lundi 4 juin 2012

Vive la negrette!


Une découverte, comme ça sur un coin de table... Le cadeau d'un critique avisé, plus connu pour ses amours bordelaises et sa passion des Chateauneuf que pour sa religion du bio. Ce jour-là, Denis Saverot, le rédacteur en chef de la vénérable Revue des Vins de France, tient pourtant à montrer qu'il partage quelques convictions avec le VdmA:
"Tu aimes les vins natures, non? Tu vois, celui là, il est même Demeter (certifié selon les règles de la biodynamie, ndla). Moi j'adore... Alors?"
La bouteille est signée Thierry Michon. Cuvée Poiré. De ce cépage que l'on ne trouve plus guère qu'au sud, du coté du Frontonais et que les anciens appellent encore le "ragoûtant". C'est tout dire.
"C'est un 100% Negrette", traduit mon hôte, avant d'énumérer en dégustateur avisé: "Cacao, cassis, violette... Une belle matière. De la fraîcheur. Du beau boulot, tu vas voir..."
Rond et joliment tannique, le Poiré fait merveille sur le cochon de lait au chou croquant que nous dévorons ce jour-là au Pré Verre. L'étiquette affiche l'appellation Fiefs vendéens, une minuscule VDQS, de quelques centaines d'hectares, à quelques encablures des Sables d'Olonnes. Ici, entre marais, mer et forêt, des passionnés continuent à faire fleurir des cépages que l'on a presque oublié: le Grolleau (ou Groslot) gris, le Melon et cette fameuse Negrette. Chez Michon, elle pousse sur des schistes magnifiques, en bord de mer. Obstiné, le vigneron vient même d'en replanter un hectare, cette année.
"C'est fantastique que des types comme Thierry (photo ci-dessous, ndla) fasse autant d'efforts, s'émerveille le patron de la RVF. Et cette bouteille, épaisse comme une bourguignonne, c'est beau non? Ça a de l'allure... Ces types-là ne cherchent pas à faire fortune. Juste à vivre... Et à faire survivre leur terroir. Attends, tu vas voir..."
Denis hèle aussitôt le serveur en m'adressant un clin d'oeil. Il veut qu'on lui amène l'"autre" Michon. La "petite cuvée", comme il dit. Petit nom: reflets.
"Pinot, Gamay, Cabernet Franc... C'est tout léger, commente-t-il. Très simple, vraiment très joli!"
Elle arrive pour le dessert et glisse avec plaisir sur le fondant au chocolat. Mais décidément c'est la Negrette, plus généreuse, plus sudiste peut-être, qui emportait ce jour-là tous nos suffrages.


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