jeudi 25 octobre 2012

Le grand retour des "oubliés"


J'ai dans la cave un magnum que m'a glissé un beau jour l'ami Marcel. Je me souviens que c'était au cul du camion, un de ces jours de livraison où le temps presse, en plein coeur de Paris.
"Tiens, m'a-t-il dit entre deux caisses de Cairanne dûment estampillées. Tu goûteras ça! J'y tiens... C'est trop petit pour en faire une vraie cuvée, mais c'est drôlement chouette, tu verras!"
Depuis, la bouteille est restée là, anonyme ou presque, à se couvrir de poussière au fond d'un râtelier. Pas d'étiquette, pas de cire, juste quelques mots tracés à la va-vite au feutre blanc: "Counoise de chez M.Richaud, 2009".
"C'est un des petits cépages du coin, comme le Terret Noir ou le Piquepoul, explique Marcel Richaud. Un cépage qu'on a volontairement oublié au profit des grands, comme le Grenache ou la Syrah. Trop anecdotique pour tirer son épingle du jeu des Appellations. Trop rare pour peser face à la grosse cavalerie de l'AOC... Alors il disparaît, petit à petit... Mais c'est un tort! Parce que c'est un cépage qui donne de tous petits degrés d'alcool - ce qui nous arrange bien en ce moment - et un coté poivre blanc qui se marie merveilleusement avec le grenache. C'est de la complexité..."
Et il ajoute, mystérieux, qu'"il parait", qu'Henry Bonneau, l'iconoclaste alchimiste de Chateauneuf, ne manque jamais d'en "glisser une pincée dans tous ses vins". Et peut-être un brin de Muscardin ou un soupçon de Camarèse que les anciens connaissaient sur le bout des doigt et qu'il fait bon redécouvrir.

Car comme il y a les "légumes oubliés" en cuisine, il y a désormais coté vin les "cépages oubliés" ou plutôt les "Cépages modestes" comme le disent joliment les organisateurs des premières Rencontres du genre, le week-end prochain en Aveyron. Bien sûr Marcel Richaud y est annoncé. On y croisera les Plageoles venus de Gaillac plaider la cause du Mauzac et autres Verdanol (à gauche Robert, le patriarche). Mais on y parlera aussi Poulsard, Chazan, Oeillade, Persan, Fer Servadou ou encore Chouchillon. On pourrait y ajouter le Colombard cher à Dominique Andiran... La Negrette que Thierry Michon caresse avec ferveur et que le Frontonnais réapprend à travailler... La liste est longue et c'est heureux. Elle prouve qu'à coté des grosses cylindrées et des autoroutes de la viticulture de masse, il existe encore de petits paradis à redécouvrir.


Les premières Rencontres des Cépages Modestes sont organisées le samedi 29 et le dimanche 30 octobre - à Saint-Côme-d'Olt (près d'Espalion, Aveyron), Couvent de Malet. détails des conférences et dégustations sur le site. Prix d’entrée : 20 €

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