritiers d'un temps où le Languedoc n'était qu'une succursale bordelaise. Échaudé par de précédentes bagarres, il évite désormais d'abuser de son franc-parler. Il n'est évidemment pas responsable du mien, forcément caricatural et injuste... Mais tout de même, cette fois, l'affaire a du mal à passer :
"Ça me tue, dit-il, de devoir mettre de l'énergie dans ces trucs là, j'ai déjà tellement à faire! Il y a tellement de gens qui ne vendent pas leur vins, franchement on se demande pourquoi on vient emmerder ceux qui font des efforts".
Bien sûr, il repartira à l'attaque, analyses en mains.

Sinon? Il fera avec, comme toujours. L'Arpette, son Merlot, son Carignan et sa Syrah, passeront en Vin de Table. Il ne serait pas le premier. Comme pour d'autres très beaux vignerons, son nom, fera office d'appellation. Dans les bars à vin nature de Paris, on ne fera pas la différence. Mais on a tout de même sa fierté.

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