jeudi 6 décembre 2012

Jurançon

« des vins d'ambre et de lumière »

En 1553, à la naissance d’Henri IV, le futur Bon Roy Henry, le Jurançon entre dans l'histoire de France, les lèvres frottées d'une gousse d'ail et humectées d'une goutte de Jurançon, le royal baptisé se vit insuffler une vigueur et une fougue qui ne devaient pas le quitter.

La vigne est cultivée en semi-hautain, c'est à dire à environ 1m20 du sol, ce qui permet d'éviter les effets néfastes des gelées tardives et autres coulées d'air froid au ras du sol. Le vignoble de Jurançon (1000 ha env.) est implanté sur un ensemble de collines au sud-ouest de Pau, au pied des Pyrénées.

Très caillouteux de nature argilo-siliceuse, avec une sous-couche calcaire et de galets morainiques (dite Poudingue de Jurançon). C'est un relief de coteaux de 280 à 450 m environ alignés en bandes parallèles, qui laisse la vigne exposée le plus souvent sud ou sud-ouest, à la fois sous l'influence du climat de montagne, du foehn et de la douceur atlantique; les automnes béarnais particulièrement tardifs favorisent la surmaturation des récoltes, la pluviométrie venant servir de régulateur. Ainsi, les vendanges peuvent-elles s'effectuer de mi-octobre à mi-novembre, voire début décembre pour les producteurs les plus audacieux!

- La rigueur montagnarde : vigne conduite en hautain à cause des risques de gelées du printemps,
- La douceur océanique : bonne répartition des pluies qui assurent un développement harmonieux de la vigne,
- La chaleur méridionale, et notamment le bel été indien du Béarn et le vent du sud qui permettent le passerillage : technique de surmaturation pour l'élaboration des grands moelleux.


La spécificité du Jurançon repose ainsi sur le triptyque Terroir / Climat / Cépages, le talent des hommes venant ensuite s'exprimer en fonction de 3 zones :

- Le secteur oriental autour de Jurançon, Saint-Faust, Aubertin, Cuqueron, Artiguelouve et Laroin, au vignoble situé sur des crêtes et au climat parfois difficile, donne des vins élégants et raffinés, dont les arômes subtils de fleurs, de fruits a chair blanche et d'agrumes peuvent mettre du temps à s'épanouir.
Peut être moins instantanément séduisants, ce sont aussi des vins de garde par excellence (30, 40 ou 50 ans), et dont il qualifie le plaisir de "plus érudit".

- Le secteur septentrional autour de Monein, Abos, Lahourcade et Lucq, aux sols plus gras et limoneux, tire partie d'un climat protecteur et avenant pour s'exprimer au travers de vins plus charnus et moins acides, puissants et structurés, qui gagnent en rondeur par rapport aux précédents: leur plaisir est plus immédiat.

- Le secteur méridiono-occidental autour de Gan, Lasseube, Estialescq et Cardesse, plus soumis à l'inflience climatique pyrénéenne et au terroir d'affleurements calcaires, lui semble plus particulièrement voué aux vins secs, sans qu'il exclue pour autant quelques pôles d'excellence moelleuse.
Les cépages:

Ces cépages sont dits de "3ème époque", c'est-à-dire à maturité tardive (octobre, voire novembre). Ils font l'objet de récoltes et le plus souvent de vinifications séparées avant assemblage; ceux-ci sont


- Gros Manseng ("mansengross ») :
Sa grappe et ses grains sont 20 à 30% plus grands que ceux du Petit Manseng, et il est aussi plus précoce et plus productif que celui-ci. Il peut-être proposé seul, en sec ou en moelleux, mais il est le plus souvent assemblé dans des proportions variables selon les viticulteurs avec le Petit Manseng.


- Petit Manseng ("mansengou"),:
vinifié seul, c'est le meilleur des Jurançons. En revanche, sa productivité est 30% inférieure à celle du Gros Manseng. Il se rapproche beaucoup de la vigne sauvage : la grappe est assez ramassée, les grains sont petits, sphériques et peu serrés. Les vins dont il est à l'origine ont une concentration, une suavité et une longueur en bouche exceptionnelle : c'est pourquoi, bien que le plus souvent associé au Gros Manseng et au Courbu, il est de plus en plus souvent présenté seul dans des cuvées spéciales.


- Courbu :
Raisin assez fragile, il est très aromatique mais ne vieillit pas très bien : c'est pourquoi il est utilisé dans les assemblages avec le petit et le gros Manseng. En outre, sa période de maturité est sensiblement différente de celle des autres cépages, ce qui oblige à faire des vendanges séparées. Comme pour le Mangent, on distingue entre Petit Courbu et Gros Courbu, avec les mêmes différences de rendement... et de concentration!


L'élaboration du jurançon moelleux:

Il est donc obtenu à partir de raisins en surmaturité, récoltés par tri successifs, et dont la teneur en sucre atteint l'équivalent de 17, 18 voire 20 degrés d'alcool potentiel. La fermentation va transformer ce sucre naturel en alcool, tout en en conservant une partie pour obtenir ce moelleux qui participe aux arômes de praline, de miel ou de fruits confits des grands flacons de petit Manseng.
Par exemple, des moûts à 17 à la récolte vont donner 14 d'alcool plus 51 g de sucre, soit 3 d'alcool potentiel.


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